Fabien Mandon : ce que "prépare" le chef d'état major et comment il voit le risque de guerre en Europe
Des mots qui ont interpellé. Mardi 18 novembre, devant le Congrès des maires de France, le chef d'état-major des Armées, le général Fabien Mandon, a assuré que la France devait se préparer à perdre des soldats dans de prochaines guerres. "On a tout le savoir, toute la force économique et démographique pour dissuader le régime de Moscou. Ce qu'il nous manque, et c'est là où vous avez un rôle majeur, c'est la force d'âme pour accepter de nous faire mal pour protéger ce que l'on est", a-t-il déclaré.
"Si notre pays flanche parce qu'il n'est pas prêt à accepter de perdre ses enfants, de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense, alors on est en risque. Il faut en parler dans vos communes", a-t-il ajouté en direction des élus. Des propos fermes qui ont choqué certains membres de la classe politique, peu importe la couleur.
"Je veux exprimer un désaccord total avec le discours du chef d'état-major des Armées. Ce n'est pas à lui d'aller inviter les maires ni qui que ce soit à des préparations guerrières décidées par personne", a fustigé le leader insoumis Jean-Luc Mélenchon. Même son de cloche au RN : "Le chef d'état-major n'a aucune légitimité pour affoler les Français avec des déclarations alarmistes qui ne correspondent en rien à la ligne officielle du pays. S'il dit ce que Macron pense, c'est grave. S'il dit ce que Macron ne pense pas, c'est grave. Il dépasse son rôle !", déplore le vice-président du parti à la flamme, Sébastien Chenu, sur X.
"C'est l'élément déterminant dans ce que je prépare"
Le 22 octobre dernier, devant les députés de la commission de la Défense, le chef d'état-major des Armées tenait déjà un discours offensif sur le rôle des forces françaises dans de potentiels futurs conflits en Europe. "Le premier objectif que j'ai donné aux armées, c'est de se tenir prêtes à un choc dans trois, quatre ans qui serait une forme de test - peut-être le test existe déjà sous des formes hybrides - mais peut-être (quelque chose de) plus violent", déclarait le plus haut gradé tricolore.
"La Russie est un pays qui peut être tenté de poursuivre la guerre sur notre continent et c'est l'élément déterminant dans ce que je prépare". Moscou a la "perception d'une Europe collectivement faible", selon le général, pourtant, "on a tout pour être sûrs de nous", assure-t-il. Selon les services secrets allemands dont Fabien Mandon partage la vision, la Russie serait prête à "entrer en conflit militaire direct avec l'Otan avant 2029. Un timing qui pourrait justifier les récentes déclarations et prises de position du chef d'état-major des Armées au sujet des soldats français.
Le 11 novembre, Fabien Mandon donnait une interview exclusive au journal Ouest France. "Le président de la République me demande de lui proposer des options pour, en permanence, garantir la protection des Français, de notre pays et de ses intérêts. J'ai partagé avec les représentants du peuple ce que j'observe, afin d'anticiper et prendre les bonnes décisions", expliquait-il. Attaque de la Géorgie, de la Crimée, de l'Ukraine... Autant d'indices qui selon lui, laissent à penser que Moscou envisage un conflit contre les pays de l'Otan. Et "nous devons nous y préparer", disait-il. Autrement dit, il reste fidèle à sa ligne.