Fillon : avortement, Manif pour Tous, Poutine... Les boulets que veulent lui coller ses adversaires
[Mis à jour le 22 novembre 2016 à 23h48] La guerre est déclarée entre François Fillon et Alain Juppé. Tous les coups sont permis. Grand favori de la finale de la primaire de la droite et du centre, François Fillon va devoir s'accrocher cette semaine, car s'il y a une certitude à avoir lors de cet entre-deux tours, c'est que son rival, Alain Juppé, est prêt à tout pour reconquérir une part de son électorat. Et pour cela, trois angles d'attaque ont d'ores et déjà été clairement établis par le maire de Bordeaux et ses alliés. La ligne très conservatrice sur le plan des mœurs de l'ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy est dans le viseur de ses opposants. Viennent ensuite l'irréalisme de certaines des mesures économiques proposées par François Fillon, et enfin le manque de clarté de certaines de ses positions sociétales ou géopolitiques. L'idée est bien entendu de décrédibiliser le programme de François Fillon.
Et Alain Juppé et ses lieutenants n'ont pas tardé à passer à l'acte. L'offensive a été lancée ce mardi matin, par le principal intéressé : "On ne supprimera pas 500 000 postes de fonctionnaires en quatre ans. On ne fera pas passer le temps de travail de 35 à 39 heures dans la fonction publique du jour au lendemain, comme il le propose", a lancé Alain Juppé sur Europe 1. Et de redouter "un programme qui provoquera des blocages dans la société française."
Fillon, un réac' sur l'avortement ?
Le maire de Bordeaux met en avant le manque de clarté de son rival sur l'avortement. "Il a commencé par dire dans son livre que c'était un droit fondamental de la femme, puis il est revenu sur cette déclaration dans un débat qu'il a eu devant un certain nombre de ses supporters. [...] C'est une différence entre nous, je considère que c'est un droit fondamental. Moi, je n'ai pas changé d'avis", a insisté Alain Juppé sur Europe 1.
Le 22 juin dernier, François Fillon avait déclaré que "philosophiquement et compte tenu de sa foi personnelle", il ne pouvait pas "approuver l'avortement". A plusieurs reprises, néanmoins, il a expliqué que "personne ne reviendra sur l'avortement". "Je considère que l'intérêt général, ce n'est pas de rouvrir ce débat", avait-il précisé le 27 octobre sur France 2.
Lors d'un déplacement à Viry-Chatillon ce mardi matin, François Fillon a répliqué : "Cela fait 30 ans que je suis parlementaire. Est-ce qu'une seule fois j'ai pris position contre l'avortement ? Jamais. [...] Jamais je n'aurais pu penser que mon ami Alain Juppé tombe aussi bas".
Mariage pour tous : "une avancée sociétale" pour les juppéistes
Fidèle parmi les plus anciens fidèles, l'ancien ministre Benoist Apparu s'est montré encore plus vindicatif que le maire de Bordeaux, jugeant sur LCI que "remettre en cause" l'adoption plénière par les couples homosexuels revenait à "supprimer la loi" sur le mariage pour tous, "qui est pour nous une avancée sociétale", a-t-il avancé. Alain Juppé a également rappelé que son adversaire était soutenu par "Sens commun", "un mouvement politique qui soutient des positions extrêmement conservatrices et traditionalistes".
La relation avec la Russie, un enjeu de plus en plus affirmé
L'ancien ministre des Affaires étrangères ne voit pas d'un bon oeil les velléités de rapprochement avec Vladimir Poutine prôné par François Fillon. La Russie est "un partenaire évident, il faut dialoguer avec", assure Alain Juppé, mais sous-entend que l'élection de François Fillon pourrait déséquilibrer - encore davantage - le rapport de force entre Paris et Moscou. "Le problème, c'est de ne pas se déculotter, dit-il au sujet de la Crimée. "François Fillon dit qu'il faut négocier un accord : il existe, c'est celui de Minsk". Et d'ajouter, au sujet de la bienveillance de Poutine pour le régime syrien : "La France doit dire qu'il ne faut pas reconduire le régime de Bachar el-Assad".
Fillon et NKM enceinte, la polémique reprend
François Fillon a-t-il refusé l'entrée de Nathalie Kosciusko-Morizet au gouvernement parce qu'elle attendait un enfant ? Voilà qui viendrait donner du grain à moudre à ceux qui voient en l'ancien locataire de Matignon un vrai réac'. La seule femme candidate de la primaire, interrogée sur France Info ce mardi sur le sujet, a confirmé que oui, en 2009, l'ancien Premier ministre lui avait dit les yeux dans les yeux : "Tu ne seras pas ministre car tu es enceinte". "Je n'ai pas envie de ramener ça dans le débat aujourd'hui" a d'abord répondu NKM. C'est quelque chose qui m'est arrivé à chacune de mes grossesses et je prends à témoin toutes les femmes qui nous écoutent, je pense qu'il y en a beaucoup d'entre elles auxquelles c'est arrivé". Et d'ajouter : "Je n'ai pas envie d'argumenter sur un sujet sur lequel il l'avait regretté. Il me l'avait dit, j'avais trouvé ça d'ailleurs élégant car les hommes n'aiment pas dire quand ils ont tort. Mais oui cet épisode est vrai". Nathalie Kosciusko-Morizet est devenue en novembre 2010 ministre de l'Ecologie et du Développement durable.