En autorisant l'Ukraine à recourir aux armes américaines, Biden ouvre-t-il la voie à Macron ?
Joe Biden donne son feu vert. Pressé par plusieurs de ses alliés, le président américain a autorisé, jeudi 30 mai, les forces ukrainiennes à mener des frappes sur le sol russe, à proximité de Kharkiv, dans certaines conditions. La première : que ces frappes concernent seulement la région de Kharkiv, au nord-est du pays. La situation géographique de Kharkiv est très proche de la frontière russe et l'armée russe attaque l'Ukraine avec des armes positionnées de son propre côté de la frontière.
La seconde condition : l'Ukraine ne peut frapper la Russie avec toutes les armes américaines. "Notre position d'interdiction de l'utilisation d'ATACMS ou de frappes en profondeur à l'intérieur de la Russie n'a pas changé", a indiqué un responsable américain. Ces missiles de longue portée fournis par les Américains à l'Ukraine, peuvent aller jusqu'à 300 kilomètres de distance. La décision de Joe Biden marque un tournant. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken avait préparé le terrain à une telle annonce. "Alors que les conditions ont changé, alors que le champ de bataille a changé, alors que la Russie a modifié la manière de conduire son agression, nous nous sommes adaptés et ajustés et je suis convaincu que nous continuerons de le faire", avait-t-il précisié. La France, comme d'autres pays de l'Otan, avait insisté pour permettre l'utilisation des armes livrées à l'Ukraine.
Un risque d'escalade ?
Emmanuel Macron avait notamment soutenu la possibilité que Kiev puisse "neutraliser" les bases militaires d'où la Russie tire ses missiles contre le territoire ukrainien. " On doit leur permettre de neutraliser les sites militaires d'où sont tirés les missiles (...) les sites militaires depuis lesquels l'Ukraine est agressée ", avait déclaré le chef de l'Etat français le 29 mai. " Si on leur dit, vous n'avez pas le droit d'atteindre le point d'où sont tirés les missiles, en fait on leur dit, on vous livre des armes, mais vous ne pouvez pas vous défendre ", a-t-il indiqué, précisant qu'il ne souhaitait pas "d'escalade ". Une éventualité que plusieurs pays européens redoutent. Cette nouvelle utilisation pourrait entraîner les pays occidentaux dans un conflit à grande échelle. Le Kremlin ayant déjà reproché à l'Otan de lancer "un nouveau cycle d'escalade".