Shein bientôt interdit en France, l'idée est très sérieusement sur la table pour six raisons
Shein bientôt interdit en France ? Plus qu'une sanction pénale, le site chinois risque tout simplement de se voir interdire l'accès au marché tricolore. "On a dépassé les bornes. [...] Ces objets horribles sont illégaux", a réagi le ministre de l'Economie, Roland Lescure, qui a menacé d'interdire l'accès au site. "Si ces comportements sont répétés, nous serons en droit, et je le demanderai, d'interdire l'accès de la plate-forme Shein. [...] La loi est très claire : si on a des comportements répétés ou si les objets ne sont pas retirés, le gouvernement peut le demander", a prévenu le ministre sur le plateau de BFMTV.
Ici, le locataire de Bercy fait référence à la vente de poupées sexuelles à caractère pédopornographique sur le site Shein. Effectivement, dénoncé à de nombreuses reprises pour sa promotion d'une mode ultra-éphémère, le géant de l'e-commerce asiatique a été signalé au procureur de la République pour la commercialisation de poupées sexuelles enfantines, a annoncé le 1er novembre la Répression des fraudes. "Leur description et leur catégorisation sur le site permettent difficilement de douter du caractère pédopornographique des contenus", pointe la Répression des fraudes dans son communiqué. Les faits ont été signalés "immédiatement" au procureur de la République, ainsi qu'au régulateur de la communication audiovisuelle et numérique, l'Arcom.
Un "jouet de masturbation masculine"
En France, le gouvernement est effectivement en droit d'interdire l'accès à une plateforme de vente pour des "actes terroristes, pour le trafic de stupéfiants et pour des objets pédopornographiques". L'interdiction concernerait le site de e-commerce, mais toucherait-elle aussi la boutique physique que Shein doit ouvrir ce 5 novembre 2025 au BHV à Paris ? Vraisemblablement oui, mais le ministre n'a pas fait de précision à ce sujet. L'arrivée de la marque de fast-fashion chinoise au Bazar de l'Hôtel de Ville fait déjà polémique depuis plusieurs semaines.
Samedi dernier, Le Parisien publiait la photo de l'une de ces poupées sur son site. Il s'agit d'un objet de 80 cm avec un ours en peluche sur le bas-ventre. "Poupée sexuelle […] jouet de masturbation masculine avec corps érotique et vrai vagin et anus" en description, d'après le journal, au tarif de 186,94 euros. "Un signalement a été fait à la plateforme lui suggérant de mettre en place rapidement les mesures appropriées", dit Alice Vilcot-Dutarte, porte-parole de la DGCCRF, auprès du quotidien francilien. Il s'agit notamment du retrait des pages du site concernées et de la catégorie du produit.
Fausses promotions, opacité, poupées sexuelles...
Le dossier "Shein en France" est désormais entre les mains du parquet de Paris, selon une source au ministère de l'Economie, révèle l'AFP. La Répression des fraudes a signalé l'absence de "mesure de filtrage" empêchant "efficacement" l'accès pour les mineurs à des contenus commercialisant des poupées sexuelles d'apparence adulte. "Ces signalements portent sur un site et une marque Shein pour lesquels des pratiques commerciales trompeuses et des allégations mensongères ainsi que plusieurs non-conformités ont déjà été largement constatées et sanctionnées précédemment", précise le communiqué. Dans une réaction transmise à l'AFP, Shein assure qu'une "enquête interne" est en cours "sur la manière dont ces annonces ont pu contourner nos dispositifs de contrôle".
Pour rappel, en juin dernier et un an après l'Assemblée nationale, le Sénat a voté une proposition de loi contre l'essor de la "fast fashion", notamment Shein. Parmi les manquements relevés après une enquête coordonnée par la Commission européenne et menée par les autorités de contrôle de quatre Etats dont la France, figurent : de fausses promotions, des techniques de pression incitant à l'achat, des informations mensongères (concernant les droits des consommateurs, les modalités de remboursement et de retour, ou encore les caractéristiques environnementales des produits), et une opacité persistante sur certains points, comme les moyens de contacter la plateforme. Ce qui porte à six le total de raisons pour lesquelles Shein pourrait être interdit en France. La commercialisation de poupées à "caractère pédopornographique", comme indiqué par le ministre de l'économie, étant la sixième.
La proposition de loi, elle, prévoit plusieurs mesures pour réduire la pollution engendrée par la "fast fashion", comme la définition de la mode ultra express, la sensibilisation des consommateurs, l'interdiction de la publicité, l'instauration de taxe sur les petits colis ou encore la gestion des déchets.