"On est impatients de la discussion que va provoquer Encanto", interview des réalisateurs
Préparez-vous à découvrir les fantastiques Madrigal ! Encanto, le dernier film d'animation des studios Disney, raconte le quotidien de cette famille colombienne dont chaque membre est dotée d'extraordinaires pouvoirs magiques... à l'exception de Mirabel, qui doit trouver sa place au milieu des autres Madrigal. Ce dessin animé, en salles le 24 novembre 2021, décortique la complexité des rapports familiaux comme jamais un film Disney n'aura osé le faire jusqu'à présent, tout en proposant un spectacle visuel ébouriffant.
Sans surprise, ce sont des pontes du studio de Mickey qui sont aux manettes d'Encanto. Le film d'animation est réalisé et écrit par Byron Howard (Zootopie) et Jared Bush (Vaiana, Zootopie). Charise Castro Smith, qui a travaillé sur des projets tels The Haunting of Hill House (productrice) ou Raya et le dernier dragon, complète l'équipe en tant que co-réalisatrice. Tous trois ont accepté de répondre à nos questions sur les coulisses du dernier film Disney. Retrouvez leur interview ci-dessous.
Comment l'idée de l'intrigue d'Encanto vous est venue, et comment en êtes-vous venu à écrire le personnage de Mirabel ?
Jared Bush : Byron [Howard] et moi finissions Zootopie, on savait alors qu'on voulait faire un film d'animation musical ensemble. Je venais tout juste de finir d'écrire Vaiana avec Lin-Manuel Miranda [Hamilton, Le retour de Mary Poppins...] et il nous a confié qu'il voulait faire un film d'animation latino-américain chanté. On a commencé à chercher ce que nous avions en commun : une famille nombreuse, étendue, compliquée, parfois difficile mais aussi merveilleuse. Plus on en discutait, plus on se rendait compte qu'on ne connaissait pas tant que ça les membres de notre famille, alors qu'on était persuadés du contraire. Cette idée qu'on ne se connaissait peut-être pas tant que ça dans nos familles respectives nous a poussés à raconter cette histoire, qui traite des différences de perception. Une fois qu'on avait Charise Castro Smith qui nous a rejoint, on a été capable de combiner ces thématiques avec la tradition du réalisme magique qu'elle a trouvé en Colombie. ça nous a permis de raconter une histoire à la fois épique et intime.
Quelles ont été vos influences et inspirations culturelles ?
Charise Castro Smith : On a été très inspirés par la Colombie et cette tradition du réalisme magique. Mais on a aussi été guidé par la complexité du rapport familial. Le problème central de cette histoire est un traumatisme qui s'est déroulé il y a très longtemps mais qui impacte toujours la vie de chacun des personnages, cinquante ans plus tard. C'était l'une des influences qui nous a véritablement inspirées : mettre en scène sans retenue toute la complexité et la beauté des rapports familiaux, puis de mixer tout ça et de le porter sur grand écran.

Quel a été la plus grosse difficulté rencontrée sur ce film ? Ou peut-être la scène la plus difficile à créer ?
Charise Castro Smith : On a fait ce film durant la pandémie liée au coronavirus. Notre équipe de production a donc travaillé entièrement de chez elle. Normalement, on est tous ensemble dans un même bâtiment, là, tout c'est fait dans 800 maisons différentes (rires). Nos producteurs ont beaucoup de mérite d'avoir réussi à nous faire avancer et de nous avoir aidé à créer dans ces circonstances très particulières.
La scène qui a le plus évolué au cours du temps a certainement été celle où Mirabel chante sa chanson, "Waiting on a miracle". On a dû d'abord réaliser l'ensemble du film pour découvrir quel serait son voyage émotionnel, pour ensuite revenir en arrière et vraiment définir le ton et le contenu de cette chanson, parce que c'est un moment charnière du film. Lin-Manuel Miranda a beaucoup de mérite, encore une fois, car il a vraiment fabriqué un morceau unique par rapport aux autres chansons d'héroïnes Disney. Elle est sincère, elle vient du fond du cœur. C'est une scène qui a beaucoup changé au cours de la création du film, mais ça valait le coup.
Quelle est votre chanson préférée d'Encanto et pourquoi ?
Byron Howard : Oh mon dieu... Peut-être "We don't talk about Bruno". Lorsqu'on l'a entendue pour la première fois, elle était tellement entraînante… Elle est restée dans ma tête durant deux ans et je ne suis toujours pas fatigué de l'entendre !
En montrant la complexité des rapports familiaux, le film semble presque s'adresser uniquement aux adultes qui peuvent se reconnaître dans ces relations... Quel est le message que vous avez voulu faire passer à votre public, et en particulier aux plus jeunes ?
Byron Howard : La manière dont on perçoit sa famille et comment elle nous perçoit, c'est une question difficile à poser à n'importe qui, que ce soit à un adulte ou à un enfant. Parfois, peu importe votre âge, vous n'avez pas forcément plus d'idées sur le sujet (rires). Ce que j'adore avec Encanto, c'est que tous ces personnages ont plusieurs couches qui les rendent complexes : une résilience, des expériences tragiques ou plus joyeuses dont ils ne parlent pas forcément tout le temps, peut-être parce qu'on ne leur demande pas ou parce que ce n'est pas agréable pour eux... Je pense qu'il y a une richesse dans les rapports familiaux qu'on n'apprécie pas forcément, à moins de la chercher.

C'est pour ça qu'on est très chanceux que ce film sorte durant la période des fêtes, parce que c'est le plus familial des films familiaux Disney. Des familles vont se réunir, regarder ce film… On est très impatients de découvrir la discussion qui peut découler de Encanto : "quel Madrigal es-tu dans la famille ? Es-tu le roc de la famille, celui qui met le désordre, celui qui raconte les potins ?" C'est une idée qui m'amuse beaucoup. Rien que de l'idée de réunir des familles, qu'ils discutent du film, c'est très excitant, et ça peut se faire avec des adultes comme avec des enfants.