À Cannes, le dernier film de Wes Anderson nous a donné un gros mal de tête
On ne présente plus Wes Anderson : cinéaste reconnu par la critique et le public, son style unique est reconnaissable entre mille. Dans son CV, on liste The Grand Budapest Hotel, Fantastic Mr Fox, Moonrise Kingdom ou La famille Tenenbaum. Son style visuel symétrique aux couleurs marquées a même créé une tendance sur Instagram il y a quelques années, tandis que son art de la production design a donné lieu à une exposition à la Cinémathèque française.
Mais la patte Wes Anderson ne se résume pas à ça et ne peut pas être imitée si facilement, puisque le cinéaste explore dans ses films, entre autres, la solitude de ses personnages aliénés ou perdus dans le monde absurde dans lequel ils évoluent. Toutes ces raisons font que Wes Anderson a régulièrement les honneurs de la sélection au Festival de Cannes. Ce dimanche 18 mai, on a pu découvrir son dernier film, The Phoenician Scheme, en compétition pour la Palme d'or.

Disons le tout de suite, nous sommes des adeptes du style de Wes Anderson, et The Phoenician Scheme ne surprendra personne. Cette comédie d'espionnage suit un magnat des affaires qui monte un schéma financier complexe et en profite pour renouer avec sa fille et son sens moral. Grâce au soin apporté aux décors, aux costumes, à la photographie, on en prend plein les yeux, on s'amuse beaucoup et certains plans restent imprimés dans les rétines. Le réalisateur texan fait preuve de beaucoup de créativité et n'a pas perdu son humour, loin de là.
Au casting, Benicio del Toro et Mia Threapleton portent le film, avec une mention spéciale à Michael Cera qui vole la vedette aux nombreux habitués du réalisateur qui font une apparition furtive (Scarlett Johansson, Bill Murray, Tom Hanks, Mathieu Amalric, Jeffrey Wright, Benedict Cumberbatch, Bryan Cranston...).
Là où le bas blesse, c'est le scénario. Thématiquement, The Phoenician Scheme est un film qui tacle l'absurdité d'un monde amoral régi par l'appât du gain, dont on peut être sauvé par l'amour, familial en l'occurrence. Mais si l'on s'attache aux détails du scénario, la confusion règne. L'intrigue d'espionnage est aussi incompréhensible que les machinations financières qu'il dénonce. Résultat : on sort avec un gros mal de tête à la sortie, et l'incapacité évidente de résumer les rouages du "schéma phénicien" (ou financier) que l'on vient de suivre pendant 1h40. Comme pour d'autres films de cette sélection cannoise, davantage de simplicité n'aurait peut-être pas fait défaut.