Sylvie Retailleau : qui est la nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur ?

Sylvie Retailleau : qui est la nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur ? MESRI. Sylvie Retailleau devient la nouvelle ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. Elle succède à Frédéric Vidal. Physicienne et présidente de Paris-Saclay, quel est son profil?

[Mis à jour le 20 mai 2022 à 17h14] Le remaniement vient d'être officialisé par l'Elysée à 16h30. C'est la présidente de l'Université Paris-Saclay Sylvie Retailleau qui prendra la charge du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation (MESRI). Cette nouvelle nommée aura autorité sur la direction générale de l'Enseignement supérieur et de l'Insertion professionnelle, sur la direction générale de la Recherche et de l'Innovation, sur l'inspection générale des bibliothèques et sur le bureau du cabinet, ce qui représente un grand challenge pour une énarque tout à fait novice en politique.

Si dans certains gouvernements, et notamment dans celui de François Hollande, ce portefeuille a été confié à un secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Education nationale, le poste s'est progressivement affirmé depuis les années 1970. Et de fait, ce ministère peut constituer une aide précieuse pour le ministre de l'Education nationale qui a déjà moulte responsabilités, à l'instar du sortant, Jean-Michel Blanquer, et des crises qui ont caractérisé son mandat. Les propositions adressées aux candidats à la présidentielle et publiées en janvier par les présidents d'universités illustrent bien cette volonté de conserver un ministère de plein exercice. Actuellement le sixième plus important en termes de budget, comme en témoigne la page dédiée du ministère de l'Economie, le MESRI et ses 25 milliards d'euros arrive même devant "Solidarités et santé" à 15,9 milliards, ou même devant Justice à 12,8 milliards. Quelle sera la mission de Sylvie Retailleau?

Qui est Sylvie Retailleau ?

Alors que la colère des universités a éclaté pendant l'entre-deux-tours (notamment avec des blocus et des occupations de locaux), le dossier Enseignement supérieur n'est peut-être pas le plus attrayant. Et pourtant, il aura bien fallu trouver un successeur à Frédéric Vidal. C'est Sylvie Retailleau qui atterrit sur le dossier. Diplômée de l'ENA, c'est une physicienne, professeur de physique, mais aussi professeur des universités depuis 2001. Chercheuse au CNRS, elle porte ses activités sur l'étude théorique de la physique des composants semi-conducteurs pour l'électronique avancée. Elle a dirigé l'Université Paris-Sud de 2016 à 2019, avant de décrocher son poste actuel, la présidence de l'Université Paris-Saclay. Cette physicienne directement issue du milieu universitaire aura du pain sur la planche. Entre la loi de programmation de la recherche votée par le précédent gouvernement et étalée sur dix ans critiquée pour son absence totale de prise en compte de l'inflation et le refinancement par une loi de programmation pluriannuelle demandée par les universités, le programme sera chargé. L'enjeu le plus important pourrait même être la détresse psychologique et la précarité des étudiants, grandement amplifiées par la crise sanitaire.

Pourquoi Frédérique Vidal n'a pas été reconduite en tant que ministre de l'Enseignement supérieur ?

Pour Frédérique Vidal, l'expérience présidentielle s'arrête là. Et pour cause, elle a eu très peu de visibilité durant ce mandat, en témoigne son absence total des baromètres d'opinion et des chroniques médiatiques. Cela s'explique en partie par la présence de Jean-Michel Blanquer au poste de ministre de l'Education nationale, sur qui tous les regards se sont tournés. Et pourtant, son bilan est plutôt rempli, elle qui a initié la loi LPR, initialement baptisée loi Vidal, qui a déclenché les ordonnances de 2018 et la loi ORE avec Parcoursup. Un bilan rempli certes, mais pas réellement approuvé par les principaux concernés, en témoigne la tribune signée par 600 membres du personnel de l'enseignement supérieur et de la recherche publiée au Monde en février dernier, dont le corps de texte est la demande de la démission de Frédérique Vidal. "Nous nous insurgeons contre l'indignité de ce qu'il faut bien ­qualifier de chasse aux sorcières" expliquaient-ils, en lien avec l'enquête sur "l'islamo-gauchisme" et le postcolonialisme à l'université. Signée par l'économiste Thomas Piketty et l'ingénieur de recherche Richard Walter, la tribune disait noir sur blanc : "Nous estimons une telle ministre indigne de nous représenter et nous demandons, avec force, sa démission". La laisser en poste aurait donc été un pari risqué.

En quoi consiste le poste de MESRI ?

Le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation travaille avant tout sur l'enseignement supérieur, la recherche, la technologie, l'espace, l'innovation, les universités, les sciences. Il est en charge de la préparation et la mise en œuvre de la politique du gouvernement relative au développement de l'enseignement supérieur, à la recherche et à la technologie. Les compétences principales sont la politique de l'espace, la définition des projets pédagogiques des établissements d'enseignement supérieur, l'attribution des ressources et des moyens alloués par l'État dans le cadre de la mission interministérielle "Recherche et enseignement supérieur", la définition et la mise œuvre du programme des investissements d'avenir, la politique en matière d'innovation, la préparation des décisions du Gouvernement relatives à la constitution d'universités de recherche à rayonnement international, la promotion des sciences et des technologies, la diffusion de la culture scientifique, technologique et industrielle et le développement et la diffusion des usages du numérique dans la société et l'économie.

Pour ce qui est du ministre en personne, il a autorité sur trois directions générales : celle de l'enseignement supérieur et de l'insertion professionnelle (DGESIP) ; celle de la recherche et de l'innovation (DGRI) ; celle de l'enseignement scolaire (DGESCO). Il peut aussi faire appel à d'autres administrations comme "la direction générale des médias et des industries culturelles, la direction générale des entreprises ou le conseil général de l'économie, de l'industrie, de l'énergie et des technologies", explique le site officiel du ministère.

Qui sont les derniers ministres de l'Enseignement supérieur ?

Voici les ministres délégués ou secrétaires d'Etat qui ont précédé Sylvie Retailleau :

  • Frédérique Vidal (mai 2017 - mai 2022)
  • Thierry Mandon (juin 2015 - mai 2017)
  • Geneviève Fioraso (avril 2014 - mars 2015)
  • Laurent Wauquiez (juin 2011 - mai 2012)
  • Valérie Pécresse (mai 2007 - novembre 2010)
  • François Goulard (juin 2005 - mai 2007)
  • François Loos (mai 2002 - juin 2002)
  • Jean de Boishue (mai 1995 - novembre 1995)