Fin du confinement : une série de déclarations du gouvernement
De nombreuses prises de parole ont eu lieu ces derniers jours pour bien installer dans l'esprit des Français qu'il était très prématuré de parler de la fin du confinement. Elle se sont même démultipliées ce mardi...
Qu'on se le dise : le déconfinement, ce n'est pas pour tout de suite ! Alors que le Premier ministre Edouard Philippe a évoqué le sujet devant les députés puis à la télévision il y a une semaine déjà, l'exécutif a décidé de mettre les points sur les "i", avec une avalanche de déclarations successives. Le mot d'ordre, alors que la situation du coronavirus en France continue de s'aggraver, est limpide : le confinement va durer, il faut le respecter. "Le confinement durera aussi longtemps qu'il est nécessaire qu'il dure", a d'emblée indiqué le ministre de la Santé Olivier Véran ce mardi matin sur BFMTV. "Nous ne sommes pas encore au pic épidémique", a déclaré le ministre, assurant que la France était encore en "phase d'aggravation de l'épidémie" et "qu'il ne faut pas parler trop tôt du déconfinement".
Signe par excellence que l'heure n'est pas à la fin du confinement, le secrétaire d'Etat aux Transports Jean-Baptiste Djebbari a lui aussi invité ce mardi les Français à "attendre" encore avant de s'engager dans des réservations de voyages pour les vacances d'été, estimant que la situation liée à l'épidémie de coronavirus était "encore trop incertaine". "Il y aura un après-coronavirus. Mais pour l'instant (...) je conseille aux Français la plus grande prudence sur la préparation de leurs voyages", a-t-il déclaré sur Franceinfo. "Bien malin celui qui sait décrire demain l'offre de transport et qui sait décrire exactement le moment où nous allons commencer à déconfiner", a-t-il expliqué, avouant tout de même que son ministère allait travailler sur "différents scénarios pour préparer la reprise de l'activité".
Ne pas respecter le confinement, "une forme de suicide collectif"
De son côté, Jean-François Delfraissy, le président du Conseil scientifique, instance en charge de conseiller l'Elysée et le gouvernement dans la gestion de la crise sanitaire, a couru les médias ce mardi pour répéter encore et encore le message. Sur BFMTV ce matin, il a glissé que les mesures vont "encore durer dans le temps, plusieurs semaines". "Je pense qu'il vaut mieux le dire d'emblée maintenant. Il est trop tôt pour prévoir une date de sortie. Ça nous mène probablement jusqu'à début mai, je n'irai pas plus loin sur la précision parce que nous ne l'avons pas", a-t-il ajouté. Jean-François Delfraissy a surtout sévèrement pointé le non-respect du confinement, qui est assimilable selon lui à une forme de "suicide collectif". "Poursuivons le confinement, c'est une responsabilité individuelle, collective", a-t-il imploré, déplorant lui aussi un relâchement observé par endroits, par exemple dans la capitale. "Quand je voyais ce week-end à Paris, avec ce beau temps, qu'il y avait une sortie importante dans certains endroits, j'appelle ça une forme de suicide collectif, à la fois pour ceux qui sortaient et pour les autres."
Jean-François Delfraissy a donné plus de détails encore au Monde ce mardi soir pour démontrer que le déconfinement était encore très loin. Selon lui, les "trois semaines de confinement" déjà écoulées "ont évité que le système de soins soit débordé et fait baisser la circulation du virus". Chiffres à l'appui : "l'indicateur de sa capacité à se propager d'une personne à d'autres, le R0, qui était au départ proche de 3 est à présent inférieur à 1, probablement aux environs de 0,8". Mais il prévient qu'il faut bel et bien poursuivre l'effort : "La sortie du confinement ne [pourra] avoir lieu qu'une fois que nous disposerons des outils de protection (masques, tests, suivi des contacts des personnes infectées…) et d'une stratégie claire de sortie". Et le président du Conseil scientifique de conclure sur cette un chiffre très alarmiste : "Quand on additionne les personnes de plus de 70 ans, voire même de plus de 60 ans, les personnes souffrant d'une affection de longue durée, les jeunes obèses (statistiquement plus touchés pa des formes sévères de coronavirus - NDLR) ou atteints d'un handicap, nous arrivons à un total de 17 millions de Français qui risquent de développer des formes graves de la maladie et donc de nécessiter une hospitalisation".
Emmanuel Macron en déplacement en Seine-Saint-Denis, a lui aussi participé à cette longue série visant à bien remettre les Français sur la ligne d'un confinement scrupuleusement respecté. Mais sur une note plus positive cette fois : "Dans un département où il y a beaucoup de pauvreté, les habitants respectent le confinement de manière remarquable. Vraiment, je les en remercie", a indiqué le chef de l'Etat. Le tout sans compter le rappel quotidien du Directeur général de la Santé Jérôme Salomon lors de son point de situation ce mardi soir. "L'épidémie n'a jamais été aussi présente", selon Jérôme Salomon. "Nous ne sommes pas encore au pic puisque tous les soirs il y a un peu plus de malades en milieu hospitalier, un peu plus de malades à prendre en charge en réanimation", a ajouté le numéro 2 du ministère de la Santé. "Nous avons atteint un niveau jamais atteint en France, nous ne sommes qu'à la phase ascendante même si elle ralentit un peu [...]. Aborder le déconfinement aujourd'hui n'a aucun sens", a-t-il estimé.
