500 litres d'eau consommés chaque jour par les Français ! Comment est-ce possible ?
Le Fonds Mondial pour la Nature (WWF) tire la sonnette d'alarme. Dans un rapport révélé ce jeudi 17 juillet par RMC, l'ONG souligne une hausse inquiétante de la consommation d'eau en France, alors que les ressources disponibles diminuent. Depuis le précédent rapport sur le sujet, daté de 2012, la demande a augmenté de 43%, tandis que les réserves d'eau douce ont reculé de 14%.
Chaque Français utiliserait désormais en moyenne 500 litres d'eau par jour. Et ce, sans s'en rendre compte. En effet, notre consommation ne se limite pas à boire, se laver ou faire la vaisselle. "En réalité, l'essentiel de notre empreinte en eau est invisible : on parle d'eau virtuelle", affirme l'association. Autrement dit, l'eau utilisée pour produire ce que nous mangeons, portons ou utilisons au quotidien.
L'agriculture, grande consommatrice d'eau
"Sur l'empreinte eau de 500 litres d'un français, il y a 250L qui viennent de son alimentation, 150L qui viennent de ses besoins domestiques comme se laver, boire, etc. Et le reste, c'est-à-dire 100L d'eau, sont dus aux vêtements et à l'électricité aussi", explique Jean Burkard, directeur du plaidoyer du WWF France auprès de RMC. Des "quantités colossales, souvent prélevées dans des régions déjà exposées au stress hydrique" selon le rapport de la WWF.
Si l'alimentation pèse autant, c'est parce que l'agriculture est le secteur le plus gourmand en eau. Elle représente près de 58% de la consommation en eau douce en France, en moyenne entre 2010 et 2019, selon le Commissariat Général au Développement Durable.
Certaines cultures mobilisent à elles seules une part importante des ressources : le maïs représente 38% des surfaces irriguées, suivi du blé (12 %) et des légumes comme les fraises ou les melons (9 %). Le WWF cible particulièrement la production de viande, très consommatrice d'eau, non seulement pour abreuver les animaux, mais surtout pour cultiver leur alimentation, principalement à base de maïs.
Des conseils pour "moins et mieux consommer"
Face à la "pression croissante sur les ressources en eau", le WWF appelle à un changement en profondeur de nos habitudes de consommation, notamment notre rapport à la viande. L'ONG invite à en manger "moins et mieux" : moins, en réduisant notre dépendance aux protéines animales au profit d'alternatives végétales plus durables ; mieux, en optant pour de la viande issue de systèmes respectueux de l'environnement.
Un exemple frappant : un steak nourri aux céréales (comme le maïs) consomme dix fois plus d'eau qu'un steak biologique nourri à l'herbe. "En remplaçant les cultures les plus gourmandes en eau (comme le maïs) par des cultures plus sobres ou des prairies naturelles dans l'alimentation des animaux, on pourrait économiser jusqu'à 20 % de la consommation d'eau agricole, et plus de 10 % de la consommation d'eau totale du pays", affirme l'association qui recommande donc de remplacer les cultures de maïs par du sorgho ou du tournesol, d'après RMC. Selon WWF, le pâturage favorise "la bonne santé des prairies et des bocages, des alliées essentiels pour la préservation des zones humides, des rivières et plus globalement d'un paysage régénérant le cycle de l'eau", tout en limitant fortement "les besoins en cultures irriguées, comme le maïs, pour l'alimentation des animaux".
Mais les efforts ne s'arrêtent pas à l'assiette. Le WWF insiste aussi sur l'importance des "écogestes" du quotidien : repérer les fuites, raccourcir les douches, installer des équipements économes ou encore récupérer l'eau de pluie et la faire infilter à proximité de son habitation sont autant de "gestes simples, mais puissants, qui peuvent devenir des réflexes". L'organisation souligne également que la transition passe aussi par "l'action collective" : encourager sa commune à végétaliser l'espace public, restaurer les zones humides ou soutenir les agriculteurs qui s'engagent dans une agriculture plus sobre en eau sont autant de leviers pour construire un avenir plus résilient.