Prix Nobel : pourquoi les femmes reçoivent-elles si peu de prix ? L'explication est affligeante
Les prix Nobel sont décernés chaque année au début du mois d'octobre à Stockholm, en commençant par la médecine, la physique, la chimie. Viennent ensuite les consécrations en littérature, pour la paix et pour les sciences économiques. Une cérémonie de remise des prix a lieu tous les 10 décembre, jour anniversaire de la mort d'Alfred Nobel.
Si des centaines de candidats sont en lice, par exemple 286 pour la paix pour le cru 2024, une étude du CEPR (Centre for Economic Policy Research) s'est penchée sur le milieu familial de tous les lauréats scientifiques depuis l'attribution des prix. Premier constat : ils sont souvent issus de famille très aisée. "Le lauréat moyen a grandi dans un foyer du 87 au 90e centile des plus fortunés", assure l'étude. La moitié d'entre eux ont alors un père qui fait ou a fait un moment partie des 5% de la population aux revenus les plus élevés de son pays. Les professions les plus récurrentes sont celles de médecins, enseignants, ingénieurs ou chefs d'entreprise.
Selon l'étude de Nature, l'âge moyen des lauréats est de 58 ans et ils viennent majoritairement des Etats-Unis (54% des prix ont été décernés à des Américains). Il faut également souvent attendre une bonne vingtaine d'années pour voir ses travaux innovants récompensés.
Les femmes sous-représentées, surtout en sciences
Les inégalités des chances sont surtout perceptibles pour les femmes. Elles ne sont à ce jour qu'une soixantaine à avoir reçu le graal contre près de 900 hommes. Malgré un progrès ces dernières années, plus de la moitié des prix Nobel féminins datent d'après les années 2000, encore l'an dernier, seulement quatre femmes ont été récompensées face à sept hommes. Les femmes ont d'ailleurs davantage reçu de prix en littérature (14,2%) et pour la paix (17,1%), qu'en sciences (26 prix, soit 2,2% en physique, 3,2% en économie, 5,7% en médecine). Seule Marie Curie, première femme récompensée, a obtenu deux prix Nobel.
Ce constat résulte de nombreuses années où les femmes avaient de grandes difficultés à accéder aux carrières scientifiques. Encore aujourd'hui, les femmes sont moins nombreuses dans les postes à responsabilité. Une disproportion existe toujours sur la présence féminine dans les domaines scientifiques, leur donnant statistiquement moins de chances d'être choisies.
Autre raison, pour le moins déplorable : les femmes doivent également souvent partager leur prix, c'est ce que l'on appelle l'effet Mathilda, qui désigne une minimisation récurrente des contributions des femmes dans la recherche. Les comités Nobel sont aussi majoritairement composés d'hommes, à peine plus d'un quart du jury sont des femmes. En 2019, une étude a conclu qu'à 96%, l'inégalité de répartition des prix par sexe est dû "à la subsistance d'un biais de genre en défaveur des femmes". La preuve que même parmi les érudits du Nobel plutôt sensibilisés aux inégalités structurelles entre les hommes et les femmes, il reste beaucoup de travail à faire...