La "mauvaise idée" de Bayrou sur la fin de vie qui fâche les défenseurs de la loi initiale
Y aura-t-il une grande loi encadrant la fin de vie en France en 2025 ? En début d'année dernière, les députés avaient passé des dizaines d'heures à proposer, débattre et fixer des dispositifs dans un texte de loi qui semblait en mesure de faire consensus. Mais la procédure législative avait été stoppée net par la dissolution. Beaucoup de parlementaires s'étaient réjouis de l'engagement de Michel Barnier de remettre le texte à l'ordre du jour de l'Assemblée début février 2025. Patatras, censure. La proposition d'agenda s'évanouie.
François Bayrou compte bien, à son tour, remettre l'ouvrage sur l'établis. Seulement, il a une idée fixe : ne pas faire voter un unique texte, mais deux : un sur les soins palliatifs, l'autre sur l'aide à mourir. Une idée qu'il avait formulée il y a quelques années et qu'il aimerait bien concrétiser maintenant qu'il dirige le gouvernement. Le nouveau Premier ministre n'apprécie que très modérément les évolutions portées par le texte sur l'aide assistée au décès. Et politiquement, cela permettrait aux parlementaires - essentiellement ceux de droite - de voter pour la première partie et de refuser la seconde.
"Cette scission est une mauvaise idée", a réagi Olivier Falorni, député Modem, sur franceinfo le 21 janvier. "Je suis personnellement en désaccord", a-t-il fait savoir sèchement. Le député a dû mesurer ses mots : il sait que sa position de rapporteur général du projet initial de loi sur la fin de vie lui confère une forme d'autorité sur le sujet. Il a donc explicité : "L'accompagnement de la fin de vie repose sur deux piliers : les soins palliatifs qui sont la réponse principale, et d'autre part, l'aide active à mourir, qui est l'ultime recours. Séparer les deux n'a aucun sens". Et d'ajouter : "Cette idée n'est pas nouvelle de scinder les deux sujets. Elle est systématiquement portée par les opposants à l'aide active à mourir. Il s'agit en fait de dire 'Votons une loi sur les soins palliatifs et puis attendons quelques années pour voter une loi sur l'aide à mourir'".
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, très impliquée dans la démarche parlementaire, a aussi exprimé son désaccord. "J'étais, comme beaucoup, extrêmement déçue. J'attends des engagements et je ne les ai pas vus. Pour moi, c'est extrêmement important et on ne peut pas comme ça passer ce débat à la trappe", a-t-elle regretté sur RTL le 21 janvier, évoquant le silence initial de François Bayrou. Et d'insister sur France 5 dans la soirée : "Les soins palliatifs et la fin de vie doivent avancer ensemble, dans un seul texte. Il est déjà prêt. Les Français sont prêts. J'appelle le gouvernement à réinscrire ce texte à l'Assemblée nationale rapidement", a-t-elle averti. Si les deux textes sont séparés, toute la procédure législative devra être reprise intégralement.