Pénurie de carburant : quand les stations seront-elles livrées en essence ?

Pénurie de carburant : quand les stations seront-elles livrées en essence ? La pénurie d'essence, alimentée depuis une semaine par la grève dans les raffineries et par l'affluence des automobilistes inquiets aux pompes, pose la question des livraisons dans les stations. Et la visibilité sur les réapprovisionnements reste faible...

"Nous devrions être livrés demain dans la journée !" Si vous faites partie des automobilistes qui ont préféré contacter une station service avant d'aller faire le plein ce lundi 10 octobre 2022, vous avez certainement été confronté à ce type de réponse aussi expéditive qu'imprécise. Après deux semaines de grève dans les raffineries, en particulier chez TotalEnergies, la pénurie d'essence s'est sérieusement aggravée en France ce week-end et ce lundi, de nombreuses stations se sont trouvées à sec très tôt dans la journée. Et difficile de savoir à quelle heure la station la plus proche sera livrée, les gérants des stations eux mêmes naviguant dans le flou le plus complet.

Si d'ordinaire les livraisons se déroulent selon un planning bien rôdé, le mouvement de grève dans les dépôts a considérablement enrayé la machine en amont. Les camions qui peuvent avoir accès aux stocks pour livrer le carburant aux stations peuvent passer aujourd'hui de longues heures à attendre avant de pouvoir entamer leur tournée. Les temps de livraison sont aussi complètement perturbés, les groupes pétroliers tentant de répartir les volumes de carburant entre les stations. Il n'est pas rare pour un gérant de station service de voir sa livraison du jour annulée et reportée au lendemain, ce qui rend l'information particulièrement nébuleuse pour le consommateur.

Les livraisons des stocks stratégiques incertaines

Pour tenter de fluidifier les livraisons et de limiter les pénuries, un arrêté ministériel publié au Journal Officiel ce samedi matin autorise les transports de carburant le week-end. Le gouvernement a aussi libéré des stocks stratégiques de carburants, comme l'a indiqué Elisabeth Borne en marge d'un déplacement en Algérie ce dimanche. Ces stocks, qui doivent permettre au pays de disposer en théorie de plus de 90 jours d'importations nettes de pétrole en permanence, n'avaient pas encore été massivement déployés ce lundi. Mais attention : seule une partie (entre 50 et 60%) est constituée de produits raffinés, le reste étant un stock de pétrole brut qui ne peut pas encore être mis dans les véhicules.

Dernières incertitude sur l'efficacité des stocks stratégiques dans ce genre de crise : les livraisons pourraient être très aléatoires selon les régions. La Tribune fait savoir que les régions Normandie et Provence-Alpes-Côte d'Azur auraient à elles deux près de la moitié (48%) des capacités de stockage nationales. Les Hauts-de-France, particulièrement touchées par la pénurie, ne disposeraient en revanche que de 18% de ces capacités et l'Ile-de-France, elle aussi dans le rouge, de seulement 8,6%, quand la région Auvergne-Rhône-Alpes finit bonne dernière à un peu plus de 6%.

Les cartes pour savoir où trouver du carburant

La pénurie de carburant frappe désormais toutes les régions, même si les Hauts-de-France et l'Ile-de-France semblent les plus exposées aux tensions. Selon le point de situation diffusé par le ministère de la Transition énergétique ce lundi matin, on comptait 30% des stations en pénurie d'au moins un carburant. Elles étaient 29,7% ce dimanche, 21% samedi et 15% mercredi selon le porte-parole du gouvernement Olivier Véran. 54,8% des stations seraient concernées dans les Hauts-de-France et 44,9% en Ile-de-France. Voici notre article compilant les cartes pour vous aider à trouver du carburant :

Signe que la pénurie de carburant devient un sujet majeur en France, la Première ministre comme le président de la République se sont emparés du sujet pour tenter de débloquer la situation. Ce lundi matin, Elisabeth Borne a invité sur RTL les acteurs du conflit social chez TotalEnergies "à se mettre autour de la table". La patronne du gouvernement dit attendre "de la responsabilité des syndicats et de la direction" des raffineries "pour que nous puissions trouver un accord et ne pas pénaliser les Français". Dimanche, elle promettait que la situation allait "s'améliorer tout au long de la semaine", notamment grâce aux stocks stratégiques mobilisés. En marge d'un déplacement en Mayenne ce lundi, Emmanuel Macron a pour sa part déclaré que le blocage des dépôts de carburant n'était "pas une façon de négocier" et a appelé à une conclusion rapide des négociations chez TotalEnergies. Négociations qui n'avaient toujours pas débuté en début d'après-midi...