Le pape François n'a pas voulu venir à Notre-Dame, des raisons plus politique qu'on croit
Le pape François sera absent de la cérémonie de réouverture de Notre-Dame de Paris, une décision qui a beaucoup fait parler, et qui pourrait être plus politique qu'on ne le pense.
"La vedette de la réouverture de Notre-Dame de Paris, c'est Notre-Dame de Paris" et le pape François ne souhaitait pas "détourner le regard vers lui à cette occasion", a déclaré le président de la conférence des évêques de France, Mgr Éric de Moulins-Beaufort. De quoi expliquer l'absence du pontife à la cérémonie de réouverture de la célèbre cathédrale parisienne, samedi 7 décembre.
Le pontife a tout de même envoyé un courrier à l'archevêque de Paris. Un texte "à destination des Français" qui sera lu "au début de la célébration" de la réouverture, a annoncé jeudi 5 décembre le recteur-archiprêtre de la cathédrale Olivier Ribadeau-Dumas. Mais la décision de François de refuser l'invitation de l'Elysée a quand même fait beaucoup parler. D'autant qu'il se rendra en Corse la semaine suivante.
Une institution religieuse réduite à un monument touristique ?
"Ne pas voler la vedette"... Est-ce la seule raison ? Le pape a déjà voyagé deux fois en France - à Strasbourg en 2014 et à Marseille en 2023 -, mais il n'a jamais effectué de visite d'État et ne s'est jamais rendu à Paris. Sa décision de préférer la Corse à Notre-Dame paraît donc plutôt politique. Depuis le début de son pontificat en 2013, le pape François souhaite toucher les populations historiquement ignorées par l'Église catholique, notamment ceux pratiquant la piété populaire, au cœur du congrès en Corse. Mais bouder Paris ne serait-il pas également un signe de rejet de la politique française ? Dans un édito, Le Point pointe le fait que l'événement de samedi n'a pas été "pensé et organisé par l'Église pour célébrer Notre-Dame, mais par l'Élysée".
La cérémonie de réouverture de la cathédrale marque en effet l'ambition du président de restaurer la cathédrale en cinq ans. Une deadline à laquelle peu croyaient après l'incendie de la cathédrale en 2019, et qu'il a pourtant respectée. Emmanuel Macron a réalisé un "tour de force [...] qu'aucun autre pays n'aurait pu réaliser", a même salué The Economist. Alors que la France connaît une crise politique sans précédent, le président - qui se refuse à démissionner - a déclaré fin novembre que la réouverture sera "un choc d'espérance" pour les Français. Un événement qui perd donc beaucoup de sa dimension religieuse.
La politisation du monument a-t-elle motivé l'absence du pape ? Il y a quelques semaines, l'archevêque de Paris a mis un point d'honneur à rappeler que Notre-Dame est avant tout un monument religieux, note Franceinfo. "Ne vous contentez pas de voir les pierres magnifiques. N'oubliez pas que ceci est un don de Dieu et pour Dieu", avait-il affirmé. Et Vaticannews s'est demandé si Notre-Dame risque de perdre sa dimension spirituelle et d'être réduite au statut de haut-lieu du tourisme mondial. Une question qu'il est encore trop tôt pour répondre. Mais qui a peut-être joué un rôle dans la décision du pape François.