Baisers volés, scènes charnelles et castings dénudés... Un réalisateur accusé par plusieurs actrices

Baisers volés, scènes charnelles et castings dénudés... Un réalisateur accusé par plusieurs actrices Plusieurs fois nommé aux César, le réalisateur Philippe Lioret fait l'objet d'une longue enquête de France info, dans laquelle plusieurs actrices dénoncent un comportement déplacé.

Il est connu et reconnu pour ses succès critiques tels que "Je vais bien, ne t'en fais pas" en 2006 et "Welcome" en 2009. Il est aujourd'hui au cœur d'une polémique. Une enquête menée par Franceinfo révèle que dix actrices accusent le réalisateur Philippe Lioret de comportements inappropriés entre 1990 et 2010, allant de baisers forcés à des scènes érotiques simulées, en passant par des demandes de "montrer ses seins" lors de castings. Des révélations qui, de nouveau, plongent le monde du cinéma français dans une forme de sidération, en pleine prise de conscience des violences sexistes et sexuelles subies par les actrices, dans le sillage du mouvement #MeToo.

Les témoignages publiés sur le site de Franceinfo ce mardi dressent un tableau inquiétant des méthodes de casting du réalisateur, accusé d'abuser de son pouvoir pour placer les actrices dans des situations gênantes ou humiliantes. Hélène Seuzaret, Élodie Frenck, et Émilie Deville font partie, en plus de témoignages anonymes, des comédiennes qui ont partagé leurs expériences troublantes avec Lioret, évoquant des scènes de travail inappropriées et des tentatives de baisers volés.

Une scène "intimes, charnelle", rejouée plusieurs fois

Un des récits les plus alarmants vient d'Élodie Frenck, connue notamment du grand public pour son interprétation du personnage de Marlène Leroy dans la série Les Petits Meurtres d'Agatha Christie à la télévision. Celle-ci décrit notamment une séance de travail pendant laquelle Lioret l'aurait forcée à rejouer plusieurs fois une scène intime, augmentant son malaise à chaque prise et la laissant se sentir comme une "petite souris au fond de la boîte", selon ses termes. Hélène Seuzaret, vue quant à elle dans de nombreux téléfilms, mais aussi dans Les Infidèles en 2012 ou Goliath plus récemment, raconte pour sa part une tentative de baiser non consenti à l'issue d'une séance de travail. "C'est comme un abus de pouvoir : il se permet, parce que je suis en attente de ce rôle, de me voler un baiser", décrit-elle.

Ces accusations ne se limitent pas à des comportements déplacés mais s'étendent également à des demandes de nudité non justifiées lors des castings. Plusieurs actrices, dont les noms ont été modifiés ou non divulgués, rapportent que Lioret leur aurait demandé de montrer leurs seins sous prétexte de nécessité artistique. Une pratique confirmée par une assistante du casting qui indique que le réalisateur en faisait "une question cruciale".

Face à ces accusations, Philippe Lioret, par l'intermédiaire de son avocate, nie toute tentative d'abus et se défend d'avoir jamais eu l'intention d'abuser de qui que ce soit. Il affirme que son implication personnelle dans les castings vise à extraire le meilleur des acteurs et actrices, sans intention malveillante. Le réalisateur de 68 ans avait jusqu'ici marqué le cinéma français avec trois nominations aux César 2007 pour "Je vais bien, ne t'en fais pas" et dix autres en 2010 pour "Welcome". Pour le premier, qui avait enregistré plus d'un million d'entrées en salles, Kad Merad avait remporté le César du meilleur acteur dans un second rôle et Mélanie Laurent, celui du meilleur jeune espoir féminin.