Les probiotiques ne sont pas bons que pour la flore intestinale, ils ont aussi un effet étonnant sur la santé mentale
Notre intestin est notre deuxième cerveau. Depuis plusieurs années, de plus en plus d'études scientifiques confirment et précisent ce lien entre le système digestif et le cerveau. C'est plus précisément le microbiote intestinal, l'ensemble des bactéries - bonnes ou mauvaises - qui vivent dans l'intestin qui jouerait un rôle majeur sur la santé cérébrale. Les probiotiques, des bactéries qui favorisent le bon équilibre de la flore notamment intestinale, suscitent ainsi un intérêt grandissant. Ils pourraient également avoir un effet sur la santé mentale.
Des chercheuses de l'Université d'Oxford (Angleterre) et de Leiden (Pays-Bas) ont justement étudié ce lien, qui n'était jusqu'alors peu connu. "Si les études animales ont déjà révélé des effets prometteurs des probiotiques sur le cerveau et le comportement, les études humaines ont donné des résultats contradictoires", même si certaines ont prouvé des bienfaits sur les symptômes de la dépression ou de l'anxiété, expliquent-elles dans un communiqué.
Leur étude a été menée sur des jeunes adultes en bonne santé dont la moitié a pris un probiotique tous les jours pendant un mois, et l'autre moitié un placebo. Pendant cette période, les participants devaient dire chaque jour comment ils se sentaient. Les chercheuses ont ainsi observé "les effets bénéfiques des probiotiques sur l'humeur", a noté dans le communiqué Laura Steenbergen, une des autrices de l'étude. Celle-ci "montre clairement que les probiotiques peuvent réduire les sentiments négatifs par rapport à un placebo", rapportent-elles.

Cet effet sur les sentiments négatifs a été observé à partir de 2 semaines de traitement, soit environ le même temps qu'avec un antidépresseur. Mais la différence est que les antidépresseurs "ont tendance à réduire à la fois l'humeur négative et l'humeur positive", précisent les chercheuses. Les probiotiques auraient ainsi "un avantage notable" sur les antidépresseurs, même s'ils "ne doivent pas être considérés comme un substitut".
Les probiotiques pourraient donc représenter un espoir "compte tenu de l'augmentation des niveaux de dépression et de la prévalence de la dépression résistante au traitement", estiment les autrices de l'étude. Selon Laura Steenbergen, les probiotiques pourraient "à l'avenir être utilisés en tant qu'intervention précoce pour réduire les risques que des sentiments négatifs évoluent vers des troubles mentaux tels que la dépression, bien que des recherches supplémentaires soient nécessaires pour le confirmer". En attendant, il est intéressant pour la santé d'intégrer des aliments riches en probiotiques, comme certains yaourts et fromages, ainsi que le kombucha, le kéfir ou encore le tempeh.