Interview de Macron au 20h : envoi de troupes, arme nucléaire, Poutine… Ce qu'il faut retenir

Interview de Macron au 20h : envoi de troupes, arme nucléaire, Poutine… Ce qu'il faut retenir Face à Anne-Sophie Lapix et Gilles Bouleau, jeudi 14 mars, Emmanuel Macron a estimé qu'il n'y aurait pas de paix pour les Français tant qu'il n'y aurait pas de paix en Ukraine, assurant une nouvelle fois ne pas exclure l'envoi de troupes.

L'essentiel
  • Emmanuel Macron a accordé ce jeudi 14 mars une interview aux journaux télévisés de 20 heures de TF1 et France 2. Voici ce qu'il faut retenir de ses déclarations.
  • Le président de la République a clarifié ses positions sur l'envoi de troupes en Ukraine, alors que ce sujet faisait débat depuis ses déclarations devant la communauté internationale fin février. "Nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, mais on ne doit pas la laisser gagner", a estimé Emmanuel Macron selon qui l'envoi de troupes au sol n'est pas à l'ordre du jour pour le moment, mais l'option reste sur la table.
  • Pour Emmanuel Macron, la guerre est aux portes de l'Europe. "Si la Russie venait à gagner, la vie des Français changerait. Nous n’aurions plus de sécurité en Europe", a-t-il prévenu, qualifiant le Kremlin d'"adversaire". Et le président de tempérer cependant : "Mais, nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Nous sommes prêts à répondre à une escalade possible de la Russie."
  • Le chef de l'État est également revenu sur la menace de Vladimir Poutine d'user de l'arme nucléaire. "Le nucléaire n'est pas un instrument de menace, c'est un instrument de sécurité", a-t-il jugé.
  • Enfin, le président de la République a profité de son interview pour tacler le RN et LFI, estimant que "choisir de s’abstenir ou de voter contre [le soutien à Kiev au Parlement cette semaine ndlr.], ce n’est pas vouloir la paix, c’est choisir la défaite".
En direct

08:05 - Ce qu'il faut retenir des déclarations d'Emmanuel Macron

Dans une interview de près de 40 minutes, Emmanuel Macron a reprécisé ses positions sur la guerre en Ukraine et sur le soutient de l'aide française à Kiev. Il n'a pas bougé d'un pouce sur le possible envoi de troupes au sol assurant envisager cette option si nécessaire. Mais le chef de l'Etat a assuré que "nous ne sommes pas en guerre contre la Russie. Nous sommes prêts à répondre à une escalade possible de la Russie." Il s'est étendu sur d'autres points liés à l'aide à l'Ukraine, notamment le risque qu'elle fait peser sur l'Europe et l'engagement financier des Européens, notamment des Français.

Le président de la République a aussi fait son entrée en campagne en attaquant, sans les nommer, des opposants politiques, toujours sur le sujet de la guerre en Ukraine. Emmanuel Macron a aussi glissé un mot sur la guerre entre Israël et le Hamas. Voice ce qu'il faut retenir de l'interview.

14/03/24 - 23:29 - "La France de la paix nous manque", déplore Manuel Bompard

FIN DU DIRECT - Le coordinateur national de La France insoumise s'est ému qu'Emmanuel Macron confirme jeudi soir la possibilité d'envoyer des soldats français en Ukraine. "Il n'a pas pris conscience de l'irresponsabilité de ses déclarations qui ont profondément isolé la parole de la France et forcé nos homologues à lever toute ambiguïté stratégique", a-t-il déploré. Pour lui, Emmanuel Macron "s'entête dans une posture va-t-en-guerre au mépris des risques d'escalade vers une guerre nucléaire généralisée". Et le patron des insoumis de conclure : "La France de la paix nous manque."

14/03/24 - 22:45 - Pour Éric Coquerel, le président est "totalement irresponsable"

"Macron s'en va-t-en-guerre..." a déploré sur X le député insoumis Éric Coquerel. Et d'interroger : "Est-ce vraiment ce que les Français veulent vivre ?", avant de dénoncer un président de la République "totalement irresponsable".

14/03/24 - 22:23 - Pour l'écologiste Marine Tondelier, "Macron n'a pas rassuré"

Sur X également, Marine Tondelier a estimé que le président de la République n'avait "pas rassuré" ce jeudi soir. "En réalité, la France est isolée diplomatiquement", a-t-elle jugé. Et de proposer : "Notre effort doit porter sur : l’Europe de la défense, l’aide active à la victoire des Ukrainiens, la saisie des avoirs russes et la fin EFFECTIVE des importations qui financent leur effort de guerre."

