Valérie Létard : Première ministre ? Pourquoi son nom est évoqué ?

Valérie Létard : Première ministre ? Pourquoi son nom est évoqué ? L'identité du futur Premier ministre devrait être révélé d'ici quelques heures. En attendant, les hypothèses multiplient. Valérie Létard, la sénatrice UDI du Nord, est bien placée sur cette liste. Pourquoi a-t-elle une chance d'être nommée à Matignon ?

[Mis à jour le 16 mai 2022 à 15h35] Le premier mandat d'Emmanuel Macron est clôturé depuis le vendredi 13 mai 2022 à minuit. La veille, l'équipe gouvernementale de Jean Castex s'était réunie pour un dîner d'adieux, avec discours de remerciements et cadeaux à la clé. Alors, qui pour le remplacer à Matignon ? La question est en suspens depuis le 24 avril, date de la réélection du président de "Renaissance". Trois semaines plus tard, les Français attendent encore. De fait, il a souhaité prendre son temps. Cette nomination censée insuffler un "nouveau souffle" à une lignée politique qu'il entend "renouveler" a une importance de premier plan, et est sur toutes les lèvres. D'autant plus qu'Emmanuel Macron avait assuré connaître l'identité de son futur Premier ministre lors d'un déplacement à Berlin la semaine dernière.

Et pourtant, ni Emmanuel Macron ni ses proches n'ont laissé échappé la moindre information à ce sujet. Encore que... De nombreuses pistes ont été abordées, et les indices se sont multipliés. Des noms pressentis sont sortis, mais surtout un profil : le futur Premier ministre sera probablement une femme avec une orientation plutôt écologique et sociale, pour mettre en œuvre le grand chantier du quinquennat : la planification écologique. Un autre élément devrait peser dans la balance : la capacité de ce profil à correspondre à la volonté de "dépassement" des clivages politiques, soit celle de réunir des personnalités de tous bords, comme en 2017. Alors, parmi les noms des favoris, de l'actuelle ministre du Travail Elisabeth Borne, à celui de la présidente de la métropole de Reims, Catherine Vautrin, a émergé celui de la sénatrice de centre droit Valérie Létard. Sa présence à la cérémonie d'investiture du Président n'a fait que renforcer cette supposition qui a largement circulé la semaine dernière. En quoi a-t-elle le bon profil ?

Qui est Valérie Létard ?

A 59 ans, Valérie Létard est une figure de la droite français. Sénatrice du Nord, elle appartient à l'Union des démocrates et indépendants, un parti politique français fondé en 2012 par Jean-Louis Borloo, ex-député européen et ex-maire de Valenciennes. Assistance sociale de formation, elle est également titulaire d'un DESS de développement local et économie solidaire. Ses débuts en politique sont marqués par son adhésion au parti social-démocrate, issu de plusieurs scissions du PS. Ses premiers pas vers un poste à responsabilité se font dans le rayon de l'action sociale à la mairie de Saint-Amand-les-Eaux, dans le Nord. Elle décroche ensuite le poste de conseillère régionale du Nord-Pas-de-Calais, poste qu'elle occupe de 1998 à 2010. Dans la foulée, elle devient adjointe au maire de Valenciennes, avant d'être élue sénatrice du Nord en 2001, jusqu'en 2007. Retour ensuite au poste d'adjointe au maire de 2008 à 2014, cette fois en tant que première Adjointe. Puis, en 2008, elle prend la présidence de la communauté d'agglomération de Valencienne Métropole, un rôle qu'elle assure encore aujourd'hui, tout en étant de nouveau sénatrice depuis 2010. Il est également à noter qu'elle fut élue vice-présidente de l'Association des maires de France en décembre 2011, un poste pour lequel elle a été rapporteur de la commission Villes et territoires urbains.

Entre ces mandats de sénatrice, elle a été secrétaire d'Etat des gouvernements de François Fillon à deux reprises, la première fois de 2009 à 2010 en tant que Secrétaire d'Etat chargée des Technologies vertes et des Négociations sur le climat, et la seconde de 2007 à 2009 en tant que Secrétaire d'Etat chargée de la Solidarité. Son nom sera remarqué au sein du gouvernement de Nicolas Sarkozy, en particulier pour son Plan Solidarité-Grand âge 2007-2012, pour son engagement pour la scolarisation des enfants handicapés et pour l'intégration des personnes aveugles dans la vie de la cité. De la même manière, elle mène pour ce gouvernement le second Plan Autisme : le bilan est une réussite, avec 70% de créations de places prévues en institution réalisées et une progression de la scolarisation des enfants autistes. En outre, durant son second mandat de secrétaire d'Etat, elle se consacre à la lutte contre le réchauffement climatique, promettant de créer des emplois verts et participant à des rencontres comme le Sommet de Copenhague ou à des projets comme Mediaterre.

