Julien Denormandie : futur Premier ministre ? Pourquoi Macron pourrait le nommer

Julien Denormandie : futur Premier ministre ? Pourquoi Macron pourrait le nommer DENORMANDIE. Candidat crédible au poste de Premier ministre, Julien Denormandie est un très proche d'Emmanuel Macron qu'il côtoie depuis dix ans. Portrait d'un ministre de l'Agriculture pas franchement destiné à prendre la lumière.

Ils étaient une dizaine. A la fin, il n'en reste plus qu'un. Et ce pourrait être le futur Premier ministre. Julien Denormandie est un des "mormons" de la Macronie, l'un de ces jeunes pousses qui, le 14 mai 2017, lors de l'investiture d'Emmanuel Macron, ont posé tous ensemble sur le perron de l'Élysée pour une photo symbole de leur travail acharné et dévolu à celui qui fut élu, une semaine plus tôt, nouveau président de la République. Pour cette bande de trentenaires approchant la quarantaine qui comptait, outre l'actuel ministre de l'Agriculture, Sibeth Ndiaye, Benjamin Griveaux, Stéphane Séjourné, Ismaël Émilien, Jean-Marie Girier, Richard Ferrand ou encore Christophe Castaner (bien que plus âgés tous les deux), cette entrée au palais était l'aboutissement d'une intense campagne. Mais cinq ans plus tard, plus personne n'occupe une fonction ministérielle, de près ou de loin. Sauf un : Julien Denormandie. Un profil qu'Emmanuel Macron pourrait nommer à Matignon. 

Julien Denormandie Premier ministre, une hypothèse crédible ?

A 41 ans, Julien Denormandie pourrait-il devenir le 25e Premier ministre de la Ve République ? Son nom ferait partie de la liste resserrée parmi laquelle Emmanuel Macron doit faire son choix. Pour le natif de Cahors, il s'agirait là d'une récompense de loyauté envers le chef de l'État, bien au-delà du premier quinquennat qui vient de s'écouler (lire plus bas). Homme de l'ombre, taiseux, Julien Denormandie n'en est pas pour autant moins bosseur. Bien au contraire. Son profil "techno" et connaisseur des dossiers pourrait plaider en sa faveur, dans l'hypothèse où Emmanuel Macron cherche à s'entourer d'un chef de gouvernement particulièrement méticuleux. Et avec qui il peut échanger sans langue de bois sur les sujets. "Julien peut parler de tout avec Emmanuel" avait confié un proche du président de la République à Libération. "Le président l'écoute" avait abondé un cadre du parti LREM dans le JDD.

Si les deux hommes se tutoient, Julien Denormandie pourrait pâtir de son image de "Macron bis" qui lui est accolée. D'aucuns décrivent le discret quadra comme la copie conforme du chef de l'État, ce dernier le considérant "comme son fils" à en croire le sénateur François Patriat sur RMC. Un profil qui ne ferait pas de l'ombre à Emmanuel Macron, mais peut-être pas nécessairement le meilleur pour mener les grandes réformes sociétales du début du quinquennat, à commencer par la réforme des retraites qui va, à nouveau, descendre les syndicats dans la rue. Alors, encore un peu de patience pour "Idéfix" comme il serait surnommé, d'autant qu'il se s'est jamais confronté à l'épreuve du suffrage universel direct, n'ayant jamais été élu ? "Macron finira son deuxième mandat avec Julien à Matignon" prédit un conseiller présidentiel dans Paris Match.

Julien Denormandie, un discret ministre montant

Si aujourd'hui son nom est cité pour devenir Premier ministre, Julien Denormandie a failli ne jamais entrer au gouvernement. Et pour cause. L'un des artisans de l'arrivée d'Emmanuel Macron au pouvoir (lire plus bas) était en passe de rejoindre le secteur privé avant d'être rattrapé par la manche par le nouveau président de la République, qui lui confia le secrétariat d'État auprès du ministre de la Cohésion des territoires.

Fin juin 2017, celui qui est diplômé de l'école nationale du génie rural, des eaux et des forêts décroche une fonction ministérielle. Ses prérogatives consistent alors à épauler Jacques Mézard dans la politique de la ville, de l'urbanisme ou encore du logement. Malgré la mise en place de dispositifs de défiscalisation ou encore du bail mobilité, cet anti-lumière subit les foudres des coupes budgétaires pour le secteur du logement social en se faisant siffler lors du congrès annuel du secteur pour sa première année au ministère. Qu'importe, il se replonge dans les dossiers, avance et parvient à convaincre les professionnels du domaine. "Il a eu un comportement de très bon élève, il a écouté et pris beaucoup de notes", expliquait André Yché, président de CDC Habitat, à L'Opinion. De quoi renverser la vapeur malgré un maintien des coupes de budgets, bien que moindres grâce à son action.

Celui qui fut promu ministre de la Ville et du Logement en octobre 2018, sous l'autorité de de la ministre de la Cohésion des territoires Jacqueline Gourault, avait également du assumer la baisse de 5€ des APL, bien qu'opposé à la mesure. Marcheur de la première heure, Julien Denormandie prend son envol à l'été 2020 lorsqu'Emmanuel Macron le nomme ministre de l'Agriculture du gouvernement Castex. L'ingénieur agronome porte alors des mesures de soutien aux agriculteurs, autorise l'usage de pesticides néonicotinoïdes pour assurer la récolte des betteraves et entend réformer l'assurance-récolte. Évidemment non sans s'attirer des critiques, malgré sa discrétion.

Biographie de Julien Denormandie

Issu d'une famille dont l'oncle était ingénieur forestier tout droit sorti de l'Ecole nationale du génie rural et des forêts, Julien Denormandie a emprunté le même chemin en intégrant, en 2000 l'AgroParis Tech. Il est alors âgé de 20 ans. Deux ans plus tard, il suit le même cursus que son oncle et, diplômé après deux nouvelles années d'études, intègre la direction des Relations économiques extérieures du ministère de l'Economie et des Finances. De 2004 à 2008, il voit alors défiler quatre ministres à la tête du portefeuille (Hervé Gaymard, Thierry Breton, Jean-Louis Borloo et Christine Lagarde). Après un passage de deux ans à l'ambassade de France au Caire au titre de conseiller économique, il intègre la direction générale du Trésor, chargé du Moyen-Orient.

C'est en 2012 que sa carrière va s'accélérer. Recruté en tant que conseiller de Nicole Bricq, ministre du Commerce extérieur, mais aussi de Pierre Moscovici, ministre de l'Economie et des Finances, Julien Denormandie doit travailler avec... Emmanuel Macron, alors secrétaire général de l'Elysée. Une collaboration de deux ans qui a failli aboutir à la création d'une start-up liant enseignement et numérique, épaulée par un certain Ismaël Emilien. Le projet tombe à l'eau lorsqu'Emmanuel Macron décroche Bercy à l'été 2014. Dans ses valises, le futur président de la République embarque Julien Denormandie, le nommant directeur adjoint de cabinet.  Là encore, il restera en poste pendant deux ans.

C'est alors qu'au fil des mois mûrit le projet d'une candidature à l'élection présidentielle dans la tête d'Emmanuel Macron. Julien Denormandie quitte Bercy pour lancer En Marche. Il rédige les statuts du nouveau parti, occupe le poste de secrétaire général adjoint aux côtés de Richard Ferrand et oeuvre à tout point de vue pour porter LREM au pouvoir. Avec succès. Une victoire couronnée de récompenses ministérielles. Jusqu'à devenir le chef du gouvernement ?

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