Najat Vallaud-Belkacem - Marine Le Pen : des années d'attaques très violentes
[Mis à jour le 9 février 2017 à 23h32] "Vous mentez Madame Le Pen". Voilà la réplique permanente de la ministre Najat Vallaud Belkacem à chacun des arguments de Marine Le Pen. Comme attendu, le duel entre les deux femmes politiques a été tendu. C'est sur les questions de l'éducation que Najat Vallaud Belkacem a insisté auprès de la candidate FN à l'élection présidentielle. Pendant les 20 minutes de leur échange, elles n'ont pas trouvé un seul point sur lequel elles étaient d'accord. Elles ont passé leur temps à se couper la parole, ne permettant pas à l'une ou l'autre d'aller au bout de son explication. Un échange houleux donc, mais qui n'a pas apporté beaucoup sur le fond du programme de Marine Le Pen.
Depuis des années, les deux protagonistes du débat de ce soir mènent une guerre larvée, l'une se plaçant en première ligne à gauche, pour dénoncer la pensée "nauséabonde" du Front national quand l'autre manque rarement une occasion de critiquer la nouvelle étoile montante du PS. Il faut dire que Najat Vallaud Belkacem a de quoi rebuter l'extrême droite dans son ensemble. Femme politique, née au Maroc et naturalisée à 18 ans tout en conservant la double nationalité, l'actuelle ministre de l'Education a tour à tour défendu des programmes coûteux de dépenses pour les quartiers, fut en pointe sur le mariage pour tous comme au sujet des ABCD de l'égalité dans les écoles.
Najat Vallaud-Belkacem, la "marocaine musulmane"
Dans les réseaux et les médias plus ou moins proches de Marine Le Pen, Najat Vallaud-Belkacem est devenue une cible récurrente. Le journal d'extrême droite Minute, certes opposé à la dédiabolisation mise en oeuvre par Marine Le Pen au FN, a fustigé à l'été 2014 la nomination de cette "marocaine musulmane" à la tête de l'Education nationale. Plus récemment, en mars 2015, Eric Domard, alors conseiller spécial de Marine Le Pen écrivant sur son compte Twitter que "Najat Vallaud-Belkacem, ministre franco-marocaine pour les menus sans porc, est favorable au voile lors des sorties scolaires", estimant que "la question de l'allégeance se pose".
Au Front national mais aussi dans les nombreux sites et comptes affichant une certaine proximité idéologique avec Marine Le Pen, on multiplie les attaques sur la "ministre de la rééducation idéologique", son "zéro pointé sur la réforme du collège", sont supposé "clientélisme et communautarisme" quand on ne l'accuse pas carrément de "promouvoir le mariage homo dans les collèges"...
Marine Le Pen, la "harpie" d'extrême droite
Najat Vallaud-Belkacem, qui s'est volontairement placée en première ligne contre le Front national a vertement répondu à ces critiques via de nombreuses punchlines, lancées en interview ou sur le Web, mais aussi lors de confrontations directes avec la patronne du FN. En 2015 par exemple, elle cite Audiard et les Tontons flingueurs pour répondre à la provocation d'Eric Domard ("Les cons, ça ose tout, c'est même à ça qu'on les reconnaît"). En tant que ministre des Sports, elle soulignera lors de la Coupe du Monde 2014 que Marine Le Pen s'est gardée de soutenir des Bleus sans doute trop métissés. Plus récemment, elle a qualifié Marine Le Pen de "harpie" pour son emballement contre les Femen qui avaient perturbé un défilé du 1er mai.
Rien qu'en 2016, la ministre de l'Education est montée au créneau de nombreuses fois comme par exemple pour dénoncer la volonté de la candidat frontiste de mettre fin à la scolarisation gratuite des "enfants de clandestins". Dans les débats qui ont suivi l'attentat de Nice en juillet dernier, elle lâchait : "Oui, je suis une enfant de l'immigration, je suis une enfant du regroupement familial mais non, je ne suis pas une Française de papier [...]. Je suis une Française à l'égale de toutes et de tous et je ne suis pas une exception".
Déjà un débat en 2014
Mais Najat Vallaud-Belkacem et Marine Le Pen se sont déjà affrontées sur un plateau de télévision. C'était en mars 2014, lors de la soirée électorale du premier tour des élections municipales. Face à la vague FN qui déferlait alors sur la France, la ministre évoquera des "candidats fascistes" et pointera le vide du programme du FN pour les villes. Face à David Pujadas (déjà à l'époque), Marine Le Pen fustigera en retour "le mépris des électeurs" de Najat Vallaud-Belkacem et la renverra à ses "amis qui ont volé les pauvres", en référence à Hénin-Beaumont où Steve Briois s'était imposé dès le premier tour. "Vous croyez que le FN a des leçons à donner en matière d'affaires ?", répondra Najat Vallaud-Belkacem. Un échange vif resté dans les annales. Comme celui de ce soir ?
On croit déjà savoir sur quoi Najat Vallaud-Belkecem va attaquer Marine Le Pen sur France 2 ce jeudi. Dans une interview à Libération lundi dernier, la ministre de l'Education nationale pointait la tentative de "dissimulation" qu'opérait la candidate de ses anciennes prises de position en vue de l'élection présidentielle. "Certes, elle propose de constitutionnaliser la préférence nationale, mais exit la peine de mort, la sortie de l'euro ou la scolarisation payante des enfants étrangers", déclarait-elle. Najat Vallaud-Belkacem s'inquiétait également dune Marine Le Pen "complètement hypnotisée par Trump", comme si la victoire surprise du candidat républicain avait ouvert une brèche pour l'élection d'avril et ma prochain.