Mais pourquoi n'y a-t-il pas de femme pape ou cardinale ? La vraie raison est peu connue
Jamais dans l'histoire du Vatican une femme ne s'est installée sur le Saint-Siège. Le mythe de la papesse Jeanne, une femme qui se serait travestie en homme pour accéder au savoir puis au sacerdoce jusqu'à être élue évêque de Rome, a fait couler de l'encre, mais cette histoire reste une légende. En 2025, le choix d'une femme n'est toujours pas envisageable pour le Vatican qui s'oppose fermement à l'ordination sacerdotale des femmes. Sans aller jusqu'à la fonction de pape, les religieuses ne peuvent même pas prétendre à la fonction de prêtre, bien inférieure à celle du souverain pontife dans la hiérarchie catholique.
Plusieurs papes ont réaffirmé cette position dans diverses lettres apostoliques au cours des 30 dernières années, de Jean-Paul II en 1994 jusqu'au pape François en 2021. Si cette distinction entre les hommes et les femmes au sein de l'Eglise est opérée depuis la nomination du premier pape, le texte officialisant cette différence est très récent : il s'agit de la lettre Inter Insigniores signée Paul VI et publiée en 1976 à l'heure de la montée du féminisme et du développement d'une théologie féministe. A l'époque, quelques religieux commençaient également à ordonner des femmes. On peut y lire la justification suivante : "Le sacerdoce n'est pas conféré pour l'honneur ou l'avantage de celui qui le reçoit, mais comme un service de Dieu et de l'Église", laissant entendre qu'il ne faut pas considérer la question comme une inégalité entre hommes et femmes.
Le 261ème pape avait par ailleurs explicité la position de l'Eglise catholique sur le rôle de la femme dans l'institution religieuse et justifié l'impossibilité pour les femmes d'accéder à l'ordination sacerdotale. Une explication qui repose uniquement sur la tradition catholique. Le premier argument consiste d'ailleurs à dire qu'aucune femme n'a été ordonnée au sein de l'Eglise et sous-entend qu'il n'y a pas de raison pour que cela change. La lettre du souverain pontife fait ensuite référence aux directives de Jésus-Christ qui a exclusivement nommé des hommes pour faire partie de ses douze apôtres. D'après la rhétorique vaticane, le pape étant le successeur de Saint-Pierre, le "prince des apôtres", il ne peut s'agir que d'un homme. Un autre argument similaire est utilisé dans la lettre de Paul VI : le sacerdoce est un rôle de représentation de Jésus qui était un homme et ne peut donc pas être représenté par une femme au sein de l'Eglise, et ce, quelle que soit la fonction.
La position du Vatican n'a depuis jamais évolué, en dépit des critiques et des appels à une modernisation du fonctionnement de l'Eglise. Face à ces critiques, les réponses des papes successifs ont consisté à consolider les arguments de Paul VI et à promettre des sanctions à celles et ceux qui oseraient aller à l'encontre de ces principes. Dans une lettre apostolique, Benoît XVI rappelait en 2010 que les religieux qui ordonnaient des femmes et les religieuses qui se faisaient ordonner risquaient l'excommunication. Le pape François durcissait encore le ton dans la constitution apostolique Pascite gregem Dei de 2021 en ajoutant comme sanction un renvoi de l'état clérical.