Plus de 90% des maisons sont menacées dans certains départements - les experts prévoient un "désastre"

Plus de 90% des maisons sont menacées dans certains départements - les experts prévoient un "désastre" Un nouveau rapport alerte sur un fléau qui touche plus de la moitié des maisons en France et continue de se propager sur le territoire. Certains départements sont encore plus touchés...

Une famille avec deux enfants obligée de vivre dans une maison quasiment inhabitable, ballotée entre les assurances, sans solution de relogement et dans l'attente d'expertises et de décisions qui ne viennent pas. Elle devra attendre sept ans entre le début des problèmes et un éventuel retour à la vie normale. C'est avec cet exemple vécu que débute un rapport sur le RGA, publié début octobre.

Le RGA, c'est le "retrait-gonflement des argiles". Un phénomène qui s'étend de plus en plus en France et qui frappe déjà près de la moitié du territoire, plus de la moitié des maisons individuelles. Le RGA est le résultat de sécheresses de plus en plus courantes et intenses qui, suivies de fortes pluies, rendent les sols instables dans de nombreux départements. Le symptôme le plus visible : les fissures qui se multiplient dans de nombreuses constructions, notamment dans les maisons. 

Selon le rapport, ce phénomène "s'accroît et coûte de plus en plus cher, provoquant des désastres dans la France des petits propriétaires". Il concerne en effet 48% du territoire métropolitain, "surtout les maisons individuelles, et rarement les immeubles, dont les fondations sont plus profondes et la structure plus rigide". "En 2022, sur les 20,3 millions de maisons individuelles en France, 11,1 millions (soit 54%) présentent un risque de retrait-gonflement des argiles", peut-on lire.

Le rapport indique que le "risque RGA" est "inégalement réparti sur le territoire". Plusieurs statistiques ont été établies pour l'évaluer dans les communes et les départements. En 2021, l'exposition au RGA a notamment été calculée par le Service des données et études statistiques (SDES) pour alimenter les indicateurs de l'Observatoire national des risques naturels (ONRN). Voici la part de logement concernée par un risque RGA "moyen ou fort" par département (en %). Dans certains territoires, la quasi-totalité des logements est touchée :

Plus de 50% des logements concernés Moins de 50% des logements concernés
Val-de-Marne 99,6% Pyrénées-Atlantiques 48,8%
Haute-Garonne 98,2% Vendée 46,2%
Vaucluse 98,2% Bas-Rhin 42,2%
Lot-et-Garonne 98,2% Haute-Loire 40,2%
Seine-Saint-Denis 98,0% Haut-Rhin 40,0%
Tarn-et-Garonne 96,4% Orne 39,3%
Alpes-Maritimes 94,7% Haute-Marne 37,1%
Aude 94,3% Yonne 36,7%
Essonne 93,7% Eure 36,7%
Gers 93,2% Pas-de-Calais 36,1%
Alpes-de-Haute-Provence 93,0% Corrèze 35,5%
Bouches-du-Rhône 92,9% Drôme 33,8%
Loiret 92,0% Aisne 33,2%
Seine-et-Marne 91,7% Pyrénées-Orientales 32,7%
Indre-et-Loire 91,3% Aube 32,7%
Tarn 90,4% Aveyron 32,6%
Allier 89,9% Calvados 31,2%
Gard 89,6% Ain 31,0%
Meurthe-et-Moselle 87,0% Hautes-Alpes 30,7%
Var 87,0% Marne 27,7%
Indre 86,3% Rhône 26,3%
Côte-d'Or 85,6% Cantal 26,2%
Hérault 85,0% Creuse 24,5%
Gironde 83,9% Ardennes 23,8%
Cher 83,4% Loire 21,5%
Jura 81,9% Haute-Vienne 19,5%
Vienne 81,4% Loire-Atlantique 18,9%
Charente 81,1% Seine-Maritime 18,6%
Moselle 77,4% Savoie 18,4%
Loir-et-Cher 77,1% Somme 17,6%
Ariège 77,0% Landes 16,7%
Hautes-Pyrénées 75,2% Haute-Savoie 15,4%
Nièvre 73,2% Lozère 13,6%
Sarthe 72,5% Manche 12,6%
Lot 72,4% Vosges 12,2%
Saône-et-Loire 71,9% Morbihan 9,0%
Hauts-de-Seine 71,2% Isère 6,3%
Eure-et-Loir 70,5% Côtes-d'Armor 5,4%
Yvelines 67,6% Ille-et-Vilaine 5,2%
Val-d'Oise 67,0% Mayenne 3,3%
Maine-et-Loire 64,5% Haute-Corse 2,6%
Haute-Saône 62,7% Corse-du-Sud 0,6%
Dordogne 62,7% Paris 0,0%
Oise 61,4% Finistère 0,0%
Territoire de Belfort 60,2%    
Nord 59,9%    
Doubs 58,4%    
Meuse 57,7%    
Charente-Maritime 57,1%    
Puy-de-Dôme 56,5%    
Deux-Sèvres 53,6%    
Ardèche 53,4%    

Le Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM) a réalisé une carte plus fine, illustrant la part de la surface communale exposée au RGA en 2019 avec des échelles allant de 0% de surface exposée à une surface comprise entre 75 et 100% :

Carte des territoires exposés au risque RGA. © Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM)

Le rapport parlementaire cite également la Haute-Garonne, la Gironde et les Bouches-du-Rhône parmi les départements les plus touchés. Des zones déjà très peuplées (Toulouse, Bordeaux, Marseille) qui viennent s'ajouter à l'Île-de-France, qui n'est pas épargnée.

Des données établies par les assureurs viennent enfin compléter ces indicateurs, comme celles de France Assureurs, la fédération des sociétés d'assurance, qui a publié un autre rapport sur le sujet en 2022. Sur la période 2020-2050, le coût du RGA est estimé à 43 milliards d'euros, soit le triple par rapport à 1989-2019.