L'affaire Dussopt embarrasse l'Elysée et... bloque le remaniement

Isabelle Missiaen

L'affaire Dussopt embarrasse l'Elysée et... bloque le remaniement Le sort du ministre du Travail est suspendu au verdict de son procès pour "favoritisme", attendu mi-janvier, en pleine rumeur sur un remaniement imminent.

Les conjectures sur un remaniement ministériel vont bon train en ce début d'année, relancées par la décision d'Emmanuel Macron de reporter le premier conseil des ministres. L'Elysée essaierait-elle de gagner du temps ? En plus du "nouvel élan" promis par le président de la République pour cette rentrée, plusieurs ministres semblent sur la sellette depuis qu'ils ont pris leurs distances avec la loi immigration en décembre. Mais le cas d'Olivier Dussopt est à part : le ministre du Travail, pour sa part, voit son avenir politique suspendu à la décision d'un tribunal.

Olivier Dussopt a été jugé fin novembre devant le tribunal correctionnel de Paris pour "complicité de favoritisme". L'affaire porte sur l'attribution d'un marché de gestion d'eau au groupe Saur en 2009, alors qu'il était député-maire socialiste d'Annonay (Ardèche). S'il était reconnu coupable, Olivier Dussopt devrait démissionner du gouvernement, selon la règle d'usage rappelée par Elisabeth Borne début octobre, à la veille du procès du garde des Sceaux Eric Dupont-Moretti. Dès lors, difficile pour l'Elysée d'engager un remaniement et d'arrêter les contours d'une nouvelle équipe gouvernementale avant le verdict de cette affaire, prévu pour le 17 janvier.

Mauvais timing pour l'Elysée

Le timing de cette affaire à encore et toujours de quoi embarrasser l'Elysée. Déjà, le dossier avait été révélé par Médiapart en pleins débats sur le projet de réforme des retraites, en février dernier. Un coup dur pour le ministre qui portait ce texte largement controversé.

Les soupçons de favoritisme sont fondés sur le compte-rendu d'un entretien entre Olivier Dussopt et la direction du groupe Saur quelques temps avant l'attribution du marché public. Mais aussi sur deux lithographies du peintre Gérard Garouste offertes au député-maire par la direction du groupe et jamais déclarées à la déontologue de l'Assemblée nationale.

Le dénouement de l'affaire tombe encore une fois au pire moment pour l'Elysée, qui va peut-être devoir temporiser. Désormais, si remaniement il doit y avoir, Emmanuel Macron a le choix : il peut attendre le verdict du procès, ou bien trancher lui-même sur le sort de son ministre du Travail avant même la décision de justice. Quitte à s'en mordre les doigts quelques semaines plus tard.