L'heure de vérité pour Valls
Ceux qui ricanent diront qu'il a réussi à transformer une lourde défaite en quasi-victoire pour le parti socialiste. Manuel Valls a réussi un incroyable coup de com' dimanche dernier, à l'issue du premier tour des départementales, en commentant les résultats des départementales dès 20h15, grillant au passage ses petits camarades de l'UMP et du FN, obligés d'attendre pour donner leur vision des chiffres. Le Premier ministre a aussi réussi un coup de maître en utilisant des estimations d'un institut de sondage qui avait agrégé les résultats du parti socialiste avec ceux des "divers gauche" qui comptent pourtant des binômes du Front de gauche et des Verts, pas toujours en phase avec la majorité… Résultat : un discours qui permet au chef du gouvernement, très investi personnellement dans cette campagne, de se féliciter que "les candidats de la majorité (aient) réalisé des scores honorables".
Manuel Valls a par ailleurs appelé "tous les républicains à faire barrage à l'extrême-droite" et leurs leaders à "adopter une position claire". Une pique à Nicolas Sarkozy et à son "ni-ni" pour le second tour des élections départementales qui est resté débattu jusqu'à la toute fin de la campagne. "Rien n'est donc joué", a tout de même ajouté Manuel Valls. Rien n'est joué en effet pour ce second tour qui devrait donner avec une acuité particulière l'ampleur du désastre pour la gauche. Déjà éliminée d'un bon quart des cantons dimanche dernier, le PS est, dans la grande majorité des cas en duel avec l'UMP ou le FN ce soir. Des duels qui, dans un cas peuvent tourner en la faveur du FN, une partie des votes de l'UMP au premier tour pouvant se reporter sur le binôme frontiste et dans l'autre tourner plus probablement encore pour l'UMP.
Car c'est le grand problème de Manuel Valls ce soir : éviter de reconnaitre un recul quand l'UMP et l'UDI s'attendent déjà à être les grands vainqueurs de cette élection et quand le PS, selon les pronostics les plus sombres, peut perdre jusqu'à vingt voire trente des soixante départements qu'il détient aujourd'hui. Quelques minutes après le résultat de l'élection, on verra donc si Manuel Valls prendra la parole aussi vite que la semaine passée et surtout si son discours est aussi optimiste.
EN VIDEO - "Manuel Valls a tort d'additionner les voix" de gauche