Bras de fer France-Algérie : une nouvelle mesure de Darmanin sur les entrées en France

Bras de fer France-Algérie : une nouvelle mesure de Darmanin sur les entrées en France Dans un contexte de tensions croissantes entre la France et l'Algérie, le ministre de la Justice souhaite la "remise en cause d'un accord de 2013", permettant à certains algériens de "venir en France pour pouvoir circuler librement".

Dimanche 12 janvier 2025, Gérald Darmanin a annoncé au micro de LCI vouloir "supprimer" l'accord intergouvernemental franco-algérien de 2013, permettant à la nomenklatura algérienne de se rendre en France sans visa. "Il y a un accord de 2013, qui est un accord gouvernemental, qui permet à ceux qui ont un passeport officiel, un passeport diplomatique algérien, il y en a des milliers", de "venir en France sans visa pour pouvoir circuler librement", a déclaré le ministre de la Justice.

"Toucher les dirigeants ou la plupart des dirigeants algériens qui ont la position de décision d'humiliation, comme l'a évoqué le ministre de l'intérieur, Bruno Retailleau, ça me paraît plus intelligent, plus efficace, et ça peut se faire très rapidement", a ajouté le garde des Sceaux. Selon lui, il est important de "supprimer cette facilité". Une "mesure de rétorsion" qui ne toucherait, en revanche, pas "les 10 % de nos compatriotes qui ont des liens de sang, de sol, de culture, y compris les Pieds-Noirs", a précisé Gérald Darmanin.

Un climat délétère entre Paris et Alger

Ces déclarations et cette proposition interviennent dans un climat d'extrême tension entre Paris et Alger. Mis dans un avion pour l'Algérie jeudi dernier, après la publication d'une vidéo publiée sur le réseau social TikTok dans laquelle il "appelait à donner une sévère correction à un homme semblant résider en Algérie", l'influenceur algérien "Doualemn" a été renvoyé le soir-même en France car "interdit de territoire" dans son pays d'origine. Dimanche, sa rétention a été prolongée de 26 jours par un juge. Un fiasco qui avait déclenché la colère du ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau : "Avec l'Algérie, on a atteint un seuil extrêmement inquiétant. L'Algérie cherche à humilier la France", avait lancé le locataire de Beauvau. 

"C'est un pays souverain qui entend le dire et ils ont raison, nous devons les respecter. Mais ils doivent nous respecter aussi. L'Algérie doit respecter la France, la France doit respecter l'Algérie (...) Nous sommes dans un moment très critique et cette humiliation qu'on veut nous faire subir n'est pas acceptable", regrettait le ministre de la Justice, Gérald Darmanin, ce dimanche.

Le sort réservé à l'écrivain à succès Boualem Sansal est également symptomatique de la dégradation des relations entre les deux pays. Le franco-algérien est connu pour sa posture critique vis-à-vis du régime algérien et de l'islamisme. Plusieurs de ses livres ont même été censurés en Algérie, mais sont par exemple publiés en France. En 2015, il est lauréat du grand prix du roman de l'Académie française pour son roman 2084 : la fin du monde, aux éditions Gallimard.

Pourtant, il a récemment été "arrêté par la police et emprisonné par le régime" algérien. L'homme de 75 ans est accusé d'"atteinte à l'intégrité du territoire national", ce qui est assimilé à un acte terroriste. Il risque ainsi la réclusion à perpétuité, voire la peine de mort.  "Il doit retrouver la liberté le plus rapidement possible, l'Algérie, je pense, s'honorerait de le libérer", a affirmé ce dimanche le garde des Sceaux.