François Fillon : que va-t-il faire ? (6 scénarios pour son avenir)
1 - Viser, seul, la présidentielle 2017 (probabilité 4/5) Après la proclamation des résultats de l'élection à l'UMP, après l'annonce de la victoire de Jean-François Copé, François Fillon a affirmé dit qu'il voulait prendre quelques jours pour déterminer "les formes que prendra, à l'avenir, [son] engagement politique." Le lendemain, le directeur de campagne de l'ancien Premier ministre, Eric Ciotti, a affirmé : "On va travailler avec lui sur l'avenir, la préparation des grands rendez-vous électoraux". Position confirmée au Parisien par un autre lieutenant, Jérôme Chartier : "Ce scrutin n'a en rien réduit ses chances, ni sa légitimité d'être notre candidat en 2017". François Fillon a donc beaucoup de partisans et il est plus fort chez les sympathisants et les Français en général que chez les militants, selon les sondages... Des primaires ouvertes pourraient donc clairement l'avantager. Et surtout, il peut s'inspirer du précédent Hollande qui a fait campagne sans le PS à partir de 2008. Fillon n'a-t-il pas été qualifié de "Hollande de droite"?
2- Jouer l'opposant à l'UMP (3/5) François Fillon dispose d'un micro parti, ou club de réflexion, France9, et de nombreux soutiens. Il a clairement fait savoir qu'il ne collaborerait pas avec Jean-François Copé, comme le montre son refus du poste de vice-président du parti. Son directeur de campagne Eric Ciotti a déclaré que les fillonistes allaient se "structurer" désormais. Le député Lionel Tardy est allé encore plus loin, dans un tweet posté mardi 20 novembre, en affirmant, catégorique : "pour ma part, c'est clair, soit il y a création ou mise en place d'une structure autour de François Fillon, soit je quitte l'UMP". Cette option d'un François Fillon jouant l'opposant n'est d'ailleurs pas incompatible avec la lutte pour être candidat en 2017.
3- Etre candidat aux municipales à Paris (2/5) Cette option fut évoquée lors de son parachutage à Paris mais est petit à petit tombée en désuétude. François Fillon a ses partisans à l'UMP de Paris. Une candidature serait compatible avec un rôle d'opposant de poids au sein de l'UMP. Mais l'UMP parisienne est trop divisée, les sondages mauvais... Une candidature serait donc un gros risque. De plus, Rachida Dati est intraitable et elle est soutenue par Jean-François Copé et donc désormais par le parti. Et s'il devient malgré tout maire de Paris, comment François Fillon pourra-t-il expliquer ensuite qu'il veut être candidat à la présidentielle ?
4- Collaborer avec Copé (2/5). Fillon a rappelé qu'il restait "évidemment dans sa famille politique" et n'a pas porté plainte pour fraude, signe qu'il veut éviter le clash irréversible, mais... Il a refusé la vice-présidence, son directeur de campagne Eric Ciotti jugeant même cette proposition de Copé "grotesque". Les fillonistes n'ont par ailleurs pas applaudi Jean-François Copé à l'assemblée, lors de sa première séance après l'élection. François Fillon a lui-même décrit la "fracture qui traverse" son parti, tant "politique que morale". Vraiment pas une ambiance pour s'intégrer.
5- Quitter l'UMP (1/5) Fillon était annoncé largement vainqueur par les sondages. Même s'il avait gagné de justesse, cela aurait déjà été un camouflet pour lui. Alors cette défaite est catastrophique, surtout pour un ancien Premier ministre, qui plus est de Sarkozy pendant 5 ans. Une vraie preuve de défiance des militants UMP. A l'UMP, Copé a gagné et la motion Droite forte est largement en tête... Fillon y a-t-il encore sa place ? Difficile à dire. Mais quitter l'UMP est un gros risque. Rejoindre l'UDI le mettrait en concurrence avec Borloo, créer son parti risquerait de le "bayrouiser" ou pire le "villepiniser", d'autant que son micro parti , France9, est très lié financièrement à l'UMP. Il y a, en plus, trop de partis de droite aujourd'hui : le parti chrétien-démocrate de Christine Boutin, la République solidaire de Dominique de Villepin, le Nouveau centre d'Hervé Morin...
6. Quitter la politique (0/5) François Fillon peut-il encore quitter la politique ? L'ancien chef de gouvernement a eu beaucoup de problèmes de santé ces dernières semaines, il est apparu fatigué après le psychodrame de l'UMP, il s'est retiré dans la Sarthe "en famille" et n'a pas été présent quand ses soutiens, 70 parlementaires, se sont réunis mardi matin à l'Assemblée pour parler d'avenir. Mais François Fillon semble encore animé de volonté politique : il a dit vouloir rester dans sa famille politique et lutter contre la fracture de la droite. Un démenti explicite.
EN VIDEO : Après 24 heures de suspense et de tension, la victoire de Jean-François Copé a profondément déçu les partisans de François Fillon.