Des appels à ne pas se relâcher depuis ce week-end
Tous ces propos rejoignent ceux du ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et du secrétaire d'Etat Laurent Nunez qui martèlent depuis le week-end dernier qu'il ne faut pas se relâcher. "Le déconfinement n'est pas à l'ordre du jour, l'échéance n'est pas fixée", tonnait déjà ce dimanche le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, alors qu'une crainte de relâchement de la population sur le respect des restrictions se faisait sentir ici et là. Ce week-end, les vacances scolaires débutaient dans la zone C et une météo plus que printanière a été constatée, faisant craindre une recrudescence des sorties en famille. Tandis que plusieurs soignants ont exhorté les Français à rester chez eux dans les médias ou les réseaux sociaux, le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner et son secrétaire d'Etat ont donc multiplié les prises de parole en 48 heures. "Le risque avec le beau temps qui arrive c'est le relâchement [...]. Je rappelle la règle : on sort lorsque c'est strictement nécessaire", a encore déclaré Laurent Nunez.
"Le relâchement, c'est l'allié du Covid", a quant à lui relevé Christophe Castaner sur France 2 ce dimanche soir, indiquant néanmoins que "les Français ont respecté la règle, ont respecté le confinement". Le temps radieux de dimanche aura tout de même poussé "quelques audacieux à s'aventurer hors de leurs foyers", indiquait l'AFP ce lundi matin. Dans le Morbihan, des vacanciers et résidents secondaires sont venus en famille dans la commune de La Trinité-sur-Mer, selon le quotidien Ouest-France, repris par l'AFP. A Paris, on a pu observer des joggeurs circuler au milieu de familles sur les bords du canal de l'Ourcq ou des enfants jouer par groupes dans des cours d'immeubles. Résultat : la préfecture et la ville de Paris ont décidé d'interdire toute sortie sportive entre 10h et 19h dans la capitale à partir de ce mercredi 8 avril.
Des propos prématurés d'Edouard Philippe ?
Avec ce sentiment de relâchement, la question d'une prise de parole trop prématurée des autorités sur le déconfinement est désormais soulevée. A-t-on installé dans les esprits l'idée que la situation était en train de s'améliorer et que le déconfinement était proche ? "Le mot déconfinement a été prononcé trop tôt" par le gouvernement a par exemple estimé dimanche le patron des députés LR Damien Abad, y voyant l'explication d'un "relâchement" dans certains territoires. Le mot a en effet été lâché pour la première fois par Edouard Philippe la semaine dernière, comme pour donner un peu d'espoir aux Français, obligés de rester chez eux depuis près de trois semaines désormais, pour ralentir la propagation du coronavirus. Le Premier ministre a mis le sujet de la fin du confinement sur le devant de la scène lors de deux rendez-vous clés : une audition devant la mission d'information de l'Assemblée le mercredi 1er avril et une émission en prime time, jeudi 2 avril, sur TF1.
Devant les parlementaires comme devant les téléspectateurs, Edouard Philippe avait pourtant bien pris le soin de préciser qu'aucune date de déconfinement n'était encore envisagée. Les Français sont pour l'instant invités à rester chez eux jusqu'au 15 avril, et "probablement plus longtemps" pour lutter contre l'épidémie de coronavirus. "Je comprends l'impatience des Français, mais cela ne sera pas pour demain matin", avait tranché Edouard Philippe. Mercredi 1er avril, déjà, devant les députés réunis pour une mission d'information sur le coronavirus, Edouard Philippe estimait "probable que nous ne nous acheminons pas vers un déconfinement qui serait général et absolu, en une fois, partout et pour tout le monde." "Je pense que ce serait prendre un risque sanitaire, d'un rebond de l'épidémie", avait complété le Premier ministre.
Ce mardi 7 avril, Edouard Philippe a en tout cas tenu lui aussi à apporter sa pierre à l'édifice : "Aujourd'hui c'est l'heure du confinement, et l'heure du confinement va durer. Ce qui compte, c'est de faire respecter le confinement pour soulager nos services hospitaliers. Nous travaillons au déconfinement pour être prêts le moment venu", a indiqué le Premier ministre alors qu'il était interrogé à l'Assemblée nationale.
Aujourd'hui c'est l'heure du confinement, et l'heure du confinement va durer. Ce qui compte, c'est de faire respecter le confinement pour soulager nos services hospitaliers. Nous travaillons au déconfinement pour être prêts le moment venu. #COVID19 pic.twitter.com/uIdQF3on7V
— Edouard Philippe (@EPhilippePM) April 7, 2020