Gérard Jugnot et Daniel Auteuil "Et dire que sans "Entre Amis", on aurait pu ne jamais se retrouver !"

Philippe Le Carbonnier

Gérard Jugnot et Daniel Auteuil nous parlent de leur nouvelle comédie, "Entre Amis", qui sort en salles le 22 avril 2015. Rencontre avec deux vieux loups de mer du cinéma français, qui n'avaient pas tourné ensemble depuis 30 ans.

Entre Amis, c'est l'histoire d'une bande de potes sexagénaires qui partent en croisière sur un voilier. Richard (Daniel Auteuil), riche séducteur, s'est occupé de tout : il a loué le bateau et invité sa nouvelle épouse, ainsi que deux amis de longue date, Gilles (Gérard Jugnot) et Philippe (François Berléand), accompagnés de leurs femmes. Au début, le soleil brille et la croisière s'amuse. Mais très vite, les différends menacent et la tempête aussi. Gérard Jugnot et Daniel Auteuil nous dévoilent avec complicité les coulisses du tournage.

Le projet "Entre Amis"

"Le projet "Entre Amis", interview Gérard Jugnot et Daniel Auteuil"

Linternaute.com : Qu’est-ce qui vous a embarqué sur ce projet ?
Daniel Auteuil : L’histoire, l’humour du metteur en scène. J’aime bien les films d’Olivier Baroux. Le fait de retrouver des camarades avec qui j’avais déjà travaillé. Le fait que ce soit un film collectif. Et aussi le fait que cette comédie amenait une variation sur les sentiments humains qui nourrissaient la comédie. J’ai trouvé que c’était un film à la fois complet et différent des comédies qu’on voit. Il y avait une ambition, avec cette histoire de tempête avec les effets spéciaux. Ça m’a plu.

Le film est un huis clos, dont l’action se déroule intégralement sur un voilier. Cela a-t-il rendu le tournage difficile ?
Gérard Jugnot : Oui, ça a été difficile. Et c’est là où il faut féliciter Olivier [Baroux, le réalisateur] car il a vraiment maîtrisé le truc. Pour nous, c’était génial, on avait l’impression d’être sur une attraction de Disneyland. Bon, au bout de huit jours, on était un peu rincés. Olivier devait imaginer comment tout ça allait se faire avec les effets spéciaux. C’était compliqué. Mais moi, c’est ça que j’aime, car on avait l’impression de faire du cinéma. On a tourné dans de vrais studios, on avait de vraies loges. Il y avait de la vraie eau, il y avait des effets spéciaux, c’était formidable. C’était le plaisir du sujet, des acteurs, le film choral, et puis surtout ce mélange entre comédie, humanité, empathie et puis la nostalgie, avec ces personnages qui atteignent la soixantaine et qui se disent que tout ça ne va pas durer éternellement, mais qu’il faut peut-être un peu s’aimer vivant.

Un tournage physique

"Un tournage physique, interview Gérard Jugnot et Daniel Auteuil"

Qu’est-ce que ça fait de se faire asperger pendant des semaines par des litres d’eau ?
Gérard Jugnot : Des tonnes d’eau. Ben, c’est propre. On est propre. C’était assez éprouvant, mais je pense que c’était la seule solution pour faire ça. On aurait pu le faire sur un bassin à Malte, mais ils ont choisi d’être en studio. Ça a été un gros travail d’organisation et de décoration. Je dois dire qu’on a été assez épatés.
Daniel Auteuil : Ça se passe comment sur un bassin ?
Gérard Jugnot : J’ai tourné plusieurs fois à Malte. C’est une piscine à débordement, il y a des fausses vagues, sauf qu’on est dehors. Quand il fait beau, ça va. Quand il fait froid, tu cailles. Mais c’est marrant. J’avais tourné avec de Broca [Philippe, réalisateur], c’est formidable. Nous, quand on est acteur, on est dans le truc. C’est comme un film de guerre : vous y êtes, vous jouez à la guerre. Dans la tempête, on ne pouvait pas tricher car il fallait se tenir, sinon on giclait. On était accrochés, on en prenait plein la tronche, et c’est facile de jouer la situation.

