Plusieurs enfants agressés ou violés ? Des accusations de mineurs visent l'abbé Pierre

Plusieurs enfants agressés ou violés ? Des accusations de mineurs visent l'abbé Pierre Au moins 33 personnes accusent l'abbé Pierre d'agressions sexuelles et parmi ces témoignages recueillis par le cabinet Egaé chargé d'enquêter par Emmaüs, certains évoquent des faits visant des enfants mineurs.

Depuis les premières accusations d'agressions sexuelles formulées contre l'abbé Pierre, l'affaire ne cesse de prendre de l'ampleur. Neuf nouvelles accusations ont été révélées le lundi 13 janvier dans le troisième rapport du cabinet Egaé, mandaté par Emmaüs International, Emmaüs France et la Fondation Abbé Pierre pour faire la lumière sur les agissements de l'abbé Pierre. Le nombre total de témoignages dénonçant les agissements du prêtre décédé en 2007, à l'âge de 94 ans, s'élève donc à 33 et parmi eux certains évoquent des agressions visant des enfants.

Le témoignage d'un petit garçon figure dans la dernière salve d'accusations contre Henri Grouès, le vrai nom de l'abbé Pierre. La victime, qui a préféré garder l'anonymat, a refusé que les circonstances du crime soient exposées publiquement, mais le rapport précise toutefois que l'abbé Pierre est accusé d'un "acte sexuel avec pénétration sur un garçon mineur". Des faits corroborés par la victime avec des éléments qui ont permis "d'attester la véracité de son témoignage", comme le cite notamment Le Parisien.

Le précédent rapport du cabinet Egaé avait déjà fait état de baisers imposés à une fillette de 8 ans alors que le prête avait 61 ans. Cette dernière a d'ailleurs décidé de revenir sur les agressions qu'elle dit avoir subi lorsqu'elle était enfant dans un reportage d'Envoyé spécial diffusé ce jeudi 16 janvier. La femme âgée de 58 ans raconte qu'à l'époque elle vit dans une communauté Emmaüs avec son bon père qui est proche de l'abbé Pierre. Selon elle, l'agression est survenue alors qu'elle se trouve chez l'homme d'église qui lui dit de venir s'asseoir sur ses genoux, son père étant parti faire des courses. "Avec sa main gauche, il m'écrase vraiment le torse, la poitrine. [...] il appuie sur mes parties intimes, très, très fortement", relate la victime auprès des équipes de FranceTélévision. Elle ajoute : "Il prend ma mâchoire, et il me tourne la tête vers son visage et il fait entrer sa langue. Il m'embrasse assez violemment".

La même femme, alors petite fille, aurait été agressée une deuxième fois selon son témoignage. En plus de cette accusation et de celle concernant des faits visant un petit garçon, une suspicion d'agression sur un autre garçonnet âgé de moins de 10 ans est mentionnée dans le rapport publié le 13 janvier. Les faits remonteraient à "avant 1965".

Des abus à caractère incestueux

Autres faits troublants, la présence d'au moins deux victimes dans la famille de l'abbé Pierre. Une femme a ainsi fait part d'abus à caractère incestueux remontant "à la fin des années 1990". L'abbé Pierre lui aurait, à différentes reprises, touché la poitrine. Il aurait également eu des propos à caractère sexuel à son adresse et l'aurait embrassée une fois de force. La seconde victime n'a en revanche pas pu être entendue et ne figure donc pas dans le décompte officiel.

Baisers forcés et attouchements à la poitrine semblent le plus souvent être rapportés par les victimes de l'abbé Pierre. On note par ailleurs qu'elles ont pu le connaître à différentes étapes de sa vie, dans des circonstances variées, autant dans le cadre familial donc que professionnel. Deux soignantes agressées par l'abbé Pierre dans les années 1990 et 2000 figurent parmi les victimes, l'une était enceinte au moment des faits. Il y a également une femme qui travaillait dans un hôtel, une participante à un camp de jeunes, une autre qui l'accompagnait lors d'un voyage ou encore une hôtesse de l'air croisée dans un avion.

Au moins 57 victimes, mais...

Si 33 témoignages sont officiellement comptabilisés, le cabinet aurait également identifié une vingtaine d'autres faits. Mais certaines victimes n'ont pas souhaité être entendues ou les faits n'ont pas pu être consolidés par des archives ou l'agenda du prêtre. Ce sont ainsi au moins 57 victimes qui sont identifiées, rapporte Caroline de Haas, directrice associée du groupe Egaé. Mais la présidente de la Conférence des religieuses et religieux de France, Véronique Margron, qui avait recueilli le tout premier témoignage en 2023, estime que "sur ce type d'affaire, il faut craindre deux à trois fois plus [de victimes] au minimum - entre ceux qui n'oseront pas parler, ceux qui font une dissociation traumatique..."