Pierbattista Pizzaballa : qui est le patriarche latin de Jérusalem, figue de paix ?
Le conclave va-t-il se mettre d'accord, à la Chapelle Sixtine, sur un nom italien ? Les spéculations autour de la succession du pape, mort le 21 avril à l'âge de 88 ans sont lancées et ne s'achèveront qu'avec la fumée blanche. Parmi les 133 cardinaux électeurs âgés de moins de 80 ans, un nom revient avec insistance parmi les favoris pour succéder au pape : celui du cardinal Pierbattista Pizzaballa, 60 ans.
Le patriarche latin de Jérusalem fait partie du top dix des prétendants les plus cités pour succéder au pape sur Polymarket, un site de paris qui révèle les projections des participants en vue du conclave. Étant donné le grand nombre de "cardinaux papabili" et l'incertitude d'une élection aussi complexe, ses chances de succès - qui sont en réalité des “côtes” - restent relativement faibles.
Pizzaballa, une figure de paix dans un Proche-Orient en crise
Né à Castel Liteggio, en Lombardie, il a grandi dans un milieu rural aux côtés de ses parents. Le journal Le Pèlerin dresse le portrait d'un homme "hors norme", "tenace", "qui a toujours su qu'il voulait être prêtre". Franciscain, il arrive à Jérusalem en 1990 comme jeune prêtre. Il y obtient également une licence en théologie biblique, devenant le seul chrétien à étudier l'Écriture à l'Université hébraïque, une expérience d'apprentissage marquante pour lui, selon Euronews, notamment en raison de son contexte non chrétien.
Après douze ans comme Custode de Terre Sainte, chargé de la sauvegarde des lieux saints du christianisme en Terre Sainte, il est nommé administrateur apostolique du patriarcat latin de Jérusalem. Sa gestion est saluée, et en octobre 2020, ce fin connaisseur du Proche-Orient est officiellement nommé patriarche latin de Jérusalem par le pape François, la plus haute autorité de l'Église catholique latine au Proche-Orient. En septembre 2023, il est créé cardinal — une première historique pour Jérusalem, ville sainte des trois grandes religions monothéistes, rappelle America Magazine.
Et puis quelques jours plus tard, le 7 octobre 2023, le Hamas lance une attaque meurtrière contre des civils et des installations militaires en Israël, marquant le début de la guerre. Depuis, Pizzaballa s'est imposé comme une figure de paix et de médiation. Il multiplie les déplacements dans la bande de Gaza, les appels à la trêve et les prises de parole, ce qui l'a placé sur le devant de la scène internationale, d'après le quotidien libanais L'Orient Le Jour. Le 17 octobre 2023, il s'est proposé lui-même comme otage dans la bande de Gaza en échange du retour des enfants enlevés le 7 octobre.
Une certaine continuité avec le pape François
Théologien discret, parlant parfaitement l'hébreu et l'anglais, il partage plusieurs positions clefs avec le pape François : défense des migrants, promotion du dialogue interreligieux, sobriété dans l'exercice du pouvoir. Pour The Guardian, il incarne une certaine continuité avec le pontificat précédent, tout en se tenant à distance des polémiques internes sur la doctrine. C'est précisément cette neutralité qui peut être appréciée dans une action papale. Le site britannique UnHerd le présente comme tel dès décembre 2024. Selon le journaliste Peter Franklin,"il y a des choses à son sujet qui plairont aux réformistes comme au traditionalistes". À l'aise dans le monde moderne, il reste attaché à la liturgie traditionnelle, comme la messe ad orientem, tournée vers Jérusalem. Il incarne aussi une autorité reconnue au Moyen-Orient, un atout dans le contexte actuel.
