Manifestations au chantier Lyon-Turin : des affrontements, plusieurs gendarmes et manifestants blessés
[Mis à jour le 19 juin 2023 à 12h27] Bravant certaines interdictions de la préfecture de Savoie, les manifestants écologistes se sont bien mobilisés contre le chantier ferroviaire Lyon-Turin. Ils étaient 3 200 personnes réunies à l'appel des Soulèvements de la Terre et de dix autres associations dans la vallée de la Maurienne du 16 au 18 juin, selon le décompte des autorités rapporté par Le Dauphiné Libéré. Parmi eux des militants, des locaux et des élus opposés au projet de train.
Si une partie du week-end de mobilisation et plusieurs rassemblements se sont tenus pacifiquement, l'atmosphère s'est parfois tendue entre militants et forces de l'ordre. Dans l'après-midi du samedi 17 juin, les tensions sont montées lorsque les manifestants ont souhaité emprunter un chemin barré par les forces de l'ordre, de part et d'autres des échanges de projectiles ont eu lieu faisant plusieurs blessés. De nouveaux incidents sont survenus lorsqu'un feu s'est déclenché sur des talus en marge de la manifestation. Le retour au calme a été observé à l'issue des manifestations lorsque les militants ont regagné le camp de base à La Chapelle.
C'est avec un bilan de plusieurs blessés, autant du côté des forces de l'ordre que de celui des militants, que le week-end de mobilisation s'est terminé. Le préfet de Savoie, François Ravier a déploré ces affrontements et dénombré douze membres des forces de l'ordre légèrement blessés. La gendarmerie a complété ce bilan en mentionnant deux manifestants blessés "en urgence relative" et pris en charge par les secours puis dans les hôpitaux voisins. Un troisième manifestant légèrement blessé s'est présenté de lui-même à l'hôpital de Saint-Jean-de-Maurienne. Le bilan des blessés parmi les militants est plus lourd selon les informations des Soulèvements de la Terre qui comptent "50 blessés graves, six hospitalisations dont deux pronostics fonctionnels engagés".
Lyon-Turin: un incendie se déclare en marge du cortège contre le projet de TGV pic.twitter.com/VHnzlxbvsG
— BFMTV (@BFMTV) June 17, 2023
Que dénoncent les militants écologistes ?
Parmi les militants contre le chantier ferroviaire Lyon-Turin, on retrouve l'association Les Soulèvements de la Terre. Cette dernière s'est récemment retrouvée sous le feu des projecteurs à l'occasion des événements autour des méga-bassines à Sainte-Soline ce printemps. Sur son site, l'association plaide "pour que ce projet ne voit jamais la lumière au bout du Tunnel". Les Soulèvements de la Terre accuse les "décisionnaires politiques 'visionnaires' et les grands groupes tels que Vinci, Bouygues ou Eiffage" de participer au chantier. Aux côtés des Soulèvements de la Terre, une dizaine d'organisations dont les italiens No-Tav, mais également des élus tels qu'Eric Piolle, maire EELV de Grenoble, ou encore l'insoumise Mathilde Panot.
Les revendications de l'ensemble des militants opposés au projet portent notamment sur la question de l'eau, dans ce chantier "ferroviaire titanesque, impliquant le forage de 260 km de galeries à travers les massifs alpins", rapportent les opposants dans les colonnes du Monde. Selon eux, le chantier Lyon-Turin va "détruire la montagne pour les intérêts économiques de quelques-uns, au détriment du vivant".
Non seulement d'avoir un impact destructeur sur l'environnement, le chantier Lyon-Turin est jugé inutile par l'association écologiste puisqu'une ligne transalpine "existe déjà et ne demande qu'à être utilisée" autant pour les voyageurs que pour le transports de frêt, écrit-elle.
Le programme de ces deux jours de mobilisation (+ d'infos à venir) : pic.twitter.com/LtLahdaluN
— Les Soulèvements de la Terre (@lessoulevements) May 15, 2023
Pourquoi les manifestations sur le chantier Lyon-Turin inquiètaient-elles ?
Les précédentes mobilisations à l'initiative des Soulèvements de la Terre, à l'instar des événements de Sainte-Soline, faisaient craindre aux autorités des débordements lors des manifestations contre le chantier Lyon-Turin. Les militants promettaient un rassemblement "convivial et festif" avec un programme mêlant manifestations, balades naturalistes et tables rondes, mais quelques manifestations ont été perturbées par des affrontements.
Une note des services de renseignements indiquaient que "plusieurs signaux peuvent laisser penser à une tonalité plus offensive" de la mobilisation. Le manque d'informations et de lisibilité sur "le parcours, le lieu du camp de base, les modalités précises de l'événement" et le déplacement des milliers de manifestants étaient "autant de signaux laissant craindre de possibles débordements" avaient-elle ajouté.
Afin de prévenir ces troubles, des mesures préventives avaient été prises en amont de la manifestation. Des contrôles, notamment réalisés la veille du rassemblement, ont permis de saisir des centaines "d'objets contondants, d'armes, d'artifices et d'équipements de protection" selon les déclarations du préfet. De plus, une cinquantaine de personnes interdites de territoire ont été écartées du rassemblement.
Où a eu lieu la manifestation contre le projet Lyon-Turin ?
Le point de rendez-vous pour les opposants au projet Lyon-Turin a été communiqué par Les Soulèvements de la Terre, le vendredi 16 juin. C'est à La Chapelle que les manifestants écologiques ont commencé à installer un camp ce vendredi matin. La ville n'est pas concernée par l'arrêté préfectoral d'interdiction de rassemblement pris dans neuf communes de la Maurienne. Avant que ne tombe cet arrêté préfectoral, les organisateurs prévoyaient que la manifestation de samedi commence à 10h en partant de la commune de Villarodin-Bourget, comme l'a indiqué BFMTV. Il faudra sans doute attendre que le tribunal administratif de Grenoble se prononce sur les recours déposés contre l'arrêté préfectoral d'interdiction de manifestation pour y voir plus clair sur le lieu précis de départ de la manifestation de samedi.
Quelles étaient les dates des manifestations contre le projet Lyon-Turin ?
Les manifestations et/ou mobilisations des militants écologistes et opposants au projet Lyon-Turin ont débuté le samedi 17 juin et se sont prolongé sur la journée du dimanche 18 juin. En revanche, les participants au rassemblement ont commencé à arriver sur place dès le vendredi matin pour les premiers arrivants, avec la mise en place d'un camp sur la commune de La Chapelle. Des événements sont d'ailleurs prévus sur le camp dès ce vendredi soir, selon la boucle Telegram des organisateurs.
Combien de manifestants se sont rendus sur le chantier du Lyon-Turin ?
4 000 personnes étaient attendues et ils étaient 3 200 sur place lors des manifestations contre le chantier Lyon-Turin, du 17 au 18 juin. Parmi eux, 300 à 400 éléments radicaux étaient attendus dans la vallée de la Maurienne selon les estimations des autorités, dont certains venant d'Italie. Pour limiter la venue de manifestants jugés radicaux, 107 interdictions administratives du territoire avaient été émises contre des activistes étrangers, rapportait CNews.