Revendications des gilets jaunes : ce qu'ils veulent, ce qu'ils ont eu

Revendications des gilets jaunes : ce qu'ils veulent, ce qu'ils ont eu GILETS JAUNES - Après les violences du 1er décembre, les gilets jaunes attendaient beaucoup du gouvernement. Mardi 4 décembre, Edouard Philippe s'est exprimé dans un bref discours pour répondre aux gilets jaunes.

[Mis à jour le 4 décembre 2018 à 18h11] L'objectif du gouvernement est désormais annoncé : "Il faut rompre l'escalade dans la violence" qui parcourt le mouvement des gilets jaunes depuis près de 3 semaines. Pour atteindre ce but, le chef du gouvernement Edouard Philippe a d'abord mené sur toute la journée de lundi des entretiens avec les différents chefs des partis. Chacun a fait part de ses propositions pour sortir de la crise. Dans un discours prononcé ce mardi 4 décembre, Edouard Philippe a confirmé la mise en place d'un moratoire de 6 mois sur la hausse du taxe du carburant, du fioul et du diesel. Cette demande avait été formulée à l'unanimité par les chefs de partis. Seuls les Verts s'y étaient opposés. Ces 3 mesures devaient entrer en vigueur le 1er janvier 2019.

Le gouvernement a par ailleurs décidé de suspendre la révision des contrôles techniques pour 6 mois, l'objectif étant de "trouver les justes adaptations". Enfin, le chef du gouvernement a proposé, "dans un souci d'apaisement", le gel des hausses des tarifs de l'électricité et du gaz et annoncé que la concertation locale sur la transition voulue par Emmanuel Macron se tiendrait du 15 décembre au 1 mars. Edouard Philippe s'est dit prêt à "améliorer" et "compléter" les "mesures d'apaisement". 

"On commence à nous entendre", les gilets jaunes réagissent au discours d'Edouard Philippe

Interrogé sur BFMTV, un gilet jaune a réagi aux annonces du chef du gouvernement en réponse aux revendications du mouvement. L'homme a noté que l’exécutif "commençait à les entendre" en déplorant toutefois qu'aucune baisse ne soit annoncée.

Dans l'ensemble, le mouvement ne semble pas convaincu par les annonces du Premier ministre. Benjamin Cauchy, l'un des membres des gilets jaunes libres, a estimé que la suspension de la hausse de la taxe sur le carburant "n'était pas ce qu'ils (les gilets jaunes) voulaient", qualifiant le moratoire de "camouflet politique déguisé". Laetitia Dewalle, porte-parole du Val d'Oise souhaiterait "des mesures plus courageuses" de la part du Premier ministre comme "taxer les GAFA, ceux qui ont de l'argent dans les poches" ou "réequilibrer la distribution des richesses". Elle dénonce également "le mépris inqualifiable" de la part du président de ne "toujours pas  avoir parlé à son peuple". L'Elysée a en effet déclaré que le chef de l'Etat ne comptait pas faire de nouvelle déclaration "pour le moment".

Quelles sont les demandes des gilets jaunes ?

Le mouvement regroupe à l'origine des automobilistes en colère contre la hausse du prix du carburant. Priscillia Ludosky, l'une des porte-paroles du mouvement est l'une d'entre elles. En mai dernier, elle a lancé une pétition en ligne pour protester contre la décision d'augmenter la taxe sur le carburant. Sa pétition a atteint 900 000 signatures au mois d'octobre dernier lorsque le mouvement des gilets jaunes a commencé à se former. Très vite, les gilets jaunes se sont regroupés autour de multiples protestations. Reçue mardi par François de Rugy avec Eric Drouet, Priscillia Ludosky a remis au ministre un cahier de doléances synthétisant toutes les demandes des gilets jaunes. Des demandes qui concernent la transition écologique "mais pas que". Les deux porte-parole ont ainsi demandé au ministre la réduction de la taxe carbone et de la taxe de consommation sur les produits énergétiques. Ils ont également demandé l'interdiction du glyphosate et l'abandon du renouvellement du parc automobile français.

Les demandes des gilets jaunes ne se cantonnent pas au domaine de la transition écologique. Leurs demandes concernent également l'emploi en œuvrant en faveur d'une baisse des charges patronales et d'une hausse des aides publiques pour l'embauche en CDI et en CDD ainsi que d'une revalorisation du Smic. Les gilets jaunes demandent en outre une aide au retour à l'emploi où à la reconversion professionnelle grâce à des formations efficaces et valorisantes. L'égalité homme-femme apparaît aussi dans leurs doléances. Le mouvement appelle à un respect de la parité homme-femme en matière de rémunération.