Avez-vous une anecdote de tournage à raconter ?
Daniel Auteuil
 : Ah là, oui ! D’abord, une première si vous voulez. Après avoir passé des semaines en studio où l’eau était très froide, on s’est dit en arrivant à Marseille qu’on allait être bien, car l’été commence. Et bien non. Le mistral s’est mis à souffler et l’anecdote à raconter… (Rires)
Gérard Jugnot : C’est qu’on s’est gelé les couilles !
Daniel Auteuil : Voilà.
Gérard Jugnot : On s’est profondément gelé les couilles. Je trouve ça très gênant de la part de la ville de Marseille de ne pas avoir chauffé la mer, sachant qu’on arrivait pour tourner. Mais bon, c’est la crise. J’ai eu des petits boutons et j’ai perdu deux ongles à cause de l’eau.

Comédie et collaboration

"La comédie, interview Gérard Jugnot et Daniel Auteuil"

Vous n’avez pas tourné ensemble depuis plus de trente ans et Pour cent briques, t’as plus rien, qui était également une comédie…
Gérard Jugnot : C’est bien regrettable qu’on ait attendu trente ans.
Daniel Auteuil : Vous vous rendez compte, on aurait pu ne jamais se retrouver. Trente ans, c’est improbable. On s’est quitté le dernier jour de tournage, puis on est parti en Inde pour présenter le film. On nous aurait dit à ce moment-là : "rendez-vous dans trente ans", on ne l’aurait jamais cru.
Gérard Jugnot : À la place des Grands Hommes.
Daniel Auteuil : Trente ans, tu imagines trente ans ?
Gérard Jugnot : Le temps qui passe, c’est effrayant. J’ai rencontré Christian [Clavier] en cinquième. Ça fait un petit moment. Moi je suis plutôt content d’être là, d’être encore à peu près en forme. Lui aussi et c’est génial. C’est un métier qui permet ça. Souvent, 30 ans c’est une carrière, il y en a qui sont à la retraite (Rires).

Vous avez tourné beaucoup de comédies dans vos carrières. Vous nous réservez quoi pour la suite ?
Daniel Auteuil : Une comédie. Une comédie, encore, qui s’appelle euh…
Gérard Jugnot : Alzheimer.
Daniel Auteuil : (Rires) Les naufragés ! Nous partirons tourner en Thaïlande avec Laurent Stocker.
Gérard Jugnot : Moi je vais faire un truc qui n’est pas une comédie, c’est pour la télé. Je suis un avocat et je suis très heureux d’y aller. Ce n’est pas du tout une comédie. Ça me fait beaucoup plaisir de changer.

Questions courtes

"Questions courtes, interview Gérard Jugnot et Daniel Auteuil"

Delon ou Belmondo ?
Daniel Auteuil : C’est difficile. Les deux, passionnément, les deux.
Gérard Jugnot : Oui, ils sont très différents, très complémentaires. Ils ont fait des films supers.
Daniel Auteuil : Ils nous ont fait rêver.

Spielberg ou Tarantino ?
Daniel Auteuil : Spielberg, parce que je le connais. On est potes. (Rires)
Gérard Jugnot : Spielberg a fait plus de films que Tarantino. Et puis Tarantino en a fait un ou deux très bons, et d’autres pas très bons. Spielberg est un grand monstre du cinéma, il a fait des trucs extraordinaires. Il a pourri la vie des requins. Et E.T., c’est un film génial.

Les Bronzés ou Les Sous-Doués ?
Gérard Jugnot : Bronzés.
Daniel Auteuil : Sous-Doués.

Si vous aviez la possibilité de tourner avec le réalisateur de votre choix, ce serait qui ?
Daniel Auteuil : Gérard.
Gérard Jugnot : Daniel Auteuil.

Quel est le dernier film que vous avez vu au cinéma ?
Daniel Auteuil : C’était il y a pas longtemps, Birdman.
Gérard Jugnot : Le film de Jean-Paul Rouve, que j’ai trouvé très intéressant, Les Souvenirs. Un film avec Blanc [Michel] et Annie Cordy. Je trouve que Jean-Paul est en train de devenir un super metteur en scène.

Vous arrive-t-il de regarder vos propres films ?
Gérard Jugnot : Avant qu’ils sortent, oui, pendant les projections privées ou publiques, pour voir si ce qu’on a fait fonctionne. Après, non.
Daniel Auteuil : Non. Ça passe à télé, mais je zappe.

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