Jean-Michel Baylet : le ministre des Territoires est pour la libéralisation du cannabis (BIO)

Jean-Michel Baylet : le ministre des Territoires est pour la libéralisation du cannabis (BIO) JEAN-MICHEL BAYLET BIOGRAPHIE - Méconnu du grand public, le chef du Parti radical de gauche (PRG) Jean-Michel Baylet, nommé au gouvernement, est pourtant un vieux routier de la politique, avec son passif...

[Mis à jour le 11 février 2016 à 16h56] Une personnalité complexe, aux multiples facettes. Jean-Michel Baylet, nommé ministre de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales lors du remaniement ministériel, est à la fois connu pour sa longue carrière politique, sa figure de patron de presse influent dans le Midi, mais aussi pour sa personnalité intriguante et entourée de mystère. Né le 17 novembre 1946 dans une famille bourgeoise toulousaine, Jean-Michel Baylet était prédisposé à faire de la politique. Son père, Jean Baylet, était directeur régional de La Dépêche du Midi, et sa mère, Evelyne Baylet, était impliquée dans différents conseils généraux et une proche de François Mitterrand. D'après sa biographie, Jean-Michel Baylet a vite repris le flambeau paternel à La Dépêche. Après des études à l'école de journalisme de Strasbourg, il a d'abord été lui même journaliste puis a gravi les échelons, passant directeur général en 1975, puis président directeur général du journal en 1995, à la suite de sa mère. Dernier coup d'éclat du chef d'entreprise : le rachat en juin dernier, pour 15 millions d'euros, des journaux du Midi au groupe Sud Ouest (L'Indépendant, Midi Libre, Centre Presse). Une transaction créant de fait le 4e groupe de presse quotidienne régionale, mais qui sera suivie de la suppression de 300 emplois.

Et du journalisme à la politique, il n'y a souvent qu'un pas, même si la double casquette est critiquée. Parallèlement à son ascension au sein de l'un des journaux les plus influents du sud de la France, Jean-Michel Baylet fonde en 1973 le Mouvement des Radicaux de Gauche (MRG). Quatre ans plus tard, il est élu maire de Valence d'Agen, mandat qu'il conservera jusqu'en 2001. Parmi ses fonctions locales, il décroche aussi la présidence du Conseil général du Tarn-et-Garonne en 1985 (où il succède cette fois à son épouse), un siège de député entre 1978 et 1984, puis en 1988, et celui de sénateur RDSE du Tarn-et-Garonne de 1986 à 1988. Derrière son profil bonhomme et sa faconde méridionale, l'animal politique se révèle.

EN VIDEO - Près de 30 ans après sa première victoire et 45 ans après que sa mère en soit devenue présidente, Jean-Michel Baylet (PRG) a été écarté de la tête du département du Tarn-et-Garonne, au profit d'un élu UMP.

"Départementales : la dynastie Baylet écartée du Tarn-et-Garonne"

Jean-Michel Baylet, déjà ministre de... François Mitterrand

Au milieu des années 1980, Jean-Michel Baylet entre au gouvernement comme secrétaire d'Etat auprès du ministre des Relations extérieures (1984-1986), il devient ensuite chargé des Collectivités locales (1988-1990), puis il obtient la place de ministre délégué au Tourisme jusqu'en 1993. Il redevient sénateur du Tarn-et-Garonne en 1995, poste qu'il avait dû abandonner à son entrée au gouvernement. Pendant cette période, il va plusieurs fois jouer le rôle d'intriguant, nouant et dénouant les alliance de son parti avec le PS, à la faveur des différentes échéances électorales. Propulseur de Bernard Tapie dans les années 1980-1990, puis de Christiane Taubira, tous les deux issus du PRG, il va finir par se présenter lui même à la primaire socialiste de 2011 pour l'élection présidentielle. Une primaire lors de laquelle il se fera surtout remarquer pour sa défense de la légalisation du cannabis.

En 2012, alors qu'il est devenu l'un des plus fidèles alliés de François Hollande dans sa conquête de la présidentielle et a obtenu plusieurs circonscriptions aux législatives et même deux ministres (Christiane Taubira à la Justice et Sylvia Pinel à l'Artisanat puis au Logement), il ira jusqu'à prôner la vente du cannabis en pharmacie. Tout en déplorant les "conservatismes et les clichés", il invoquera alors la lutte contre une "économie souterraine mafieuse", et un enjeu d'ordre et de santé publics. Malgré ces déclarations qui mettront quelque peu mal à l'aise le pouvoir, Jean-Michel Baylet restera un allié clé pour l'exécutif de 2012 à aujourd'hui. Souvent menaçant (il ne cesse de pester contre "l'hégémonie du PS" qui écraserait ses alliés), mais toujours d'une fidélité sans faille pour l'Elysée et le PS, notamment lors des dernières départementales et régionales, il est cependant de plus en plus critiqué et voit son influence s'amenuiser à mesure que les résultats électoraux de la gauche plongent.

Jean-Michel Baylet voulait tant redevenir ministre

Les années 2014-2015 ont en effet terni l'influence de Jean-Michel Baylet. La preuve : il perd tour à tour son siège au Sénat en 2014, mais aussi, l'année suivante, la présidence du Conseil général du Tarn-et-Garonne, piégé, dans les deux cas, par une opposition interne. Si bien que, pour beaucoup d'observateurs, la "dynastie Baylet" toucherait à sa fin dans le département. Une nomination dans le nouveau gouvernement sonne aujourd'hui comme un remerciement de François Hollande, pour l'ensemble des services rendus, à un bon petit soldat aujourd'hui blessé. Jean-Michel Baylet se battrait depuis déjà plusieurs années pour obtenir un ministère régalien. Celui de la Défense lui a longtemps été promis par la rumeur. Alors que le remaniement était imminent, on parlait de celui de la Fonction publique ou de l'Agriculture. Le ministère de l'Aménagement du territoire, de la Ruralité et des Collectivités territoriales serait-il un lot de consolation ?

Photo : Alain ROBERT/Apercu/SIPA