Jean-Michel Gentil : qui est le juge qui a mis Nicolas Sarkozy en examen ?

Jean-Michel Gentil : qui est le juge qui a mis Nicolas Sarkozy en examen ? Jean-Michel Gentil est connu de ses collègues pour son intransigeance. L'instruction du dossier de l'affaire Bettencourt est l'affaire de sa vie. Qui est celui qui a mis Nicolas Sarkozy en examen ?

Pour avoir mis Nicolas Sarkozy en examen pour "abus de faiblesse" à l'égard de Liliane Bettencourt, Jean-Michel Gentil est depuis jeudi soir le juge d'instruction le plus observé de France. Hier encore, l'éventualité juridique de la mise en examen de l'ancien président apparaissait très improbable, les observateurs estimant que le juge d'instruction ne disposerait sûrement pas d'éléments suffisants, ni "d'indices graves et concordants" pour considérer que l'abus de faiblesse puisse être retenu.

En décembre 2010, Jean-Michel Gentil se voit confier l'instruction du dossier de l'affaire Woerth Bettencourt, un dossier d'une telle ampleur que sa carrière en sera indubitablement impactée. Discret mais considéré comme intransigeant, l'homme impressionne au Tribunal de grande instance de Bordeaux où ses collègues ne le trouvent "pas toujours très aimable". Plusieurs adjectifs reviennent d'ailleurs souvent lorsqu'il s'agit de le décrire : "ni drôle, ni charismatique", "rigoureux", "rigide"... Un collègue, amené à travailler avec lui lors d'une confrontation, établit le portrait d'un homme "colérique, qui accepte mal la contradiction" dans le journal Le Parisien, qui relate les propos d'un ancien camarade de Science-Po Bordeaux : "C'était un peu le genre incorruptible. Pas un rigolo, mais il avait du recul sur son caractère et il s'amusait parfois à en rajouter".

Jean-Michel Gentil est-il un impulsif, qui aurait du mal à réviser ses premières impressions sur un dossier ? C'est en substance ce que les amis de Nicolas Sarkozy sous-entendent. L'ancien président lui-même estime avoir reçu un traitement "scandaleux" dans cette affaire.

Depuis plusieurs mois, le juge Gentil soupçonne l'ancien président d'avoir financé illégalement sa campagne électorale de 2007. Jean-Michel Gentil avait convoqué Nicolas Sarkozy à Bordeaux le 22 novembre 2012 pour une très longue audition à la suite de laquelle il avait été placé sous le statut de "témoin assisté". Le juge d'instruction est manifestement resté sur ses premières considérations sur le dossier, estimant à la suite d'une confrontation avec Pascal Bonnefoy, que l'ancien président devait être mis en examen pour abus de faiblesse.

Un juge intransigeant dans l'affaire Bettencourt

Le dossier Bettencourt, d'une dimension médiatique rarement égalée, a des ramifications multiples, qui pourraient avoir de nouvelles conséquences politiques, en premier lieu pour les charges contre Nicolas Sarkozy qu'il contient. La complexité de l'affaire d'abus de faiblesse n'a pas empêché le juge Gentil d'avoir déjà placé dix-dept personnes en examen, à des titres variés, dans le dossier.

Le juge Gentil sera probablement taxé d'avoir la main lourde et de vouloir faire parler de lui. L'homme a toutefois une solide carrière qui prouve sa détermination, tout autant que son efficacité. Il se fait connaître en s'attaquant aux réseaux proxénètes de la capitale, puis en prenant la présidence de l'Association française des magistrats instructeurs (AFMI). C'est à ce titre qu'il combat, avec vigueur, la réforme de la justice d'Elisabeth Guigou en 1998.

Jean-Michel Gentil poursuit sa carrière en Corse au début des années 2000. Dès 2001, il met en examen l'avocat d'Yvan Colonna, Antoine Sollacaro, pour "violation du secret de l'instruction". 

En 2002, il est nommée maître de conférence à l'Ecole Nationale de la Magistrature. Trois ans plus tard, il retourne à l'instruction à la juridiction inter-régionale spécialisée (JIRS). C'est à ce poste que sa carrière prend une nouvelle ampleur, le juge Gentil étant amené à traiter des dossiers très médiatiques, comme les affaires Baylet et Terrasson. Mais l'affaire qui sera probablement le plus souvent associée à son nom devrait rester le dossier Bettencourt, sans doute l'instruction de sa vie.

EN VIDEO : Nicolas Sarkozy a été mis en examen le jeudi 21 mars, ce qui a provoqué la colère non-feinte de Henri Guaino, outré de la décision du juge Gentil :

"Guaino estime que le juge Gentil a "déshonoré la justice""