Jérôme Cahuzac : patrimoine, finances personnelles... Nous avons retrouvé sa déclaration d'intérêts
Jean-Marc Ayrault l'a annoncé : avant le 15 avril et en attendant une loi plus large, tous ses ministres devront publier leur patrimoine. C'est sans doute oublier qu'ils en avaient déjà la possibilité. En 2011, en marge de l'affaire Woerth, Nicolas Sarkozy avait en effet demandé un rapport au vice-président du Conseil d'État, Jean-Marc Sauvé. Parmi ses préconisations, peu avaient fait l'objet de mesures, mais les ministres de l'époque, de Christine Lagarde à Luc Chatel, en passant par François Fillon ou Valérie Pécresse, s'étaient pliés à une "déclaration d'intérêts". Avec souvent des réponses floues et lapidaires...
C'est aussi ce qu'a fait Jérôme Cahuzac lors de son arrivée au ministère du Budget. Selon la déclaration d'intérêts du ministre que nous avons pu retrouver (la consulter en bas de l'article), Jérôme Cahuzac avait inscrit une ligne et une seule au chapitre "Instruments financiers actuellement détenus par le membre du Gouvernement". Loin de parler de son compte à l'étranger, il s'était contenté de déclarer ses investissements dans un "OPCVM investi en actions". Il s'agit d'un "Organisme de placement collectif en valeurs mobilières", autrement-dit un investissement proche d'un Sicav, qui correspond à un portefeuille d'actions. De quelle nature étaient ces actions ? A combien s'élevaient leur montant ? Le ministre n'avait pas jugé bon d'en dire plus, si ce n'est qu'il avait confié la gestion de cet OPCVM à un mandataire, la Financière de l'Echiquier.
Une déclaration peu contraignante
S'il avait bien dressé la liste de ses fonctions politiques antérieures (maire de Villeneuve-sur-Lot, premier Vice-président de la communauté d'agglomération, député de la 3e circonscription de Lot-et-Garonne...), Jérôme Cahuzac n'a pas non plus précisé dans cette déclaration ses anciennes fonctions professionnelles ni ses relations avec les laboratoires pharmaceutiques. Détenteur par le passé d'un cabinet de chirurgie esthétique avec sa femme Patricia Cahuzac puis d'une société de consulting, "Cahuzac Conseil", le docteur Cahuzac est pourtant soupçonné aujourd'hui d'avoir eu des relations ambigües avec les laboratoires. Des relations qui pourraient être à l'origine des fonds qu'il a souhaité cacher en Suisse. La société "Cahuzac Conseil" est sans activités signalées depuis une dizaine d'années. Dans la rubrique "Autres intérêts", Jérôme Cahuzac mentionnait simplement que son frère, Antoine Cahuzac, était directeur général d'EDF Energies Nouvelles.
Les déclarations d'intérêt des ministres étaient jusqu'à aujourd'hui composées de six chapitres : 1- "Les responsabilités électives ou associatives" ; 2- "La détention d'instruments financiers" ; 3- "Les biens du conjoint" ; 4- "Les biens des enfants mineurs" ; 5- "Les responsabilités exercées pendant les trois années précédentes" ; 6- "Les autres intérêts, notamment familiaux, que le membre du gouvernement estime souhaitable de signaler". Les chapitres 3 et 4 n'étant pas rendus publics. Ces déclarations n'avaient par ailleurs pas vocation à lister exhaustivement l'ensemble des biens des ministres mais seulement ceux "susceptibles d'être directement influencés par des décisions du gouvernement". La possibilité ou non d'un conflit d'intérêt était ensuite laissée à l'appréciation du ministre. Concernant les OPCVM et les Sicav, seuls les placements supérieurs à 5 000 euros devaient être déclarés.
Dans ces conditions, comme beaucoup d'autres ministres, Jérôme Cahuzac pouvait donc se permettre d'être laconique. De quoi inciter Jean-Marc Ayrault à rendre la nouvelle déclaration de patrimoine annoncée à la fois plus exhaustive et plus contraignante ? Réponse dans quelques jours.
Consultez l'intégralité de la déclaration d'intérêts de Jérôme Cahuzac

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