Un film sur Gaza projeté à l'Assemblée, très peu de députés présents
Ce mercredi 29 mai 2024, le député apparenté LFI Aymeric Caron diffusait à l'Assemblée nationale le film "Gaza depuis le 7 octobre" qu'il a lui-même monté. Une compilation d'images d'habitants et de journalistes locaux sur le quotidien des habitants de la bande de Gaza depuis le début des bombardements. Lors de la séance, seuls 17 députés ont répondu à l'appel et étaient présents pour visionner les images, souvent insoutenables. À titre de comparaison, ils étaient près d'une centaine lors de la projection sur les attaques du Hamas du 7 octobre 2023 d'un film diffusé par la majorité, le 14 novembre dernier, grâce à des images recueillies auprès des autorités israéliennes.
Le film Gaza depuis le 7 octobre , qui témoigne du quotidien des Gazaouis depuis plus de 7 mois, sous les bombes et les tirs, a été projeté ce soir à lAssemblée nationale.
— Aymeric Caron (@CaronAymericoff) May 29, 2024
Seuls 17 députés ont fait le déplacement.
Ce qui permettra à la majorité des membres de lAssemblée pic.twitter.com/iPfUk6GtaV
1h30 d'images "brutes" et atroces
Il est 19h15 quand la vidéo débute dans l'hémicycle. Au total, les députés présents ont pu visionner une heure et trente minutes d'images provenant de "sources sures" assure Aymeric Caron auprès de l'AFP. Les images montrent notamment des bombardements et les décombres. Comme sur de nombreuses images diffusées sur les réseaux sociaux dernièrement, des enfants déambulent sur les détritus, les décombres et les corps après des explosions pour tenter de trouver de quoi se nourrir au milieu du chaos. Les images "ne sont pas floutées" a précisé Aymeric Caron. Elles sont "brutes" et "il n'y a aucune image du Hamas" précise-t-il.
"Cela prouve le manque d'humanité totale des représentants de la Nation"
Désabusé après la diffusion des images, Aymeric Caron indique ne pas pouvoir "comprendre qu'aujourd'hui encore, la majorité des députés de cette Assemblée renacle à dire qu'il y a des crimes de guerre et contre l'humanité absolument insupportables commis à Gaza, et à vouloir nier qu'il est tout à fait légitime de se poser la question du génocide. Ou alors, ils sont dans un cynisme absolu pour des raisons politiques, qui fait qu'ils le savent mais néanmoins décident de nier tout ça car ça ne correspond pas à leur agenda politique, et cela prouve le manque d'humanité totale des représentants de la Nation dans cet hémicycle".
Le faible nombre de participants interroge, jusqu'à l'autre bout de l'échiquier politique. Une attitude fustigée par le député du RN Julien Odoul : "Ils nous parlent Gaza matin, midi, soir, et au moment où un film va montrer les souffrances, ils ne sont pas là. Leur absence le montre, ils se foutent totalement du peuple palestinien" a-t-il déclaré. En effet, aucun élu de Renaissance ni de LR n'était présent à l'Assemblée nationale pour visionner le film. Côté insoumis, très peu d'élus ont fait le déplacement. "On peut avoir des positions de fermeté, aller vers la paix, sans avoir besoin de voir les cadavres" estimait hier, Sandrine Rousseau, députée écologiste de Paris.
Jérôme Guedj et le PS "pressés" pour participer à la diffusion ?
Les tensions ne se sont pas arrêtées là. Le ton est monté entre le socialiste Jérôme Guedj et Aymeric Caron. Le premier estime avoir été mis "au pied du mur" par le second vis-à-vis de ce film. "On a besoin d'initiatives de rassemblement, pas de choses qui rajoutent du clivage, il y a assez de tensions. Mon inquiétude, c'est que les choses basculent et on doit être exemplaire" a-t-il indiqué au micro de BFMTV. Il l'accuse notamment d'avoir pressé ses collègues pour participer à la diffusion.
Une déclaration à laquelle Aymeric Caron n'a pas tardé à répondre sur X (ex-Twitter) : "Non Jérôme Guedj, tu mens : je n'ai " pressé " personne pour voir le documentaire " Gaza, depuis le 7 octobre ", que je projetais ce soir à l'Assemblée. Je n'en ai parlé qu'à une seule personne de ton groupe quand je l'ai croisée par hasard. Pour le reste, invitation par mail. Je n'ai eu aucun échange direct avec toi à ce sujet. Ça et " Caron a des positions clivantes sur le sujet ", formulé sur BFM, alors que mes positions sont désormais confirmées par la justice internationale, franchement, tu abaisses le niveau de la politique et tu affaiblis inutilement la nécessaire union de la gauche et de l'écologie". De son côté, l'élu LFI Alexis Corbière a préféré décliner l'invitation, reconnaissant qu'il supporterait "mal de voir des images d'horreur". "Je pense que c'est un film à voir" a-t-il toutefois indiqué, très émus et au bord des larmes sur BFMTV, en parlant de ses propres enfants.