Guerre en Ukraine : comment la Pologne, la Suède et la Finlande se préparent au pire
Vladimir Poutine avait prévenu fin septembre que son pays pourrait utiliser l'arme nucléaire en cas de "lancement massif" d'attaques aériennes contre la Russie, même contre un pays non nucléaire, mais soutenu par une puissance disposant de l'arme atomique. Il est désormais passé à la vitesse supérieure. Mardi 19 novembre, le président russe a signé le décret élargissant les possibilités de recours à l'arme nucléaire. Une décision qui intervient au millième jour de l'offensive de la Russie contre l'Ukraine. Elle fait également suite au feu vert donné par les Etats-Unis à Kiev pour pouvoir frapper la Russie avec ses missiles à longue portée. Dans ce contexte brûlant, plusieurs pays - en raison de leur proximité avec la Russie - commencent déjà à anticiper le pire et se préparent à toute éventualité, dont une guerre avec Moscou. La Pologne, la Suède et la Finlande sont notamment concernées.
Pologne : un "bouclier oriental" de 400 km prévu et les premiers avions de chasse déployés
Pays membre de l'Otan, la Pologne craint une agression de son territoire par l'armée de Vladimir Poutine et souhaite sécuriser sa frontière avec ses voisins de l'Est. Voilà pourquoi, des fortifications à la frontière avec la Russie et la Biélorussie ont commencé à être érigées. Le projet : la construction d'un "bouclier oriental" le long de la frontière entre la Pologne et l'enclave russe de Kaliningrad, au nord de la Pologne et avec la Biélorussie, alliée de la Russie. Les travaux ont débuté le 31 octobre 2024 et 400 kilomètres de fortifications devraient être déployés. La fin des travaux est prévue pour 2028.
Pas moins de 800 kilomètres de fossés seront aussi creusés par la Pologne pour renforcer la surveillance anti-drones. Clôture anti-chars, systèmes de télécommunications, vidéo-surveillance... L'arsenal prévu par la Pologne est colossal. Le gouvernement polonais prévoit un investissement lourd de 2,35 milliards d'euros pour sécuriser ses frontières et consacrera 4 % de son PIB à la défense. Le pays compte également sur les financements de l'Europe. "Le but du bouclier est de protéger le territoire polonais, d'entraver la mobilité des troupes de l'adversaire tout en facilitant celle de nos troupes et de protéger les civils", indiquait le ministre polonais de la Défense, Wladyslaw Kosiniak-Kamysz, en mai 2024.
Dimanche 17 novembre 2024, la Pologne a fait décoller des avions de chasse pendant une "attaque massive" de missiles et de drones de l'armée russe contre l'Ukraine. Elle assure également avoir mobilisé "toutes les forces et ressources disponibles" pour protéger son pays, selon les mots de l'armée. "En raison d'une attaque massive de la Fédération de Russie qui effectue des frappes à l'aide de missiles de croisière, de missiles balistiques et de drones contre des installations situées, entre autres, dans l'ouest de l'Ukraine, des opérations d'avions polonais et alliés dans notre espace aérien ont commencé", indiquait sur le réseau social X le commandement central polonais. Une attaque destinée à "assurer la sécurité dans les secteurs jouxtant les zones menacées", ajoutait-il. Proche du front, la Pologne n'est pas le seul pays à prendre ses dispositions et à s'inquiéter d'une extension de la guerre.
Suède, Finlande : un fascicule envoyé à 5 millions de personnes et un site web informatif
En janvier 2024, le ministre suédois de la Défense civile, Carl-Oskar Bohlin, avait déclaré qu'"il pourrait y avoir une guerre en Suède". Dans un communiqué, le directeur de MSB, l'agence suédoise des contingences civiles indiquait lui que la "situation sécuritaire est grave et nous avons tous besoin de renforcer notre résilience afin de pouvoir faire face à des crises, et, en fin de compte, à une guerre". Des déclarations qui renforcent l'idée selon laquelle l'aide militaire à l'Ukraine constitue une priorité pour Stockholm, au même titre que la prise très au sérieux de la menace que représente la Russie pour son propre territoire.
Dans ce sens, la Suède a commencé, lundi 18 novembre 2024, à envoyer cinq millions de brochures à ses habitants, les invitant à se préparer à un potentiel conflit. Le livret suédois - nommé Om krisen eller kriget kommet (En cas de crise ou de guerre) - contient des recommandations pratiques pour faire face à une guerre ou diverses catastrophes naturelles. À travers 32 pages, il décrit les menaces qui pèsent sur la Suède. Localisation des abris antiatomiques, sources d'informations fiables, choix des denrées alimentaires, constitution de stocks... Des conseils et des illustrations viennent également garnir ce fascicule. 5,2 millions de brochures seront envoyées à la population suédoise dans les deux prochaines semaines. Des documents aussi disponibles en ligne et dans d'autres langues, comme l'ukrainien, le polonais, le finnois ou encore l'arabe.
Il est important de préciser que le livret suédois ne mentionne jamais explicitement ni l'Ukraine, ni la Russie. En revanche, il met en perspective la hausse de la menace militaire pesant sur la Suède. Le pays n'a plus été impliqué dans un conflit armé depuis les guerres napoléoniennes, au début du XIXe siècle. De son côté, la Finlande - qui partage 1 340 kilomètres de frontière avec la Russie - a créé et mis à disposition de ses citoyens, un site web avec de nombreux conseils pour se préparer en cas de crise. Le site est accessible depuis le lundi 18 novembre. Pour rappel, les deux pays - la Suède et la Finlande - ont abandonné plusieurs décennies de non-alignement militaire et sont entrés dans l'Otan après l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Respectivement en mars 2024 pour la Suède et un an plus tôt, en mars 2023 pour la Finlande.