Remaniement : le premier conseil des ministres de 2024 reporté, Borne en suspens ?

Remaniement : le premier conseil des ministres de 2024 reporté, Borne en suspens ? L'Elysée fait planer la possibilité d'un remaniement en ce début d'année, après la tempête politique provoquée par le passage de la loi immigration. L'avenir de la Première ministre reste la grande inconnue.

Un remaniement ministériel est-il au programme de ce début d'année 2024 ? Plusieurs signes alimentent l'hypothèse. A commencer par la décision d'Emmanuel Macron de reporter le premier conseil des ministres, prévu mercredi 3 janvier, au mercredi suivant. Un choix pour lequel l'entourage du président de la République n'a pas souhaité "donner la raison". Pourtant, après une fin d'année 2023 explosive pour le camp présidentiel, avec le passage de la très controversée loi immigration, l'Elysée a appelé de ses vœux "un nouvel élan". Avec un nouveau gouvernement ? Et un nouveau visage à Matignon ? "Je vous remercie de votre question mais je pense qu'on aura l'occasion d'y revenir prochainement", a répondu la Première ministre Elisabeth Borne, interrogée sur son avenir lors de sa visite en Guyane, selon Franceinfo.

Dans ses vœux aux Français, Emmanuel Macron a tenu à "tout particulièrement remercier la Première ministre et son gouvernement". Une phrase qui pourrait tout aussi bien être un au revoir. Quel avenir pour les ministres qui ont exprimé des doutes au sujet de la loi immigration ? Une double menace plane même sur la ministre de la Culture, Rima Abdul Malak, qui avait également évoqué un possible retrait de la Légion d'honneur à Gérard Depardieu, mis en examen pour viol et agression sexuelle… avant qu'Emmanuel Macron la désavoue publiquement en prenant la défense aveugle de l'acteur. 

Remaniement ministériel : qui pourrait quitter le gouvernement ?

Le remaniement pourrait impliquer le départ d'Elisabeth Borne, Première ministre. Trois personnes sont pressenties pour prendre sa place : Sébastien Lecornu, ministre des Armées, Bruno Le Maire, ou encore Jean-Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires Etrangères. L'objectif, "un changement rapide pour repartir à l'offensive fortement", aurait dit Emmanuel Macron à l'un de ses ministres, selon le Journal du Dimanche. Et pour cause, 59 députés se sont abstenus ou ont voté contre la loi immigration. Aurélien Rousseau, ministre de la santé, n'a pas hésité à démissionner. Et son ancien ministère est déjà au le théâtre d'un scandale, car sa remplaçante, Agnès Firmin Le Bodo, fait l'objet d'une enquête dans le "cadre de sa fonction de pharmacienne". Elle serait visée par "une enquête ouverte depuis juin 2023", selon Mediapart, qui précise qu'elle aurait "reçu des cadeaux sans les déclarer" de la part du laboratoire Urgo. 

Sylvie Retailleau, ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche, faisait partie des cinq ministres qui avaient annoncé qu'ils démissionneraient en cas d'adoption de la loi immigration. Mercredi 20 décembre, elle a présenté sa démission à Emmanuel Macron en raison d'un "désaccord profond" sur les mesures qui concernent les étudiants étrangers. Jeudi, son entourage confiait à l'AFP que sa démission avait été refusée et que la ministre resterait "en poste". Le président de la République et la cheffe du gouvernement ont assuré à Sylvie Retailleau que les mesures auxquelles elle s'oppose farouchement seront révisées "si elles n'étaient pas censurées par le Conseil constitutionnel".

Il en ressort une indéniable impression d'épuisement politique, que le gouvernement navigue dans un brouillard au gré des circonstances. Ce genre de climat peut rapidement prendre des allures de fin de règne. Emmanuel Macron, qui lit les éditos et les journaux, sait bien que les critiques désobligeantes fusent et que l'opposition s'indigne toutes les semaines. Surtout, le chef de l'Etat ne peut continuer son mandat comme s'il n'y avait aucun malaise dans sa majorité - atteinte par la tournure prise par la loi immigration. Manifestement, il ne peut pas non plus poursuivre avec ce gouvernement qui a semblé subir, composer en permanence ou bien multiplier, à l'inverse, les coups de force devant le Parlement. Comment réenthousiasmer son action politique ?

Un remaniement autour du 15 janvier ?

Le président n'a sans doute pas l'ambition - démesurée - d'enthousiasmer les Français, mais il veut certainement s'offrir un nouveau souffle, insuffler un nouveau cap, et cela passe par un changement d'équipe. Un remaniement ministériel serait même déjà dans les cartons, si l'on en croit Europe 1, qui est catégorique sur le sujet : "Un remaniement d'ampleur aura lieu autour du 15 janvier", annonce dans le média un proche du président. Le site de la radio privée assure même qu'il y aura "des changements de têtes à tous les niveaux : de Matignon, aux ministères, en passant par un certain nombre d'administrations centrales". Et "le président compte aussi remanier une partie du premier cercle de son cabinet à l'Élysée". De quoi envoyer un nouveau message et construire un nouveau narratif à quelques mois des élections européennes.

Selon un témoin de premier plan de la relation Borne-Macron qui se confiait dimanche dans les colonnes du JDD, le couple exécutif ne serait plus vraiment sur la même longueur d'ondes, et seul un "changement à Matignon, avec une sorte de new deal qui bouleverse la donne" pourrait préserver la fin du quinquennat. Mais qui pour remplacer Élisabeth Borne si l'actuelle Première ministre ?

Pour le Journal du dimanche, après les retraites et l'immigration, l'objectif du plein emploi pourrait être l'horizon politique envisagé par Emmanuel Macron pour rebondir. Et qui de mieux qu'un homme loyal et au profil très politique pour reprendre les rênes de Matignon ? Si le nom de Bruno Le Maire est évoqué par certains observateurs, dont se fait l'écho le JDD, pour l'heure, tout ne reste toutefois que supputations.