Droit de vote des étrangers : pour 77 députés, "le temps presse"
"Le droit de vote des étrangers aux élections, c'est maintenant". Voici comment 77 députés socialistes titrent leur tribune dans Le Monde daté du mardi 18 septembre. Parmi eux, Elisabeth Guigou, Annick Lepetit, Sandrine Mazetier, Patrick Bloche ou encore Razzy Hammadi. Dans un papier collectif, ces parlementaires appellent le président de la République à tenir le plus rapidement possible la 50e de ses 60 propositions, formulées alors qu'il était candidat.
"Le temps presse. En effet, mettre en place le droit de vote et d'éligibilité des étrangers aux élections municipales ne se fera pas en un jour. D'abord parce que l'adoption de la loi constitutionnelle à l'Assemblée nationale, la réforme de la Constitution par le Parlement, la loi organique et sa mise en application requièrent un temps incompressible" peut-on lire dans le papier qui met en exergue les vertus "citoyennes" d'une telle mesure, relevant selon eux d'une conception "digne héritière de la Révolution française et de la Déclaration des droits de l'Homme et du citoyen".
L'UMP a pris position sur la question lors de la campagne présidentielle, refusant une telle réforme, arguant du fait que le vote et la citoyenneté française ne sauraient être dissociés. Pour le parti de l'opposition, la première étape pour un étranger souhaitant voter en France serait ainsi de demander la nationalité française. Les 77 députés socialistes, comme pour anticiper les critiques de leurs détracteurs, précisent : "A celles et ceux qui nous disent que le droit de vote et la nationalité sont liés, et qu'une telle mesure nuirait à la souveraineté nationale, nous répondons que toute modification de la Constitution est l'expression elle-même de la souveraineté du peuple. [...] A celles et ceux qui nous disent que cette mesure est dérisoire, nous répondons qu'elle est essentielle. D'abord pour redonner du sens à un rituel civique appauvri, notamment dans les quartiers populaires".
"L'appel des 77" devrait relancer le débat et remettre sur le devant de la scène une promesse de campagne que François Hollande avait envisagée pour 2013. Cette volonté de réforme ne semble pas pour autant être partagée par l'ensemble du gouvernement. Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a affirmé qu'aucune accélération du calendrier n'était nécessaire : "est-ce que c'est aujourd'hui une revendication forte dans la société française ? Un élément puissant d'intégration ? Non. Ça n'a pas la même portée qu'il y a trente ans. Aujourd'hui, le défi de la société française est celui de l'intégration" a-t-il confié au Monde.
EN VIDEO : En décembre 2011, Jean-François Copé dénonçait le projet de loi pour le droit de vote des étrangers comme "un coup de couteau majeur porté au principe essentiel de la citoyenneté".