Quel avenir pour les fonds en euros ?
Dans le contexte actuel de baisse des rendements des fonds en euros, les innovations issues de la loi Breton de juillet 2005 vont prendre une importance capitale pour les épargnants. C'est le cas des fonds diversifiés et des fonds internes. Ils affichent des perspectives de rendement avantageuses tout en conservant un cadre protecteur.
La saison de publication des taux de rendement des compagnies d'assurance-vie pour 2009 est maintenant terminée. Elle confirme les attentes : les rémunérations ont baissé de plusieurs dizaines de points de base par rapport à l'année précédente, jusqu'à 1 % dans certains cas par rapport à 2008 ! Ce repli n'est certainement pas terminé. Si le contexte macroéconomique maintient un environnement déflationniste (baisse des prix), il n'y aura pas de problème : les taux resteront à des niveaux bas, laissant aux fonds en euros toute leur compétitivité vis-à-vis des autres véhicules de placement non risqués. Si, hypothèse plus probable, les pressions inflationnistes (hausse des prix) se multiplient, voire si simplement la défiance vis-à-vis de certains emprunteurs s'aggrave, comme on le voit aujourd'hui pour les dettes des Etats, les taux d'intérêt à long terme remonteront mécaniquement. Ils généreront des moins-values sur les portefeuilles d'obligations des fonds en euros, dont ils grèveront encore plus le rendement servi aux épargnants. Une situation d'autant plus alarmante que les stocks de plus-values latentes patiemment accumulées au cours des années fastes ont fondu, et que de nombreux assureurs ont puisé dans leurs provisions pour participation aux excédents (PPE) pour compenser la chute des marchés et ne pas pénaliser excessivement les taux servis.
Un autre problème d'ordre règlementaire vient aggraver ces perspectives. Destinée à mieux adapter les fonds propres exigés des compagnies d'assurances avec les risques réellement encourus (ou supposés tels), la nouvelle norme européenne Solvabilité II pèsera à compter du 31 décembre 2012 sur l'exposition en actions et en immobilier au bénéfice des seuls supports obligataires. Conclusion : le rendement des fonds en euros poursuivra son repli et se contentera de suivre les taux obligataires, minorés des frais prélevés par la compagnie. Pas de quoi se réjouir, donc.
C'est ainsi que de nouveaux entrants sur le marché, en proposant de nouveaux fonds euro, ont pu profiter de taux de rendements très élevés, tant sur des emprunts corporate, que sur de l'immobilier décoté (marché secondaire de certaines SCPI à capital fixe). Même si ces aberrations de marché se sont aujourd'hui réduites, la petite taille de ces nouveaux fonds euro leur permettra :
- d'une part, de saisir de nouvelles opportunités de placement dont l'impact sera visible sur leur rendement,
- et, d'autre part, d'être beaucoup plus profitables en cas de hausse des taux. En effet, leurs taux de rendement historiques plus élevés draineront vers eux des versements de plus en plus importants, ce qui leur permettra de suivre d'autant plus facilement cette hausse et d'en faire profiter leurs assurés.
Mais au-delà de ces solutions traditionnelles, qui opposent d'un côté des fonds euro dont la rentabilité se rapprochera de celle des marchés obligataires, et des unités de compte où l'assuré assume seul les risques des marchés financiers, de nouvelles solutions existent, introduites par la loi Breton du 26 juillet 2005. En effet, avec l'objectif de mieux partager les risques entre l'assureur et l'assuré, de replacer l'assureur au coeur de la gestion financière, et au final, d'obtenir une meilleure espérance de rendement, cette loi a créé une nouvelle génération de produits dont les épargnants, faute d'une offre suffisante sur le marché, n'ont pas encore pris la pleine mesure.
Commençons par les fonds diversifiés, pendants des fonds en euros, comportant une composante garantie (au terme du contrat) et une autre non garantie. Si l'engagement final y est certain au même titre qu'un contrat en euros classique, les contraintes de cheminement pour y parvenir sont grandement assouplies. Pour les assurés, ces produits permettent d'augmenter la rentabilité finale tout en bénéficiant d'une garantie exprimée en euro. Les assureurs, eux, y gagnent une diminution de leur risque, et peuvent élargir la palette de leurs investissements au profit de la rentabilité servie à leurs clients. Après une année 2008 difficile, ces fonds ont offert une performance très satisfaisante en 2009, mais en mettant en évidence leur forte volatilité, sans doute trop importante pour des clients cherchant une meilleure visibilité sur les perspectives de leur investissement.
Autre innovation, les fonds internes, quasi OPCVM régis par le code des assurances, gérés par l'assureur et éligibles en tant qu'unités de compte. Il est aujourd'hui possible, à travers des systèmes de gestion originaux, d'offrir des performances certes non garanties, mais régulières, et avec l'objectif de battre en moyenne les fonds euro classiques sur une période glissante de 3 à 5 ans. l'objectif est de proposer à moyen terme 1 à 2% de rentabilité supplémentaire par rapport à un fonds euro, en limitant au maximum le risque d'une performance négative sur douze mois glissants.
Issues d'une loi promulguée en juillet 2005, ces innovations ne sont certes pas si récentes. En pénalisant le rendement espéré des fonds en euros, le contexte financier et règlementaire actuel va toutefois en accroître l'intérêt relatif comme jamais, suscitant un essor concomitant de la demande et de l'offre. Les changements à en attendre ne sont pas anodins. En créant une véritable rupture dans les offres du marché, ces nouveaux supports d'investissement vont radicalement modifier les comportements, jusqu'à l'appréhension même de l'assurance vie par les épargnants. A eux, désormais, de savoir en profiter.