Nicolas Sarkozy : ça y est, il refait de la politique !
Jusqu'à présent, Nicolas Sarkozy s'était astreint à une abstinence médiatique et politique qu'on ne lui avait jamais connue jusqu'à présent. Ses discours de consultant de luxe n'étaient accessibles que par une poignée de chanceux, dans des conférences privées. Dans la crise de l'UMP, son intervention s'est faite en catimini, même si ses proches se sont chargés de rapporter ses propos en "off" aux journalistes. A Doha, au Qatar, l'ancien chef de l'Etat est cette fois sorti de l'ombre, sept mois après sa défaite à la présidentielle de 2012. Un discours public, donné devant plusieurs centaines de personnes, lui a permis de montrer qu'il savait encore jouer les tribuns et surtout manier les concepts politiques. Lors du Doha Goals Forum, qui se présente comme le "forum mondial du sport", l'ancien président de la République a vanté une vision du monde multipolaire, en véritable dirigeant. La "gouvernance du sport mondial", qui ne serait plus selon lui "l'apanage des vieilles nations occidentales et industrielles", lui a en effet donné une bonne occasion de livrer une analyse géostratégique de haute volée. "La géographie des grands événements internationaux fait partie intégrante de la réflexion que nous devons mener sur le rééquilibrage de la gouvernance mondiale", a souligné Nicolas Sarkozy.
Nicolas Sarkozy est allé jusqu'à faire part de sa réflexion sur les Nations unies. "Qui peut comprendre qu'aujourd'hui, au XXIe siècle, qu'il n'y ait pas un pays africain membre du conseil permanent du conseil de sécurité ?", s'est-il interrogé. Un questionnement qu'il a élargi aux pays arabes ou à ceux d'Amérique latine, revenant brièvement au sport de temps à autres pour souligner ses vertus, comme quand les JO de Séoul ont "ouvert la voie à l'émergence du dragon sud-coréen". C'est aussi le sport qui l'a amené à évoquer des sujets plus polémiques. Quatre ans après les faits, l'ancien locataire de l'Elysée s'est justifié sur sa participation à la cérémonie d'ouverture des JO de Pékin. Il était alors président du Conseil européen et s'est refusé à "boycotter un quart de l'humanité".
En un peu plus de 20 minutes, Nicolas Sarkozy a aussi fait quelques références implicites aux débats qui avaient émaillé son quinquennat. L'ancien chef de l'Etat a par exemple vanté le Qatar, qui sait "concilier l'identité et la modernité", autrement dit qui parvient à "s'ouvrir au monde" sans renier sa "fidélité à l'islam, sa culture et sa tradition". Toujours en faisant référence au sport, qui permet aux "identités" de dialoguer, il a aussi donné sa vision de la compétition internationale, au moment ou la tentation protectionniste pointe en France. "Nous sommes dans un monde de compétition, c'est un fait. Personne ne peut refuser cette compétition, il n'y a pas de choix, mon pays, la France, comme les autres [...]. Il ne faut pas combattre la compétition, mais l'encadrer."
Jusqu'à aujourd'hui, Nicolas Sarkozy réservait ses analyses ou même ses vannes sur François Hollande à ses proches. Il semble désormais vouloir en dévoiler un peu plus.
EN VIDEO - L'ancien président de la République Nicolas Sarkozy a plaidé mardi 11 décembre 2012 pour une vision multipolaire du monde, et pas simplement dans le domaine du sport...