14/03/24 - 21:47 - Éric Ciotti s'interroge sur les réelles intentions d'Emmanuel Macron

Le patron des Républicains a également réagi à l'interview de Macron sur le soutien à l'Ukraine, sur le réseau social X. "Après cette nouvelle déclaration d’Emmanuel Macron, je m’interroge : veut-il faire la guerre à la Russie ou occuper l’espace politique en pleine campagne des européennes ?" questionne Éric Ciotti. Et de renchérir : "Soutenir l’Ukraine, oui. Souffler sur les braises d’un potentiel conflit mondial à des fins électorales, non !!"

14/03/24 - 21:26 - "Le président fait peur" à Jean-Luc Mélenchon

Peu après l'entretien d'Emmanuel Macron à TF1 et à France 2, Jean-Luc Mélenchon n'a pas manqué de réagir sur X. "Le président fait peur. Il sait qu'assis, on finit par se lever. Et que si on alimente la guerre, on finit par la faire soi-même. Ceux qui veulent la paix préparent la paix. Lui non", a estimé l'ancien candidat à la présidentielle.

14/03/24 - 20:49 - Emmanuel Macron questionné sur un autre conflit, celui qui oppose Israël au Hamas

En toute fin d'entretien, le président de la République a été questionné sur la situation à Gaza et la riposte particulièrement sanglante d'Israël à l'attaque du Hamas perpétrée le 7 octobre dernier. "Nous avons condamné massivement l’attentat du 7 octobre contre Israël. Nous avons une position simple : la sécurité d’Israël est importante, mais vous devez respecter le droit international et humanitaire car vous êtes une démocratie." Emmanuel Macron a ajouté que les discussions étaient toujours en cours concernant la libération des trois derniers otages français retenus à Gaza.

14/03/24 - 20:45 - Emmanuel Macron étrille ceux qui ont voté contre le soutien à Kiev

Alors que le Rassemblement national, comme La France insoumise, a voté contre le soutien à l'Ukraine cette semaine au Parlement, le président n'a pas manqué de tacler ses opposants. "J’ai un désaccord très profond. Choisir de s’abstenir ou de voter contre, ce n’est pas vouloir la paix, c’est choisir la défaite", a-t-il lâché.

14/03/24 - 20:41 - Vers des emprunts européens pour soutenir l'Ukraine ?

Lors de son entretien, le président de la République n'a pas exclu la mise en place d'emprunts européens afin de continuer à soutenir Kiev.

14/03/24 - 20:39 - Emmanuel Macron reconnaît que l'industrie de défense de la France n'est pas adaptée

Face aux journalistes de France 2 et de TF1, le chef de l'État a reconnu que "nous n'avons pas une industrie de défense adaptée" à une guerre comme celle qui se déroule en Ukraine. Mais le président a tout de même tenu à souligner les efforts de production français, notamment en ce qui concerne les obus et les canons. 

14/03/24 - 20:33 - "Ce n’est pas approprié de proférer des menaces quand on a l’arme nucléaire"

Questionné sur la menace de Vladimir Poutine de dégainer l'arme nucléaire, Emmanuel Macron a jugé que "ce n’est pas approprié de proférer des menaces quand on [l'a]", glissant au passage ne plus avoir de contact direct avec le chef du Kremlin "depuis plusieurs mois". Se voulant rassurant, le président a déclaré que "nous devons d'abord nous sentir protégés, car nous sommes une force nucléaire. Nous sommes prêts, nous avons une doctrine". Quant au nucléaire, "il faut peu de mots, c'est un instrument de sécurité", a-t-il souligné.

14/03/24 - 20:27 - "Le régime du Kremlin est notre adversaire", estime Emmanuel Macron

"Vouloir la paix, ce n'est pas choisir la défaite", a insisté Emmanuel Macron, selon qui "dire que nous ne répondrions pas, c'est déjà être dans la défaite". Dans la suite de ses propos, il n'a pas hésité à qualifier la Russie d'"adversaire". "Le régime du Kremlin est notre adversaire", a-t-il clairement fait savoir, assurant toutefois que la France n'est "pas en guerre contre la Russie", mais prête "à répondre à une escalade possible" de Moscou.

14/03/24 - 20:19 - "La sécurité de l'Europe et la sécurité des Français se jouent là-bas"

Pour Emmanuel Macron, c'est un fait : "La guerre est sur le sol européen." Dans ce contexte de conflit, la France "se prépare", a-t-il affirmé. "Si la Russie venait à gagner, la vie des Français changerait. Nous n’aurions plus de sécurité en Europe", a prévenu le président de la République. "Qui peut penser que le président Poutine s'arrêterait là ?" a même questionné le chef de l'État pour qui "la sécurité de l'Europe et la sécurité des Français se jouent là-bas", en Ukraine.

