Quand Nicole Belloubet disait le contraire de Gabriel Attal sur l'école

Quand Nicole Belloubet disait le contraire de Gabriel Attal sur l'école Nicole Belloubet vient d'être nommée ministre de l'Education nationale, un choix étonnant au regard de ses anciennes positions au sujet de l'école, qui semblent incompatibles avec la vision portée par le gouvernement pour l'école.

Faut-il "supprimer le ministère de l'Education nationale ?" Nicole Belloubet posait la question dans un article universitaire rédigé en 2016, lorsqu'elle était membre du Conseil constitutionnel. Nommée à la tête de ce ministère ce jeudi 8 février, quel est son avis sur le sujet ? Il faudra attendre la passation de pouvoir pour connaître les premières grandes lignes de son projet, lesquelles devraient être suivies de très près par Matignon et l'Elysée. Gabriel Attal et Emmanuel Macron ont fait de l'éducation un sujet prioritaire et encore plus surveillé après la passage d'Amélie Oudéa-Castéra rue de Grenelle.

"Prise en compte des besoins spécifiques des élèves"

Mais Nicole Belloubet et Gabriel Attal seront-ils sur la même longueur d'onde ? Alors que le Premier ministre a pris un virage à droite qui s'est fait ressentir dans ses projets pour l'école, avec plus d'autorité et l'expérimentation du port de l'uniforme, en 2016 la nouvelle ministre de l'Education nationale prônait une politique diamétralement opposée. "Loin des fariboles sur la restauration de l'autorité ou le port de la blouse", l'objectif était selon elle de "sortir du cadre rigide du cours magistral, laisser du temps et de l'autonomie aux jeunes [et] ménager le droit à l'erreur dans les processus d'apprentissages". Nicole Belloubet jugeait également nécessaire de "moderniser les supports en considérant les possibilités offertes par le numérique au prisme de leur intérêt pédagogique". Sur ce point des efforts ont été faits, peut-être trop puisque Gabriel Attal alertait sur la trop importante exposition des enfants aux écrans, notamment à l'école, quand il était ministre de l'Education nationale. Huit ans plus tard, la ministre a peut-être rejoint l'avis de son prédécesseur.

C'est aussi, et déjà, les inégalités visibles dans le système scolaire que Nicole Belloubet dénonçait, notamment la fuite du "service public pour rejoindre l'entre-soi des classes homogènes dans l'enseignement privé". Une réflexion qui sous le prisme de l'actualité n'est pas sans faire référence à la préférence de l'enseignement privé dans les classes privilégiées et par plusieurs membres du gouvernement. Elle appelait en conséquence à "aller vers une réelle mixité sociale, condition même de l'égalité et de la réussite scolaire" pour lutter contre la ségrégation sociale dans les collèges qui atteignait "des sommets inacceptables" à l'époque selon l'économiste Thomas Piketty. En solution, la ministre posait la "décentralisation territoriale et fonctionnelle" impliquant davantage les collectivités territoriales. 

Pour mettre fin aux "inégalités [...] de plus en plus criantes" et "que le système éducatif français ne sait pas corriger", Nicole Belloubet soutenait la réforme des collège de 2015 défendue par Najat Vallaud-Belkacem. Laquelle avait au le soutien des syndicats réformistes, mais avait suscité une vive opposition de la part des syndicats majoritaires de l'époque.

Des enseignants mieux rémunérés

Si elle est la même aujourd'hui, la position tenue par la ministre de l'Education nationale en 2016 sur la rémunération des enseignants devraient parler aux syndicats. "Les enseignants doivent être considérés comme des cadres dans leur statut [et] doivent être mieux rémunérés" écrivait-elle précisant vouloir portant le niveau de rémunération au moins dans la moyenne européennes et avec des statuts financiers "comparables à ces deux pays voisins". "Il faut aussi les rémunérer plus justement et récompenser ceux qui s'engagent le plus et en premier les enseignants exposés à des situations particulièrement difficiles qui nécessitent des équipes stabilisées", ajoutait-elle.