Les retraités et les étudiants n'ont pas été oubliés par le mouvement, qui propose une augmentation des pensions de retraite et des aides financières qui sont allouées aux jeunes pour leur installation ou la mobilité. Le mouvement citoyen vise particulièrement les APL dont il souhaite la réévaluation. Enfin, les gilets jaunes demandent la fin des régimes spéciaux et que le calcul des retraites soit "identique pour tous".

Culture, santé ou éducation apparaissent également dans les revendications du mouvement, qui réclame l'inclusion des personnes handicapées dans tous les domaines de la société et l'accès à la culture pour tous. Les ambulanciers demandent de leur côté la suppression de l'article 80, une mesure entrée en vigueur au 1er octobre 2018 qui entend unifier les modalités de prise en charge des transports des patients bénéficiant de permissions de sorties. Pour les lycéens, ils ont proposé la création d'un vrai système postbac. Une autre liste a été transmises par la délégation aux médias et aux députés, les gilets jaunes ont rassemblé leurs demandes et formulé d'autres requêtes, dans un document de 3 pages. Voici l'ensemble des revendications :

Face aux revendications des gilets jaunes, que proposent les différents partis?

Suite à son entretien ce lundi avec le Premier ministre, le Premier secrétaire du Parti socialiste, Olivier Faure, reconnaissait que le gouvernement semblait saisir pour la première fois depuis 3 semaines "l'ampleur du mouvement". Olivier Faure a donc demandé "un moratoire sur les taxes avant toute discussion". Il s'agit selon lui de la seule façon de rendre crédible cette discussion. Il a également appelé "à des solutions durables qui répondent à la demande des Français" comme le rétablissement de l'impôt sur la fortune. De son côté Laurent Wauquiez (LR) a assuré que la sortie de crise "ne passerait par pas des rencontres polies ou des débats". Il faut, selon lui, "des mesures concrètes et des gestes d'apaisement" en proposant "l'annonce de l'annulation des hausses de taxe". Une demande qui a également été formulée par Marine Le Pen, qui a également souhaité l'augmentation du SMIC, des petites retraites ainsi qu'une baisse des prix de l'énergie. Dans l'ensemble, la présidente du Rassemblement national a demandé des solutions "importantes, audibles et immédiates".

Pour les Verts, "le problème n'est pas la fiscalité carbone" mais le fait de trouver une fiscalité qui soit "juste." Il faut rendre plus juste la fiscalité carbone, faire rentrer dans le paquet le kérosène et le fioul lourd. Il y a des mesures en matière fiscale qui étaient incompréhensibles" a estimé David Cormand ,secrétaire national d'Europe Ecologie Les Verts à sa sortie de Matignon. Pour le délégué général de La République en marche, Stanislas Guérini, il s'agit de jouer le jeu des institutions. Le chef de file du parti majoritaire a indiqué avoir échangé avec le Premier ministre sur "les conditions de la concertation". Il a surtout rappelé qu'il était "essentiel" que le débat puisse se faire "dans des conditions apaisées".

Vers une motion de censure pour le gouvernement ?

Les députés de la France insoumise et du Parti communiste ont fait savoir ce vendredi qu'ils comptaient déposer une motion de censure contre le gouvernement, en raison de la gestion catastrophique de la crise des gilets jaunes. Ls députés doivent pour cela parvenir à se rassembler et à acquérir les signatures de députés du parti socialiste. Sur Twitter, Jean-Luc Mélenchon a évoqué cette décision et l'a justifié par une volonté de "mettre fin à la malfaisance du gouvernement et à sa politique". Les députés doivent maintenant réunir 58 signatures sur les 577 députés présents à l'Assemblée nationale pour pouvoir déposer cette motion de censure. Le Groupe de la Gauche démocrate et républicaine (GDR) qui a proposé cette motion de censure avec la France Insoumise compte 16 députés et la France Insoumise 17. Pour qu'elle puisse être déposée, les députés devraient obtenir les 29 voix des députés du Parti socialiste. La cheffe de file du parti, Valérie Rabault a d'ores et déjà fait savoir qu'elle allait consulter le groupe.