En 2011, elle rejoint la direction nationale de l'Alliance républicaine, écologique et sociale. En 2017, lorsqu'elle est réélue sénatrice pour la troisième fois, c'est en tant que tête liste de "République et Territoires", rassemblant des élus UDI, LR et des non-inscrits qui se définissent comme des "élus libres et responsables de l'avenir du Nord". Son parcours au Sénat est donc conséquent, elle qui en a été nommée vice-présidente en 2017. Ses chantiers principaux en tant que sénatrice ont été la réflexion autour des minimas sociaux et du retour à l'activité, mais aussi sa proposition de loi pour renforcer la parité dans les exécutifs municipaux. Sa place au sein l'UDI est devenue majeure lorsqu'elle a été nommée présidente du conseil national du parti en mars 2018. Le 6 octobre 2020, Valérie Létard est confirmée dans ses fonctions de vice-présidente de la Haute assemblée lors du renouvellement des instances de l'institution. Son dernier mandat en date porte sur les élections départementales de l'an dernier : elle a été élue conseillère départementale du Nord en juin 2021.

Pourquoi Valérie Létard pourrait-elle être la Première ministre d'Emmanuel Macron? 

Avec des mandats de Secrétaire d'Etat au sein du gouvernement de François Fillon marqués par son investissement dans des projets pour le développement durable et l'inclusion des personnes handicapées, elle correspond bien au profil social et écologique qui semble devoir s'imposer pour le futur Premier ministre, comme l'avait déclaré Emmanuel Macron lors de son déplacement à Cergy-Pontoise en avril dernier. Elle est compétente dans les domaines environnementaux et solidaires, tout en représentant, selon de nombreux commentateurs, le "nouveau centre". En outre, son ancrage local dans le Nord de la France pourrait être un avantage.

Un autre indice est le poste de ministère du Logement et de la Ville qu'Emmanuel Macron lui avait proposé en mai 2017... Mais qu'elle avait décliné. Et de fait, son "centre droit" penche parfois vers Les Républicains, elle qui s'est engagée dans la campagne des législatives des candidats LR dans son département, et qui a ouvertement soutenu la candidate Valérie Pécresse. Mais l'appartenance politique n'est pas nécessairement un paramètre crucial pour Emmanuel Macron qui se revendique du rassemblement et du dépassement des clivages, avec une volonté de ne pas nécessairement piocher chez des personnalités déjà acquises au camp présidentiel.

Quelles sont les autres personnalités pressenties au poste de Premier ministre ?

Toutefois, cette hypothèse a de la concurrence. D'autres personnalités sont citées : d'abord, il y a Elisabeth Borne, pressentie depuis des semaines au poste. Sa dimension sociale et écologique, avec ses postes de ministre des Transports, de la Transition écologique et du Travail depuis 2017 et son passé socialiste, notamment lorsqu'elle était directrice de cabinet de Ségolène Royal, en font une candidate sérieuses... A cela près qu'elle est déjà dans la majorité politique, alors qu'Emmanuel Macron dit rechercher la diversité. Il y a également Catherine Vautrin, une favorite. Présidente de la métropole de Reims, elle a rallié Emmanuel Macron en février, quittant les LR en pleine campagne. A 61 ans, cette ancienne vice-présidente de l'Assemblée nationale et ministre sous Jacques Chirac est en bonne position dans les pronostics. Cependant, sa position contre le mariage pour tous, en 2013, crée des remous au sein du camp d'Emmanuel Macron.

On pense à d'autres profils avancés, qui, bien que moins probables, sont régulièrement revenus sur les réseaux sociaux. Il y a celui d'Audrey Azoulay, ex-ministre de la Culture de François Hollande et actuelle directrice de l'Unesco, ou à Marisol Touraine, ex-ministre de la Santé également sous Hollande, ou encore d'Anne de Bayser, ancienne secrétaire générale adjointe de l'Elysée lors de sa prise de pouvoir. Les noms se bousculent donc pour cette nomination, de telle sorte qu'aucun ne peut être avancé avec certitude.