Quel ministre de la Défense pour le RN ? Jacobelli envisagé, mais pas seulement
Jordan Bardella attend beaucoup des résultats des élections législatives. L'issue du scrutin, qui doit être connue à parti de 20 heure ce dimanche 7 juillet, déterminera la force du Rassemblement national à l'Assemblée nationale et plus largement les rapports de forces entre les familles politiques. Mais le président du parti espère que les sondages des législatives, publiés jusqu'à vendredi avant le début de la période de réserve, qui misaient sur l'obtention d'une majorité relative pour le parti lepéniste auront vu juste.
Si le Rassemblement national veut remporter les législative c'est parce qu'il souhaite voir Jordan Bardella s'installer à Matignon. Le politique de 28 ans assure d'ailleurs être prêt à devenir Premier ministre et avoir déjà "son gouvernement en tête". Mais le président du parti à la flamme n'est pas sans savoir que c'est au président de la République de nommer le chef du gouvernement, comme c'est à lui de décider de la composition du gouvernement sur proposition du Premier ministre. L'accord du chef de l'Etat est d'autant plus important pour certains portefeuilles, dont celui de la Défense. Alors qui Jordan Bardella envisage-t-il de nommer à ce poste ? Le nom de Laurent Jacobelli revient avec insistance, mais celui d'Eric Ciotti est également évoqué.
Jacobelli qui siège à la commission de la défense nationale et des forces armées
Laurent Jacobelli est un homme de télévision, lui qui a été le directeur des programmes de TV5 Monde de 2005 à 2008, avant de se tourner vers la politique en 2014. Membre du parti Debout La France de Nicolas Dupont-Aignan, il rejoint le Front national avant la présidentielle de 2017 et grimpe progressivement les échelons jusqu'à être nommé porte-parole de Jordan Bardella, notamment durant les élections européennes de 2024.
Député depuis 2022, Laurent Jacobelli fait partie de la commission de la défense nationale et des forces armées. En 2023, il rédige notamment un rapport d'information, le numéro 864, en conclusion des travaux d'une mission d'information sur le bilan de la Loi programmation militaire (LPM) de 2019 à 2025. De quoi en faire un ministrable ? Tout à fait, La Provence, s'avance notamment sur une possible nomination du député et conseiller du Grand Est à la défense en lieu et place de Sébastien Lecornu.
Laurent Jacobelli a plusieurs fois pris position sur des sujets liés à la défense et en février 2024, dans une tribune pour le JDD, il faisait la part belle à l'indépendance de la France en matière de défense et le poids néfaste de l'Europe dans les décisions nationales. "Emmanuel Macron ne tirant aucune leçon de ces échecs, s'apprête cette fois-ci à sacrifier notre défense sur l'autel de Bruxelles. [...] Imagine-t-on qu'un jour le bouton nucléaire soit partagé avec un technocrate non-élu par les Français, basé à Bruxelles ? C'est en tout cas le scénario dont rêvent ces deux européistes forcenés [Emmanuel Macron et Ursula Von der Leyen, ndlr]" écrivait-il.
L'avis de Laurent Jacobelli sur les politiques de défense de la France
Le porte-parole de Jordan Bardella au dernier scrutin européen ne manque pas de rappeler l'échec des politiques en place et de délivrer sa propre vision de la défense hexagonale. Une façon de se positionner en candidat légitime au poste de ministre, si le RN venait à remporter les prochaines élections législatives. "Lorsque notre Nation s'engage dans les coopérations européennes MGCS (char du futur) et SCAF (avion de combat du futur), elle le fait sans plan de repli en dépassant les seuls intérêts de sa propre industrie. Si l'obstination du couple Macron-Von der Leyen trouve donc un écho chez certaines Nations, ces dernières y voient avant tout l'opportunité de renforcer leurs propres armées et industries de défense, quitte à affaiblir celles d'une France jugée naïve".
Pour lui, "au moment où les Nations européennes rehaussent leurs capacités de défense, le défi n'est pas de fusionner nos armées dans un " grand tout européen ", mais de les rendre interopérables. La France doit pouvoir faire appel à ses alliés anglais et allemands si leurs intérêts sont menacés. À l'inverse, tout comme nos partenaires, nous devons avoir la possibilité de refuser d'intervenir si une opération extérieure nuit à nos intérêts. Souvenons-nous de l'Irak ! (...) Il est plus que jamais nécessaire de renouer avec les concepts de Nations solidaires et de souveraineté… et de ne jamais oublier que l'impérialisme, fût-il européen, a toujours amené la guerre, jamais la paix".
Qui de Bardella ou Macron aura le dernier mot sur la Défense ?
Le Rassemblement national n'est pas encore au pouvoir que déjà il s'imagine avoir le pouvoir de décision sur les questions de défense. "Chef des armées, pour le Président, c'est un titre honorifique puisque c'est le Premier ministre qui tient les cordons de la bourse", a ainsi déclaré Marine Le Pen au Télégramme créant un tollé mais soulevant la question du vrai décideur pour les sujets militaires. La Constitution dispose à l'article 15 que "le président de la République est le chef des armées" et "préside les conseils et les comités supérieurs de la Défense nationale", mais ajoute aux articles 20 et 21 que le Premier ministre "dispose de l'administration et de la force armée" en plus d'être "responsable de la Défense nationale".
Jordan Bardella et Emmanuel Macron pourraient donc, en cas de cohabitation, être amenés à obtenir des consensus sur ses sujets ou, à défaut, à contrevenir aux ambitions de l'autre. Reste que les précédentes cohabitations ont montré qu'en matière de Défense, le chef de l'Etat était souvent celui qui avait le dernier mot. A commencer par le nomination du ministre de la Défense ?