Elisabeth Borne en course pour la tête du parti Renaissance : un duel face à Gabriel Attal annoncé ?
Après sa réélection dans la 6ème circonscription du Calvados le 7 juillet dernier, Elisabeth Borne était restée très discrète pendant la coupure estivale. Pourtant, la députée semble bien nourrir de nouvelles ambitions. Dans une interview accordée au Parisien, elle a déclaré être candidate à la tête du parti présidentiel Renaissance. Elle prendrait ainsi la place de Stéphane Séjourné, actuel ministre des Affaires étrangères démissionnaire.
"Avec cette Assemblée, personne ne va appliquer son programme. Cette instabilité politique redonne un rôle différent aux partis politiques : on a besoin qu'ils redonnent de l'espoir aux Français, qu'ils élaborent une vision, un projet, pour le pays. Je veux mettre mon expérience au service de ce travail, avec humilité et beaucoup de collégialité : donc, oui, je suis candidate à la direction de Renaissance", a-t-elle alors déclaré. L'objectif d'Elisabeth Borne dans ce rôle est clair : "rassembler de façon très large". "Un enjeu vital est de préserver l'unité de ce parti, qui n'a pas vocation à être une chapelle ou une écurie présidentielle", a-t-elle précisé.
Déterminée, la députée pourrait se retrouver face à un adversaire de taille, Gabriel Attal. Premier ministre démissionnaire, il pourrait ensuite garder un rôle important dans le parti présidentiel. Pour la députée, il n'en serait rien, ce dernier étant déjà président du groupe du parti à l'Assemblée : "Gabriel Attal est président de notre groupe à l'Assemblée nationale et c'est très important, car on a besoin de son énergie et de son talent. Il l'a dit lui-même, son objectif, c'est le groupe. Je pense donc qu'il souhaite continuer à le diriger, plutôt que de devenir secrétaire général du parti, ce qui l'amènerait à quitter le groupe". Elisabeth Borne affirme que "traditionnellement, il n'est pas d'usage" de combiner ces deux postes.
Gabriel Attal, un sérieux rival ?
Pour le moment, Gabriel Attal n'a pas révélé ses intentions, même si rien ne l'empêche de cumuler les deux fonctions. Si le Premier ministre démissionnaire candidatait, les chances de victoire d'Elisabeth Borne pourraient être réduites : "je ne vois pas comment elle peut battre Attal auprès des militants", a assuré un parlementaire, comme l'a rapporté RMC. Elisabeth Borne est toutefois soutenue par la ministre démissionnaire chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé, qui a déclaré sur France Inter qu'elle serait "aux côtés d'Elisabeth Borne pour mener cette campagne". "Je crois qu'on a besoin de cet esprit collectif, de cet esprit de rassemblement dont elle est capable", s'est justifié la ministre démissionnaire. Clément Beaune, ancien ministre des Transports, a également pris le parti de l'ancienne Première ministre sur TF1 : "une ancienne Première ministre, une femme, élue d'une circonscription rurale qui a gagné face au Rassemblement national, c'est un atout pour notre famille politique. Et surtout, c'est une bosseuse", a-t-il vanté. Ils réfutent tout deux une "candidature anti-Attal".
Le climat entre les deux politiques est tendu depuis que Gabriel Attal a pris la place d'Elisabeth Borne à la tête du gouvernement. Elle avait d'ailleurs dénoncé le projet de réforme de l'assurance chômage de son successeur et avait tenté de se placer face à lui lors de l'élection de la tête du groupe parlementaire Renaissance à l'Assemblée nationale, avant de se raviser.
L'issue de cette élection attendra un peu puisque le parti présidentiel ne devrait se réunir en Congrès qu'à l'automne, même si aucune date n'est encore fixée. A l'issue de celui-ci, 150 membres du Conseil national seront élus et choisiront à leur tour le secrétaire général du parti.