19:05 - Si Pierbattista Pizzaballa devient pape, voici le nom qu’il pourrait choisir
Charles Collins, 52 ans, ancien journaliste de Radio Vatican à Rome pendant 16 ans, avait prédit avec justesse l’élection – et même le nom – de Benoît XVI en 2005. Aujourd’hui rédacteur en chef du site Crux – Taking the Catholic Pulse, l’américain estime que le cardinal Pierbattista Pizzaballa serait le candidat le plus probable pour succéder à François, rapporte le quotidien britannique de tendance conservatrice, le Daily Express. Trois raisons motivent son analyse : “Premièrement, il est italien. Deuxièmement, il ne correspond pas vraiment aux courants libéraux ou conservateurs.” affirme le journaliste. Et troisièmement, parce qu’il est à Jérusalem, la Terre Sainte des trois religions monothéistes. “Il comprend que les catholiques vivent dans une situation précaire dans de nombreuses régions du monde.” Selon lui, si Pizzaballa devient le futur pape, il pourrait prendre le nom de François II — non pas en hommage direct au pape défunt, mais parce que Pizzaballa est franciscain. Ne pas le faire serait, selon Charles Collins, "une gifle à son ordre religieux".
18:58 - Cette anecdote peu connue sur Pierbattista Pizzaballa
Parmi les curiosités familiales du cardinal Pierbattista Pizzaballa, l’une se démarque : il est le neveu de Pierluigi Pizzaballa, ancien gardien de but international italien. Actif dans les années 1960 et 1970, il a évolué en Serie A sous les couleurs de l’Atalanta Bergame (1958-1966), de l’AS Roma (1966–1969) et puis des Hellas Verone et l’AC Milan, avant de terminer sa carrière à Bergame. Il a remporté deux Coupes d’Italie : l’une avec l’Atalanta en 1963, l’autre avec la AS Roma en 1969. Il a aussi été sélectionné en équipe nationale en 1966.
Malgré une carrière honorable mais discrète au regard des standards internationaux, Pierluigi Pizzaballa est resté une figure culte en Italie. En 1964, Giuseppe Panini, fondateur des célèbres albums de vignettes, aurait organisé la pénurie de son autocollant, le rendant quasiment introuvable, rapporte le journal italien El Messagero. Résultat : la vignette devient la plus recherchée de l’année, au point de marquer toute une génération de jeunes collectionneurs.
18:55 - Pierbattista Pizzaballa et les franciscains papabili au conclave
Les huit franciscains électeurs au conclave viennent de trois ordres différents, illustrant ainsi une grande diversité au sein de la communauté. Pierbattista Pizzaballa, Luis Cabrera Herrera, Jaime Spengler et Leonardo Steiner appartiennent aux Frères Mineurs, tandis que François-Xavier Bustillo, Mauro Gambetti et Dominique Mathieu sont des Frères Mineurs conventuels, et Fridolin Ambongo Besungu représente les Capucins. Parmi ces franciscains âgés de moins de 80 ans, trois sont considérés comme papabili, chacun issu d’un ordre différent : Pierbattista Pizzaballa, Fridolin Ambongo Besungu et François-Xavier Bustillo. Héritiers de Saint François d’Assise qui fonda l’ordre en 1210, les franciscains sont célèbres pour leur engagement envers la pauvreté et la fraternité.
16:37 - Comment Pizzaballa est devenu patriarche.. sans en avoir le titre
En 2016, tandis que Mgr Fouad Twal prend sa retraite de patriarche latin de Jérusalem, Pierbattista Pizzaballa termine son troisième mandat à la tête de la Custodie, institution catholique franciscaine, notamment responsable de la garde des Lieux Saints de Jérusalem. Le pape François le désigne alors comme administrateur apostolique du Patriarcat latin, “jusqu'à la nomination d'un nouveau patriarche”. Autrement dit, il dirige l’institution mais sans le titre officiel ni les privilèges associés. Une solution transitoire, destinée à apaiser les tensions, notamment chez ceux qui voyaient d’un mauvais œil qu’un italien succède à deux patriarches arabes, d’après Le Point. Il est ordonné évêque de Jérusalem en septembre 2016, mais ce n’est qu’en 2020 qu’il devient officiellement patriarche latin de Jérusalem.