Bygmalion : de quoi est soupçonné Nicolas Sarkozy ?

Bygmalion : de quoi est soupçonné Nicolas Sarkozy ? SARKOZY BYGMALION - Nicolas Sarkozy a été mis en examen ce mardi par les juges du pôle financier dans l'affaire Bygmalion. Ses comptes de campagne de 2012 sont dans le collimateur...

[Mis à jour le 16 février 2016 à 23h16] L'audition était restée secrète et c'est un photographe de l'AFP qui a surpris l'ancien président au tribunal ce mardi matin. Nicolas Sarkozy est arrivé chez les juges d'instruction du pôle financier de Paris tôt dans la matinée pour être entendu dans l'enquête sur les fausses factures de la société Bygmalion et les comptes de sa campagne présidentielle de 2012. On a appris dans la soirée qu'il avait été mis en examen par un juge d'instruction pour dépassement du plafond légal de dépense de campagne. Il reste sous le statut de témoin assisté pour le reste de l'affaire Bygmalion. L'ex-chef de l'Etat a été entendu toute la journée par le juge financier Serge Tournaire, qui soupçonne que ses comptes de campagne ont été truqués, avec sa bénédiction ou non, pour cacher une explosion du plafond légal des dépenses de 22,5 millions d'euros.

L'enquête Bygmalion, du nom de la société qui organisait ces meetings, porte en effet sur un vaste système de fausses factures avec un objectif : masquer le dépassement de ce plafond légal des dépenses pour la présidentielle. Le scénario jusqu'à présent présenté et que les juges doivent vérifier est simple : au lieu de facturer certains meetings de campagne de Nicolas Sarkozy au candidat, ces fausses factures auraient eu pour objet d'imputer à l'UMP 18,5 millions d'euros de dépenses. Dépenses qui, ainsi, échappaient aux comptes de campagne. Plusieurs cadres de Bygmalion, mais aussi Jérôme Lavrilleux à l'UMP, ont reconnu cette fraude publiquement et devant les juges. Jusqu'à présent selon l'AFP, aucun protagoniste n'a en revanche mis en cause Nicolas Sarkozy.

Nicolas Sarkozy au centre de l'affaire ?

L'enquête aurait déjà démontré la volonté de Nicolas Sarkozy d'accélérer et d'étoffer sa campagne à partir de mars 2012. Celui qui était encore chef de l'Etat était en effet parti très tardivement en campagne et aurait voulu rattraper son retard dans la dernière ligne droite. A la clé : une quarantaine de meetings ajoutés à l'agenda et organisés par Bygmalion pour booster le candidat de l'UMP à l'époque. Le directeur de campagne de Nicolas Sarkozy, Guillaume Lambert, aurait indiqué aux policiers avoir alerté le candidat sur les risques que comportait une telle démarche. Une note de l'expert-comptable pointant un risque de dépassement du plafond et interdisant toute dépense supplémentaire aurait même été évoquée lors de la campagne.

Nicolas Sarkozy a déjà été entendu par les enquêteurs en septembre 2015. Il aurait assuré à l'époque ne pas se souvenir d'avoir été alerté sur ses comptes de campagne, minimisant au passage le coût des meetings ajoutés à son agenda. Moquant "l'argument d'une campagne qui dérape", il aurait rejeté la responsabilité des fausses factures sur Bygmalion et sur l'UMP dirigée alors par Jean-François Copé. Ce dernier, qui a récemment été placé sous le statut de témoin assisté (autrement dit, qui a évité la mise en examen), en a profité pour revenir en politique après une courte traversée du désert et s'est même porté candidat à la primaire Les Républicains lors de laquelle il pourrait affronter Nicolas Sarkozy lui-même.