Le gouvernement a fait une bourde sur les cantines, des associations craignent pour les enfants

Le gouvernement a fait une bourde sur les cantines, des associations craignent pour les enfants Un projet de décret sur les cantines scolaires inquiète nombre de parents et de scientifiques qui dénoncent un risque pour "la santé des enfants".

Tarif, choix du menu, gaspillage... Les parents adressent souvent quelques reproches aux cantines scolaires. Et un nouveau changement risque bien d'accentuer l'inquiétude de certains pères et mères exigeants sur la qualité du service. Pourquoi ? Parce que le gouvernement a déposé un projet de décret pour revenir sur l'interdiction de la vaisselle en plastique réutilisable, en vigueur depuis le 1er janvier. Anodin ? Pas vraiment.

Le texte, révélé par Le Monde, est porté par le ministère de la Transition écologique. Il revient sur une interdiction portée par la loi Egalim de 2018 et étendue en 2020 par la loi antigaspillage pour une économie circulaire (Agec) aux "services de pédiatrie, d'obstétrique et de maternité". Le décret revient précisément sur l'interdiction des "contenants alimentaires de cuisson, de réchauffe ou de service en matière plastique" : le ministère demande désormais de supprimer le plastique du "service" et non plus ou des "plats, y compris la vaisselle et les couverts".

Mais pourquoi un tel revirement ? Selon RMC, il s'agirait d'un imbroglio juridique. Concrètement, le décret d'application ne reprenait pas les termes de la loi. L'exécutif a donc préféré supprimer cette mention pour éviter d'être attaqué en justice par le lobby du plastique.

"La difficulté qu'on avait avec cette mention des couverts et des assiettes d'un point de vue juridique, c'est que ça ne correspond pas ouvertement à la définition des contenants de réchauffe et de service, et on sait très bien que certains professionnels du plastique vont attaquer le texte voyant que c'est une faiblesse juridique. Vu que cela n'apporte rien en termes de sécurité sanitaire, il n'y a pas d'intérêt à maintenir cette disposition dans le champ du dispositif", souligne le cabinet d'Agnès Pannier-Runacher. Dit autrement, le gouvernement s'est rendu compte qu'il avait fait une bourde en rédigeant la législation, et on préféré ajuster dans le décret...

Un risque pour la "santé de nos enfants" 

Mais les associations de défense des élèves ne l'entendent pas comme ça. Pour elles, les lobbys du plastique vont surtout pouvoir réintroduire des couverts en plastique et ce retour inquiète. Parents, scientifiques et professionnels du secteur alertent sur ses risques pour la santé. Ce matériau peut en effet engendrer des inflammations, perturber la réponse immunitaire ou encore le système endocrinien, rapporte franceinfo

"Quand vous mettez le plastique en contact avec des aliments, en particulier avec des aliments chauds, froids ou gras, cela entraîne une migration de certaines substances qui se trouvent dans la vaisselle en plastique. Vous allez ingérer des additifs qui ont des effets sur le surpoids, les maladies cardiovasculaires et bien sûr des effets cancérogènes", explique Florence Brunet-Possenti, cancérologue et membre de l'association Santé environnement France, à RMC.

"On ne parle pas de produits en plastique jetables, mais de produits réutilisables", fait valoir le ministère auprès de l'AFP. Lorsque ces contenants servant à cuire, réchauffer et servir la nourriture "sont chauffés, ils sont susceptibles de relarguer des substances chimiques dans les aliments, ce qui n'est pas le cas des couverts et des assiettes, c'est quelque chose qui nous a été confirmé par le ministère de la Santé", argue-t-il.

Le projet de décret peut faire "l'objet d'observations" jusqu'au 14 mars. Parmi les plus de 1 200 commentaires inscrits sur la page de la consultation, certains qualifient le texte d'"ahurissant", de "scandaleux" ou encore de "retour en arrière affligeant". "Intérêts économiques ou santé de nos enfants ? Le gouvernement a cédé au lobby de l'industrie plastique et reculé sur les interdictions de plastique dans les cantines scolaires", regrette de son côté l'association No Plastic in my Sea sur le réseau social Bluesky.