En savoir plus

Qui veut la paix, préparer la guerre. Les déclarations d'Emmanuel Macron lors de son interview au 20 Heures de TF1 et France 2, le jeudi 14 mars, peuvent se résumer à cet adage. Le président de la République a tenu à clarifier ses positions sur la guerre en Ukraine et surtout sur l'aide française allouée à l'Ukraine. Il a d'ailleurs commencé par revenir sur ses propos controversés tenus fin février et n'excluant pas l'envoi de troupes au sol en Ukraine et a maintenu sa position : "Toutes ces options sont possibles", a insisté le chef de l'Etat sur l'importance de ne pas "être faible" face à la Russie. "Il nous faut (...) dire que nous sommes prêts à mettre les moyens pour atteindre notre objectif, qui est que la Russie ne gagne pas", a-t-il ajouté. Mais s'il continue d'envisager toutes les possibilités, Emmanuel Macron assure que la France ne deviendra pas belligérante : "Nous ne sommes pas dans l'escalade, nous ne sommes pas en guerre contre la Russie, mais nous ne devons pas laisser gagner la Russie". Il refuse d'ailleurs de qualifier la Russie d'"ennemi" mais parle plutôt "d'adversaire".

L'envoi de troupes française au sol n'est donc pas encore décidé, mais elle n'est toujours pas exclut non plus. Mais si l'hypothèse venait à se concrétiser, quels troupes seraient envoyées en Ukraine ? Emmanuel Macron a refusé de le préciser. "Je ne vais pas donner de la visibilité à quelqu'un qui ne m'en donne pas. C'est au président Poutine qu'il faut poser cette question. Allez lui demander où sont ses lignes rouges" a répondu le chef de l'Etat toujours dans une logique d'"ambiguité stratégique", qui consiste à entretenir le flou sur la force d'une possible riposte. Mais encore un fois, le président de la République a assuré vouloir oeuvrer à la paix malgré cette prise de précaution : "Vouloir la paix, ce n'est pas choisir la défaite, c'est être crédible".

Une guerre à risque pour les Européennes et les Français

Pour justifier ses positions et déclarations, Emmanuel Macron a présenté l'issue de la guerre en Ukraine comme "existentielle pour notre Europe et pour la France" car "si la Russie venait à gagner, la vie des Français changerait". Selon lui, "la sécurité de l'Europe et des Français se joue là-bas". Si l'Ukraine perdait face à la Russie, de nombreux pays seraient menacés et "la crédibilité de l’Europe serait réduite à zéro". Le chef de l'Etat promet que l'Europe ne sera pas la première à frapper, mais prévient d'une possible avancée de la Russie sur le continent : "Qui peut penser que le président Poutine, qui n'a respecté aucun de ses engagements, s'arrêterait là ?". Et d'ajouter : "Si la guerre venait à s'étendre en Europe, ce serait le seul choix et la seule responsabilité de la Russie".

Un tacle de Macron au RN et à LFI

Cette clarification sur la guerre en Ukraine a été l'occasion pour Emmanuel Macron de lancer des piques à certains de ses opposants politiques. Sans les nommer, le chef de l'Etat a pointé du doigt le Rassemblement national, dont les élus se sont abstenus de voter l'accord de sécurité bilatéral avec l'Ukraine, et La France insoumise qui a voté contre cet accord. "Choisir de s'abstenir ou de voter contre un soutien à l'Ukraine, ce n'est pas choisir la paix, c'est choisir la défaite", a lâché le président de la République. "Ce n'est pas sérieux. Notre responsabilité, c'est d'être fort pour la paix, de tenir cette unité européenne" a-t-il également estimé.

Ce tacle aux opposants politiques s'inscrit bien dans la volonté d'Emmanuel Macron d'exposer les enjeux de la situation, mais il répond aussi à la volonté de faire valoir ses idées par rapports aux adversaires politiques, d'autant plus à trois mois des élections européennes. La majorité présidentielle a décidé de faire de la guerre en Ukraine un des axes majeures de la campagne et Emmanuel Macron a fait son entrée officielle en campagne ce jeudi soir.

Quid de la guerre entre Israël et le Hamas ?

L'interview d'Emmanuel Macron s'est terminée sur un autre sujet : la guerre entre Israël et le Hamas. Le chef de l'Etat a rappelé que la France a condamné clairement "l'attentat" du 7 octobre, et a une nouvelle fois appelé l'Etat hébreu à "respecter le droit humanitaire, le droit de la guerre, le droit international". Il a toutefois précisé n'avoir jamais reconnu à Israël un "droit absolu" à se défendre et a défendu une solution à deux Etats. Quant aux otages, la France en compte encore trois et assure que "les discussions sont en cours" pour leur libération. La remise en liberté des otages est "essentielle, et je souhaite qu'au-delà des otages français, tous les otages israéliens et du monde entier soient libérés".