Emploi et pauvreté, le véritable enjeu du scrutin en Nord-Pas-de-Calais-Picardie

Emploi et pauvreté, le véritable enjeu du scrutin en Nord-Pas-de-Calais-Picardie Les enjeux des régionales 2015 en Nord-Pas-de-Calais, Picardie sont avant tout d'ordre économique et social, comme dans les autres régions, mais avec une acuité particulière.

[Mis à jour le 6 décembre à 18h52] Premières estimations : suivez notre live sur les page des résultats en Nord Pas de Calais Picardie. Une région qui cumule les pires difficultés socio-économiques après une désindustrialisation brutale. Voilà comment est présentée la région Nord-Pas-de-Calais, Picardie à la veille du scrutin des régionales 2015. Si d'autres thématiques ont pu prendre le pas sur la réalité économique de la région ces dernières semaines, les résultats des régionales dans le Nord-Pas-de-Calais, Picardie seront surtout à regarder à l'aune de ce constat cruel : après la chute des secteurs du textile et de la métallurgie, les deux régions réunies par la réforme territoriale cumulent un chômage élevé et en forte progression depuis 2008 (11,4 % dans le Nord-Pas-de-Calais, 11,2 % en Picardie selon les derniers chiffres consolidés) et une pauvreté record en France (18,1 % de la population sous le seuil de pauvreté sur l'ensemble de la région fusionnée).

La maire de Lille Martine Aubry avait résumé son opposition à la fusion des deux régions par cette formule restée dans les esprits : "Deux régions pauvres ne font pas une région riche". Alors que les critiques et les réticences, à droite comme à gauche, sont désormais mises en sourdine, le conseil régional élu devra s'atteler à la transition de cette région vers de nouveaux secteurs (numérique et économie verte notamment). Dans les programmes de la plupart des candidats, cette transition est à ce stade abordée plus comme un objectif que comme un chantier détaillé, avec un financement, des étapes et des actions précises à la clé. Seul projet concret avancé ici et là : la construction du Canal Seine-Nord, canal devant relier le porte du Havre au Benelux, dans lequel la région aura un rôle moteur à jouer et qui fait espérer la création de milliers d'emplois.

Mais pour autant, la région Nord-Pas-de-Calais, Picardie dispose d'atouts qu'il faudra préserver et développer. Quatrième région la plus peuplée, avec plus de 4 millions d'habitants, elle est aussi une région jeune, avec plus d'un quart de ses habitants âgés de moins de 20 ans. Le Nord est également la première région agricole de France et dispose de pôles de compétitivité importants dans le biomédical (avec notamment Eurasanté) ou le numérique (avec cette fois EuraTechnologies). Des secteurs concentrés dans la métropole de Lille et ses environs qu'il faudra apprendre à partager avec les autres villes de la région, de Boulogne-sur-Mer à Beauvais, s'ils doivent devenir des outils de redressement. Car il s'agira aussi pour le nouveau conseil élu de répondre rapidement aux craintes de déclassement de nombreuses villes nordistes et picardes - notamment d'Amiens - alors que Lille, principal pôle d'attractivité du territoire, est imaginée comme la capitale de la future grande région.

Le renouvellement économique sera en tout cas le principal chantier du conseil régional, loin de la résolution du problème de la jungle de Calais, qui n'est pas de la compétence régionale, ou de la sécurité, qui est elle aussi du ressort de l'Etat. Chargée du développement économique, la région, en plus des transports et des lycées, a un rôle moteur dans l'innovation et les aides aux entreprises. Mais elle n'a pas néanmoins la main sur l'action sociale et sur le RSA restés dans les compétences des départements et que certains voudraient conditionner au suivi d'une formation ou à une activité. La région n'est pas plus compétente sur la politique de l'emploi qui reste du ressort de Pôle emploi. Un échec de la réforme territoriale censée leur donner plus de pouvoir et un handicap pour les défis à venir ?

Photo : Musée de la mine du Nord, à Lewarde. ©Gérard Robert, Galerie Linternaute.com