12 000 expulsions en Île-de-France avant les JO 2024 ? Le rapport accablant d'un collectif associatif
12 545. C'est le nombre de personnes en situation de précarité qui ont été expulsées d'Île-de-France à l'approche des Jeux Olympiques (JO) de Paris 2024. Un chiffre rendu public ce lundi 3 juin, dans un rapport du collectif Le Revers de la médaille, qui rassemble plus de 80 associations d'aide aux personnes les plus fragiles. Sous "la pression" de l'organisation des JO, la région parisienne a été "vidée d'une partie de ses habitants les plus précaires" regrette le collectif.
Un "nettoyage social avant les JO"
Entre le 1er mai 2023 et le 30 avril 2024, pas moins de 12 545 personnes ont été expulsées, principalement des migrants. Soit une hausse de 38,5 % en un an d'après les chiffres de l'Observatoire des expulsions de lieux de vie informels. "C'est énorme et ça montre de manière documentée le nettoyage social avant les JO" dénonce Paul Alauzy, coordinateur à Médecins du monde et porte-parole du collectif dans les colonnes de franceinfo. Le collectif parle notamment d'une "intensification" des "expulsions de campements de rue de personnes exilées" et de la volonté "d'invisibiliser" la pauvreté.
En revanche, selon les chiffres de la préfecture de la région Île-de-France, relayés par franceinfo, sur la période 2023-2024, ce sont 5 224 personnes qui ont été expulsées. 3 958 l'an passé, et 1 266 depuis le début de l'année 2024. Soit un écart considérable avec les informations dévoilées par le collectif Le Revers de la médaille ce lundi 3 juin. Le collectif met justement en avant "16 opérations en quatre mois fin 2023, soit la moitié des expulsions de l'année et 26 opérations dans les cinq premiers mois de 2024, soit presque autant que pour toute l'année 2022".
Des expulsions en Île-de-France et en régions
Les personnes expulsées sont désormais dispersées en dehors de l'Île-de-France pour être accueillies dans des sas d'accueil temporaires régionaux, créés en mars 2023, pour une durée maximum de trois semaines avec une promesse d'hébergement pérenne à la clé. Le collectif, lui, y voit des déplacements sans consentement "véritablement libre et éclairé" et déplore la "quasi-inexistence" de diagnostic social en amont des expulsions. De plus, il craint que les "périmètres et dispositifs de sécurité" et "la présence policière importante" ne rendent "l'espace public de plus en plus inhospitalier pour des publics en situation de grande précarité, et parfois en séjour irrégulier".
Une situation qui ne concerne pas exclusivement la région parisienne. En effet, le rapport épingle "d'autres villes accueillant certaines épreuves". L'Observatoire des expulsions de lieux de vie informels évoque notamment l'expulsion d'un bidonville à Bordeaux à la fin du mois de mars. Près de 500 personnes y logeaient, proche du stade Matmut Atlantique. Même constat à Lille, mi-mai, dans le bidonville du Parc Matisse habité par 60 personnes.
"Déshumanisation" et "absence de considération"
Dans le même temps, Le Revers de la médaille déplore le "harcèlement" et des "contrôles administratifs à répétition" des travailleuses du sexe, pour les "éloigner de l'espace public". De "nombreuses expulsions" ont aussi été constatées par l'association Aides, qui gère un centre d'accueil et d'accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues (CAARUD) proche des Halles à Paris. Des actions combinées, en France et en régions, qui participent pour le collectif à la "déshumanisation" et à "une absence de considération des situations individuelles".