Sur l'audiovisuel public, Rachida Dati double la gauche grâce à une astuce maline et méconnue

Sur l'audiovisuel public, Rachida Dati double la gauche grâce à une astuce maline et méconnue Rachida Dati a utilisé l'arme constitutionnelle du vote bloqué pour que la réforme de l'audiovisuel public soit adoptée par le Sénat, vendredi 11 juillet.

La ministre de la Culture, Rachida Dati, a utilisé l'arme constitutionnelle du vote bloqué lors de l'examen de la réforme de l'audiovisuel public au Sénat, vendredi 11 juillet. Dénonçant une "obstruction de la gauche", elle souhaite accélérer l'examen du texte, a rapporté Le Monde. Grâce à cette stratégie, le texte a été adopté en deuxième lecture par le Sénat, vendredi 11 juillet, par 194 voix contre 113. Plus tôt dans l'après-midi, les élus de gauche avaient quitté l'Hémicycle pour protester contre le recours au vote bloqué par Rachida Dati. Cette procédure, prévue à l'article 44.3 de la Constitution, a permis de sauter l'examen de centaines d'amendements. Le vote bloqué permet de soumettre un texte en partie ou dans son entièreté aux députés lors d'un vote unique. Les sénateurs ont eu la seule possibilité d'approuver ou de rejeter l'ensemble du texte. 

La réforme de l'audiovisuel public, défendue par la ministre de la Culture, prévoit de créer, au 1er janvier 2026, une holding appelée France Médias. Celle-ci engloberait France Télévisions, Radio France et l'Institut national de l'audiovisuel (INA), sous l'autorité d'un président-directeur général. Jeudi 10 juillet, en plus de huit heures de discussions et avec des débats enlisés, les sénateurs avaient seulement démarré l'examen de l'article premier de la proposition de loi. Vendredi matin, Rachida Dati a donc demandé au Sénat "de se prononcer par un vote unique sur l'ensemble du texte", "en application de l'article 44 alinéa 3 de la Constitution". Elle a aussi dénoncé l'obstruction de la gauche, opposée à cette proposition de loi. 

La réforme de l'audiovisuel public n'a pas été débattue à l'Assemblée nationale

Auparavant, le texte de la réforme de l'audiovisuel public n'avait pas pu être débattu à l'Assemblée nationale. Les députés avaient adopté, lundi 30 juin, une motion de rejet. Portée par le groupe Ecologiste et social, elle a été approuvée par 94 voix contre 38, avec les voix de la gauche et du Rassemblement national, a rappelé LCP. Les élus de gauche jugent cette réforme néfaste et dangereuse. De son côté, le RN est favorable à une privatisation des médias publics français.

Avec cette réforme, la ministre de la Culture estime que les médias publics pourront mieux faire face à la concurrence des grandes plateformes américaines. "Si je ne croyais pas à l'audiovisuel public et à son indépendance, la première variable d'ajustement aurait été son financement", avait défendu Rachida Dati. En réponse, Sophie Taillé-Polian (Ecologiste et social), qui a défendu la motion de rejet présentée par son groupe, a fustigé un projet de réforme qui "acte l'affaiblissement de l'audiovisuel public et le met en danger de mort", tout en organisant sa "soumission au pouvoir politique". La députée a aussi estimé que les médias publics manquaient de moyens financiers et qu'ils devaient "faire toujours mieux avec toujours moins".