Salim Benghalem : soirées, filles, alcool, shit... et jihad
Ses proches et ses voisins enchaînent les commentaires abasourdis dans la presse. Comment un jeune homme un brin "gringalet" et "pas spécialement courageux" a-t-il pu rejoindre l'Etat islamique en Syrie ? C'est pourtant bien ce qu'a fait Salim Benghalem, signalé par les autorités américaines dans la liste des djihadistes recherchés. Le département d'Etat américain évoque "un Français extrémiste basé en Syrie". Pire, l'homme serait "membre de l'organisation État islamique" et effectuerait même "des exécutions pour le compte du groupe". Cet homme de 34 ans est issu d'une famille de sept enfants vivant dans une petite maison de Cachan, dans le Val-de-Marne et était déjà connu des services de police et des renseignements français. Malgré la description qu'en font aujourd'hui ses proches, ce dernier avait déjà été condamné en 2007 à onze ans de réclusion criminelle pour meurtre et tentative de meurtre après une cavale qui l'avait mené jusqu'en Algérie, un retour en France de son plein gré en 2002 et 5 ans de détention provisoire.
Libéré pour bonne conduite en 2010, Salim Benghalem n'avait donc rien d'un saint. Mais il n'était pas non plus un musulman fondamentaliste. Les portraits diffusés aujourd'hui décrivent un jeune homme un peu paumé (il a abandonné son CAP de vente en alternance pour multiplier les petits boulots), aimant particulièrement les soirées, les filles, l'alcool et surtout "le shit". Un garçon "joyeux", "drôle", "taquin", aimant "faire des blagues" que ses proches surnommaient "chicot" pour une dent de travers. Côté religion, Salim Benghalem allait à la mosquée pour le ramadan, mais l'islam n'occupait pas une place prépondérante dans son temps libre, plutôt consacré à faire la fête.
Salim Benghalem : en Syrie depuis 2012
Reste que le séjour en prison de Salim Benghalem semble avoir laissé des traces. Dès 2010, il est suivi par la police anti-terroriste pour quelques coups de fils et une accointance avec un groupe djihadiste formé dans le nord de Paris. Il est finalement cité dans le démantèlement d'une filière, à la fin de l'année 2013 dans le Val-de-Marne. Mais Salim Benghalem est déjà loin, en Syrie au moment du dénouement de l'affaire. Le jeune homme, père de deux enfants mais manifestement endoctriné, aurait quitté la France en 2012 pour rejoindre Alep et l'organisation de l'Etat islamique. Il donne régulièrement des nouvelles à ses proches via des plateformes comme Skype. Proches qui assurent que s'il a bien rejoint l'EI, il n'est pas le "bourreau" qu'on tente de dépeindre. Salim Benghalem serait selon eux en charge de faire la police à Alep, où il "'donne des amendes [...] pour possession illégale de cigarettes, ou des choses comme ça", indiquent-ils. Mais selon les autorités américaines, il aurait "participé activement à des combats" et "se serait porté volontaire il y a environ un an pour une opération suicide", selon cette source.