Le gouvernement Bayrou censuré ? A la fin, c'est encore le RN qui arbitre

Le gouvernement Bayrou censuré ? A la fin, c'est encore le RN qui arbitre Le gouvernement Bayrou qui a fait sa rentrée ce 3 janvier pourrait être renversé d'ici quelques jours par une motion de censure. Comme après la nomination de Barnier, ce sont les voix du RN qui pourraient décider de l'avenir de l'exécutif.

Le gouvernement de François Bayrou a fait sa rentrée en participant au Conseil des ministres ce 3 janvier 2024. Cette première réunion autour du Premier ministre et du chef de l'Etat ne s'est pas éternisée : à peine plus d'une heure de discussions pour dresser les grandes lignes et les priorités du gouvernement. Il faut dire que plusieurs ministres n'ont pas attendu ce rendez-vous pour se mettre (et se montrer) au travail avec des déplacements hâtifs qui traduisent la nécessité du gouvernement d'agir vite, que ce soit pour répondre aux urgences, comme la situation à Mayotte ou le vote d'un budget 2025, ou pour gagner le soutien d'une majorité de l'Assemblée nationale.

François Bayrou sait que son temps à Matignon et celui de ses ministres est compté alors que l'ombre d'une motion de censure plane déjà sur lui. Le Premier ministre prononcera son discours de politique générale devant le Parlement le mardi 14 janvier et devrait voir une motion de censure déposée contre lui dans la foulée et votée autour du 16 janvier. Des élus de La France insoumise (LFI) ont d'ores et déjà annoncé vouloir "dégager" le gouvernement selon l'expression utilisée par le député Antoine Léaument.

Le RN pour ou contre une censure de Bayrou ?

Le gouvernement Bayrou pourrait alors connaître le même sort que celui de Michel Barnier censuré début décembre seulement 91 jours après la nomination de l'ex-Premier ministre. Alors que le patron du MoDem voulait réussir là où son prédécesseur avait échoué en s'assurant le soutien d'une partie de la gauche, il n'est pas parvenu à rallier le Parti socialiste (PS) à sa cause. Conséquence : "on est reparti comme avec Barnier. Sans le PS, c'est Marine Le Pen qui sera encore l'arbitre", s'agace un ex-ministre auprès du Parisien. C'est pourtant le scénario que François Bayrou voulait absolument éviter.

Hélas pour le gouvernement Bayrou, les élus menés par Marine Le Pen entretiennent le flou. Si Jordan Bardella, le président du Rassemblement national (RN), assurait que le parti d'extrême droite ne censurerait pas "a priori" le nouvel exécutif, le ton a depuis changé. Le parti se montre favorable à une nouvelle dissolution ou à la démission du chef de l'Etat qui serait déstabilisé par une nouvelle censure. D'un autre côté, Marine Le Pen a soutenu les mesures gouvernementales prises pour Mayotte, partage l'avis de François Bayrou concernant l'instauration de la proportionnelle pour les législatives et a relativement épargné le Premier ministre dans ces dernières prises de parole.

Reste que la position du RN vis-à-vis du gouvernement peut réserver des surprises comme lors de la censure de Michel Barnier en dépit des concessions faites par l'ancien Premier ministre à l'extrême droite. Elle peut aussi évoluer. Dans l'hypothèse d'un non soutien à la motion de censure annoncée pour la mi-janvier, rien ne dit que le RN ne votera pas une motion de censure plus tard. C'est d'ailleurs l'avis d'un conseiller de l'exécutif qui estime auprès du Parisien que la question n'est pas de savoir si le gouvernement va être censuré, mais quand il le sera.

Un Premier ministre sans "socle commun"

Si l'avenir du gouvernement Bayrou dépend surtout de la position du RN, il pourrait souffrir du manque de soutiens au sein du "socle commun" qu'avait trouvé Michel Barnier rassemblant la droite des Républicains (LR) et les partis de la coalition présidentielle. Les élus de droite, qui comptent des ministres mais déplorent la présence de la gauche au gouvernement, disent vouloir tenir une position responsable, mais n'écartent pas de s'opposer à l'exécutif selon les décisions prises à Matignon. François Bayrou n'est pas non plus très populaire auprès de tous les macronistes, mais ces derniers ne devraient pas aller jusqu'à censurer le gouvernement. La manoeuvre reviendrait à fragiliser le chef de l'Etat et donc leur propre camp.