Guerre en Ukraine : Zelensky pourrait rencontrer Poutine à une condition, Trump joue le shérif solitaire
Pour l'Ukraine, c'est clair : "Nous aurons peu de chance de survivre sans le soutien des États-Unis", a affirmé le président Volodymyr Zelensky dans une interview à CNN samedi 15 février. Or, depuis l'investiture de Donald Trump en janvier, les États-Unis se détachent de plus en plus de leur allié pour se rapprocher de la Russie, qui mène la guerre en Ukraine depuis trois ans. Ce qui force la main des Ukrainiens à venir à la table des négociations, place Donald Trump en maître du jeu… Et met Vladimir Poutine en position de force.
Car les deux dirigeants se sont entretenus cette semaine par téléphone dans le but de mettre en place des négociations de paix. Une discussion qui aurait dû se faire avec l'Ukraine et l'Europe, comme le soutiennent les pays nordiques dans un communiqué commun vendredi 14 février, ainsi que la France et Volodymyr Zelensky. Car celui-ci le sent bien : sa position s'affaiblit, ainsi que ses alliances. Et le président ukrainien doit faire le deuil de l'entrée de son pays dans l'Otan, comme l'a déclaré le nouveau secrétaire à la défense américain, Pete Hegseth.
"Le retour aux frontières de l'Ukraine d'avant 2014 est un objectif irréaliste"
Volodymyr Zelensky use donc de toutes les cartes qu'il a en main pour tenter de conserver un peu de poids dans la guerre militaire et diplomatique qui l'oppose à la Russie. Il se montre depuis quelques semaines de plus en plus ouvert à des négociations. Mais pas sans conditions. Vendredi, à la Conférence de sécurité de Munich, c'est ce qu'il a rappelé : "Je rencontrerai les Russes - un seul Russe, Poutine - mais seulement une fois que nous aurons un plan commun avec Trump, avec l'Europe."
Est-il encore possible d'avoir les États-Unis en alliés, quand ils négocient seuls avec la Russie ? Pour Claudia Major, experte militaire de la Fondation Science et politique sur la radio publique allemande, la question est surtout : "Si des décisions, sur lesquelles tous les alliés se sont mis d'accord, sont balayées d'un revers de main par les États-Unis, qu'est-ce que cela signifie pour les autres promesses faites à l'Europe, à l'Ukraine ou aux alliés du monde entier ?", se demande-t-elle, des propos cités par Les Echos.
Donald Trump semble vouloir se positionner en shérif, dirigeant les négociations seul. Le chef d'État américain a même donné son numéro de téléphone personnel à son homologue ukrainien, a confirmé Volodymyr Zelensky vendredi. Ajoutant que le milliardaire lui avait assuré qu'il pouvait "l'appeler à tout moment". Mais il devra peut-être revenir sur ses revendications initiales, à savoir conserver l'intégrité territoriale de l'Ukraine. Pete Hegseth avait en effet affirmé que "nous devons commencer par reconnaître que le retour aux frontières de l'Ukraine d'avant 2014 est un objectif irréaliste".
Et l'Europe dans tout ça ? Si l'Ukraine souhaite garder son allié avec elle dans les négociations, peu de place semble lui être donnée avec un Donald Trump aux manettes. "Le temps de l'Europe est fini", s'est même réjoui l'ancien président russe Dmitri Medvedev.